Le château était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie...

"Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force, plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je l’étais, de passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe. Selon toute apparence, il avait été temporairement et tout récemment abandonné. Nous nous installâmes dans une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées. Elle était située dans une tour écartée du bâtiment. Sa décoration était riche, mais antique et délabrée. Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux trophées héraldiques de toute forme, ainsi que d’une quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes..."
C'est ainsi que Edgar Alan Poe décrit un château abandonné au début de la nouvelle intitulée Le portrait ovale...
Le château ! C'est le lieu des récits de notre enfance, des livres d'histoire, des contes de fées...
Lieu par excellence du fantastique, lieu de mystères, lieu chargé de passé, d'histoire, le château fascine : les tours hautaines, avec leurs meurtrières ténues, étroites, impressionnent.
La grandeur des lieux, la hauteur des murailles suscitent, à la fois, admiration, fascination et frayeur...
A l'intérieur, on admire des cheminées imposantes, des décors somptueux, des meubles massifs et lourds, de grands miroirs qui reflètent la lumière...
Le château évoque le luxe, l'abondance : on est ébloui par des tapisseries d'un autre temps, des salles immenses où l'on se perd, des portraits de personnages illustres qui ornent les murs de pierre.
Le château évoque aussi les culs de basse fosse, des endroits secrets, cachés, obscurs, où étaient enfermés des rebelles hors la loi, souvent de pauvres gens.
Le château fait surgir des images de fantômes, des apparitions mystérieuses, inquiétantes... On songe à tant de récits fantastiques, le portrait ovale de E A Poe, Le chevalier double de Théophile Gautier, tant de récits troublants, envoûtants qui nous emmènent au bord du rêve...
Le mot lui-même est ancien : issu du latin "castellum", qui désignait le "fortin", ce nom lui-même n'est-il pas étonnant, malgré son air familier ?
Avec son accent circonflexe, venu de la consonne "s" disparue, le château revêt une dimension encore plus étrange et mystérieuse.
La chuintante initiale, la dentale "t" forment un ensemble à la fois doux et éclatant... Les deux sons voyelles "a" et "o" semblent suggérer toute l'admiration que suscitent ces lieux.
Le château n'est-il pas plein de charmes ? Les créneaux, les tours, les tourelles, les ponts levis, les échauguettes, tous ces mots ne sont-ils pas, en eux mêmes, empreints de mystères ?
C'est comme si l'accent de ce mot l'auréolait, aussi, d'étrangetés, cet accent nous fait voir le sommet des tourelles, des vertiges de hauteurs !
Le château peut être parfois château de sable, et il fait encore rêver à un monde de lumières, aux vacances, au bord de la mer, à des châteaux éphémères que les vagues dispersent....
Le château représente aussi un monde d'illusion, quand on se met à "faire des châteaux en Espagne"....
"Qui ne fait châteaux en Espagne ?", écrivait La Fontaine, qui ne rêve pas d'un avenir meilleur et plus souriant ?
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Photos : Pixabay
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