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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Le cheitan de l’halogène, dernier Refn

Le cheitan de l’halogène, dernier Refn

  Des pieds dans l’eau, des russes qui boivent trop, des anglais qui se font la malle et des Payet plein les yeux, relâchons nos ardeurs, calmons les différends, parlons un peu de ce qui peut nous réunir dans les salles obscures, le bon vieux cinoche et ses sorties hebdomadaires qui sert à nous distraire des thuriféraires de la réforme à tout va. Coup d’oeil au résumé : une jeune fille débarque à Los Angeles, son rêve est de devenir mannequin, constitue le linéaire de The Neon Demon de Winding Refn, dernier petit pain tout chaud de nos boulangers de chez Cannes. Très peu habitué des films de podiums quand ils ne parlent pas de Claude Francois, le costard est de mise, on se met sur son 31, voire son 49-3 si l’on préfère. Critique. 

  Pour ceux qui connaissent le faiseur de film, Refn n’en est pas à son galop d’essai et sa contribution dans l’art de conter des histoires est tout à fait appréciable : Drive, Ryan Gosling en Uber un poil sur la défensive, Bronson, ouvrez la cage aux oiseaux, Only God Forgives, film dédicace à Paul Bismuth, ou enfin Le guerrier silencieux, vikings overdosés de potion magique. 

  Cette fois-ci, n’en déplaisent aux amateurs de testostérone contemplative à laquelle Refn (à vos souhaits) nous avait habitué, l’identification réalisateur-personnage principal trouve son incarnation dans la peau candide d’une adolescente de 16 ans (Elle Fanning) dont l’histoire nous la décrit comme une beauté (sur)naturelle venue perdre ses plumes du fin fond états-uniens pour les griffes du mannequinat de Los Angeles. Le petit chaperon rouge 2.0 voit le loup et se fait dévorer comme le veut la bonne vieille tradition. Tous les ingrédients qui font la renommée de Refn sont réunis en puissance, exacerbés au possible pour donner naissance à un chef-d’œuvre à ceci près : au lieu de l’incantation promise, c’est la juxtaposition des savoir-faire tristement décousus. Alors j’entends bien le à vous de faire le travail de recomposition, spectateur-auteur que vous êtes ! Encore faut-il vouloir le faire. On passera alors la bande originale qui, comme à l’accoutumée est d’une puissance extraordinaire, la plus belle réussite du film dans les mains expertes de Martinez (le compositeur, hein, pas la moustache) qui lui vaudra surement tous les téléchargements de l’été 2016 comme ce fut le cas avec Drive. Mais que faire de tous les actes manqués : la mise en scène léchée, les travellings travaillés, les jeux de miroir riches de clin d’oeil cinématographiques, et Keanu Reeves - dont on ne voit pas la queue d’un - ne trouvent aucun écho dans notre bienveillance, captée seulement par de magnifiques images. Refn a peut être oublié qu’on ne raconte pas d’histoire en empilant les pages de Vogue ou en usant, avec tellement de maladresse, d’une symbolique trop mystique (excès de tarot avec Jodorowsky ?). 

  Le film surprend tout de même par un tour de passe habile où l’on glisse de la dénonciation de l’univers papiers et sentiments glacés du monde de la mode au film horrifique, bain de sang, sadisme, cannibalisme et plus si affinités. Evidemment le roulage de pelle à un macchabée sur grand écran, plan fixe et lumière grise, ça en jette, c’est la plongée dans Lars Von Trier (et Audiard de dire : les danois, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait). Mais passé le malaise, l’attente reprend le dessus et la dernière demi-heure finit de nous perdre complètement. J’étais pourtant prêt à crier au génie : à la projection, au moment où Elle Fanning se prend une bonne grosse claque (qui, je dois dire, à soulager tout le monde dans la salle) avant que le film ne sombre dans le gore sans sucre et sans sel, l’écran devient noir et les lumière s’allument. J’ai cru à l’audace du réalisateur, au diable générique de fin, musique et contributeurs, démerdez-vous avec cette fin brutale qui colle parfaitement avec l’esprit du film. Démiurgique ! Erreur technique que nous comprenons vite, suite du film, et fin de chienlit. 

  The Neon Demon ou le diable dans une lampe torche, actuellement dans tous les cinémas aux projecteurs défectueux.


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1 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 16 juin 2016 08:48

    Un peu de pub pour l’industrie du divertissement nous fera oublier nos difficultés ... Bonne idée.

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