« Le coup de la cigogne » cueille le meilleur de Jean-Marie Bigard
De « Monsieur Jourdain » à « Clérambart », Jean-Marie Bigard se projette, à leur suite, dans le personnage de « Jacques Germont », illustre inconnu né de l’imaginaire de Jean-Claude Islert.
Si sa composition théâtrale du premier était particulièrement décalé, celle du second se voulait au contraire très classique mais dans les deux approches, Jean-Marie gommait le style « Bigard » de façon à laisser toutes ses chances à l’acteur plutôt qu’au show man.
Présentement, dans cette troisième tentative au Théâtre Saint-Georges, c’est le comédien qui, a contrario, laisse ses chances à « Bigard » de façon à ce que son naturel n’ait pas l’obligation de revenir au galop.
Et çà marche !…. sous la férule magique de Jean-Luc Moreau qui pressent, pour chacune de ses mises en scène, les lignes de force qu’il faut mettre en valeur.
En effet, dans cette comédie de mœurs contemporaine où menacent les affres de la retraite avec son cortège de vacuités pleines de faux-semblants, l’équilibre du couple cherche un second souffle à la suite d’une mise au rancart professionnelle inattendue et de grossesses en suspens.
Gaspard (Lamine Lezghad), un jeune cadre branché high-tech vient, alors en chargé de mission, rythmer les turbulences domestiques, en soufflant alternativement le froid et le chaud sur la qualité relationnelle que l’entreprise maintient à distance de son préretraité.
Jean-Marie passe par toutes les couleurs de l’émotion, de la colère et même de la tendresse au fur et à mesure que les femmes de sa vie le confortent ou le réfutent dans son rôle de mâle, dominant assez mal les contradictions intimes.
L’adéquation que trouve le comédien avec son fond de commerce auto-labélisé prend d’emblée la tournure d’un bon génie qui aurait inspiré, sur cette joyeuse équipe, les recettes pour distraire le public avec de vraies questions de société mixées à la sauce boulevard « Bigard -Moreau » .
Ses partenaires féminines (Elisa Servier, Lola Marois & Ariane Mourier) sont pile poil au diapason d’un tourbillon qui annoncerait des bébés à tous les étages de l’air du temps et ce, malgré les frustrations qui pourraient les accompagner.
Si la clef de cette comédie peut se dissimuler dans un dossier « broyé » contenant un concept technique innovant, son verrou de sécurité réside dans une humanité tourneboulée par des systèmes de communication en plein déficit de bon sens.
Dans cette perspective distanciée, le coup de la cigogne serait celui de l’humour qu’on attend plus mais qui, sans cesse, cueillerait sa proie là où on ne l’attend pas.
photo © Theothea.com
LE COUP DE LA CIGOGNE - ***. Theothea.com - de Jean-Claude Islert - mise en scène : Jean-Luc Moreau - avec Jean-Marie Bigard, Elisa Servier, Lamine Lezghad, Lola Marois & Ariane Mourier - Théâtre Saint-Georges
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