Le Festival de Wight 1970... 40 ans après !
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Que reste-t-il de nos souvenirs quand le 3ème et ultime Festival de Wight s’éloigne dans les brumes mémorielles d’une seconde moitié de XXème siècle, qu’elle fût « rock & roll » ou « hippy », et alors même que, depuis 2002, un festival new-look a pris le relais sur l’île de Wight selon une organisation et un lieu totalement différenciés de l’évènement originel ?
Ce qui pérennise à jamais le rassemblement historique de 1970, c’est qu’il peut apparaître comme l’an 01 des soixante-huitards et autres « baba cools » célébrant l’apogée de la musique pop.
En effet, si « Woodstock 69 » avait marqué les esprits par le retentissement mondial d’un phénomène social générationnel, « Wight 70 » en tirait la quintessence musicale sous un ciel d’azur prométhéen laissant présager que ce temps suspendu au beau fixe s’imposerait comme une référence suprême, définitive et intransgressible.
Mais, si désormais, il n’ y aurait plus « d’avant Woodstock », il n’y aurait pas davantage, de « Wight d’après », car cette apothéose orgasmique avait suffisamment œuvré pour que chacun puisse en faire son miel, alors qu’inexorablement, l’ordre des choses allait reprendre sa politique du quotidien, durablement régénéré par ce sublime paroxysme de jouvence.
Alors where was « Wight 70 » ? Un immense site où, à perte de vue, l’horizon bordé par une colline brillant de mille feux, laissait les regards se perdre dans l’immensité du ciel, de la terre et de la mer réunis pour le meilleur des week-ends de cette fin août légendaire.
Who was « Wight 70 » ? Sur les multiples ferries rejoignant Southampton et Portsmouth à l’île tant convoitée, the beautiful people s’étalait par grappes multicolores tels les fruits mûrs d’une soupape morale venant d’éclore avec ses couples bigarrés d’enfants en bas âge avant que de conquérir des bus à impérial vert olive pour un immense cortège festif à travers l’île.
What was « Wight 70 » ? 300.000 ? 400 ? 500 ou 600 ? Qu’importe le nombre, pourvu qu’ils aient eu l’ivresse d’une métamorphose dont tous les témoins allaient pouvoir colporter la bonne nouvelle si peu idéologique puisque essentiellement intuitive :
« Oui, la pop music peut magnifier la face du monde à venir. »
En effet, entendre Mélanie, « Ils ont changé ma chanson… », Roger Daltrey « Feel me, touch me », Alvin Lee « Going home », The Moody blues « nights in white (or Wight, why not ? ) satin » sur le point d’inspirer « cette touffe de noir Jésus qui ruisselle dans son berceau… » si chère à Léo Ferré… Oui, tout était en germe prolifique pour que Joan Baez, Léonard Cohen, Donovan donnent le coup de grâce aux convenances d’arrière-garde.
Certes, Jimi Hendrix, Jim Morisson et Keith Moon allaient y donner leurs derniers souffles vitaux, en gageant leur inspiration artistique venue d’ailleurs au bilan d’une échelle des valeurs psychédéliques qu’il faudrait recadrer au contact de la réalité.
Cependant, lovée dans les duvets au cœur de la nuit étoilée comme en transe sous le soleil de plomb, so british, la foule du baby-boom, inventait, en direct live, la mélodie d’une partition dont il ne lui serait pas nécessaire de déposer les droits d’auteur, tant ceux-ci étaient d’emblée portés par la conviction du bien-fondé de sa loi universelle.
Alors « Wight », 40 ans après ?
Ayant officieusement ruiné ses commanditaires alors que, filmé de bout en bout avec force caméras dont, a contrario du film pour Woodstock, seuls des rushs sont sortis à ce jour dans la sphère publique, telles les vidéos dédiées aux concerts des Who et d’Hendrix, ce Festival mythique a-t-il réellement révélé l’ensemble des mystères inhérents à son aura que la mémoire collective continue de décliner sur tous les registres de la modernité ?
« The times are changing » observe le prophète !
Faudra-t-il encore attendre une décennie pour qu’un demi-siècle de légende sur Wight ose s’affranchir de l’ombre tutélaire de Woodstock afin que cet évènement historique européen soit, enfin, identifié comme le rassemblement initiatique et fondateur d’un humanisme né de la révolution multiculturelle de 68 ?
Compte-rendu du Festival 1970 & photos par Theothea.com
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