Les lycéens du Goncourt sont plus avisés que leurs aînés.
Le Prix Goncourt des lycéens vient d’être attribué aujourd’hui, lundi 9 novembre au roman de Jean-Michel Guenassia Le club des incorrigibles optimistes.
J’avais proposé un texte le 24 octobre dernier sur ce premier roman de JM Guenassia édité chez Albin Michel. Il n’a pas retenu l’attention des modérateurs et n’a pas été publié par Agoravox.
Et pourtant...
Ce gros volume de plus de 750 pages avait fait partie des "Goncourables" avant d’être écarté pour cause de "faiblesse stylistique". Quelle mauvaise excuse !
A mon avis, l’irrésistible témoignage sur les "pays de l’est" et l’éclairage porté sur la guerre d’Algérie ont plus sûrement indisposé quelques jurés. Tout comme la sévère critique portée par Pavel sur Jean Paul Sartre à propos du procès Kravchenko.
Ce roman contient autant de romans que de personnages, exilés politiques des pays communistes. C’est aussi le roman de la trahison. Tout le monde trahit tout le monde, pour de nobles ou médiocres raisons. Les opinions, les engagements, les serments et les promesses ne tiennent pas.
Les jurés auraient dû être sensibles à cette mélancolique nostalgie qui touche ceux qui vécurent au quartier latin entre 1950 et 1960. Quelques belles pages sur les adolescents amoureux autour de la Fontaine Médicis.
Le roman est aussi historique. Sartre et Kessel ont bien joué ensemble aux échecs comme les exilés qui se réunissent dans l’arrière salle du Balto à Denfert Rochereau. Sartre et Kessel ont bien aidé ces anciens cadres des régimes communistes en les recommandant à Gaston Gallimard.
L’ intrigue qui nous retient tout au long du livre ne sera dénouée qu’à la fin. Après un solide chapitre consacré aux photos truquées par le Kremlin.
Tout commence avec les obsèques, en avril 1980, du philosophe qui s’était trompé. Tout s’achève avec les obsèques de Sacha en juillet 64.
Captivant et poignant.
Les lycéens du Goncourt ont voté dès le premier tour, le jour où l’on célèbre la chute d’un mur que tout le monde ne jugeait pas si honteux que ça, il y a vingt ans.
Daniel Jachet