Le Green Sound
The Splinter Group, ça vous dit quelque chose ?
Probablement non - encore un de ces groupes anonymes, comme il en existe des milliers sur la planète, me direz vous.
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Et pourtant, ce groupe représente une des plus belles rédemptions qui soit pour un guitariste de génie, parvenu aux portes de l‘enfer et revenu à la scène, comme du Diable vaut Green...
Le génie d’un énorme guitariste, Peter Green, qu’une vilaine maladie de langueur, amplifiée de bad trips sous LSD, mine et écrase, jusqu’à faire de lui un somnambule, un malade, contraint d’arrêter la musique et de quitter la scène.
Le comble pour un dépressif à tendance schizophrénique serait d’exercer le job de fossoyeur. Eh bien ! Peter Green l‘a fait. Après avoir passé un assez long moment en hôpital psychiatrique, il en sort pour mener une vie d’errance, entrecoupée de petits jobs, parfois en totale contre-indication avec son état de santé.
Lui qui jadis remplaça au pied levé Eric Clapton au sein des Bluesbreakers, pour ensuite prendre la tête, jusqu’au début des années 70, du Fleetwood Mac Group, Peter Green abandonne donc la scène, emporté, comme tant d’autres, par la Black Magic Woman des paradis artificiels.
J’ai découvert Peter Green sur un vieux LP double ramené des États-unis en 1972. Un choix du disquaire pour un gamin fauché et en vadrouille, désireux de convertir ses derniers dollars en galette sonnante et distrayante. En fait, d’album, un double Fleetwood Mac, celui sur lequel figure le fameux BMW, un choc.
Peter Green est un guitariste au toucher exceptionnel. Adepte de la guitare Gibson Les Paul, l’homme a inventé un style pur, une sorte de ligne claire comme en BD.
Si son opus majeur reste encore pour bon nombre de ses fans le mythique BMW, ressuscité et magnifié - dit-on - par Santana, Peter Green, c’est aussi et encore Albatros ou Man of the world, où s’exprime ce que j’aime à appeler le Green spleen.
La chance de Peter Green aura été d’avoir de vrais amis fidèles et dévoués, comme Mich Reynolds, un ancien compagnon de route, qui après l’avoir pris sous son aile achèvera de lui remettre le pied à l‘étrier.
En 1996, Peter Green renaît donc à la scène avec son Splinter Group, discrètement faut-il encore préciser, au côté de Nigel Watson, Roger Cotton, Cozy Powel et d‘autres musiciens bienveillants.
Avec sa bouille toute ronde, celle d’un homme qui a retrouvé le sourire avec la santé et, c’est heureux, sa guitare, on peut vous assurer qu’il n’a rien perdu de son toucher magique.
Entouré de ses amis - vrais amis - musiciens, on a comme le sentiment que Peter Green ne risque plus rien et c’est heureux ainsi.
En attendant, sa musique est toujours autant célébrée, aussi bien en France que de par le monde, il suffit de voir tous ces guitaristes conquis à jamais par la finesse de son toucher émotionnel.
Trouver ses oeuvres dans les bacs, est un autre combat. Mais, ce combat là, comparé à celui qui fut le sien, est un plaisir qu‘aucun adepte de british blues ne saurait refuser.
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