« Le Journal d’Helen » lu par Claire Chazal au théâtre du Petit Montparnasse
Souriante et pulpeuse comme une orange se lovant dans un ensemble d’organdi blanc ceinturé de noir à la taille, telle une nouvelle Claude Jade des années 50, Claire Chazal pourrait incarner l’improbable fantasme d’une nouvelle héroïne des Baisers volés de François Truffaut.
En revenant sur les planches à une année d’intervalle, tout en passant par la case du Festival de la correspondance à Grignan, la journaliste du 20 heures manifeste ainsi avec persistance son désir légitime d’exister et de s’exprimer autrement qu’en femme tronc médiatique.
Prenant la lumière comme personne, elle dispose de plus d’une heure chaque mardi à partir de 19 heures pour apprivoiser une banquette à croisillons que son aura va circonscrire avec force poses étudiées où les bras s’étireraient au mieux d’une langueur printanière.
De Laissez-moi la saison précédente au Journal d’Helen aujourd’hui, c’est donc la même scénographe Anne Rotenberg qui campe la lectrice de circonstances dans le faisceau radieux du sentiment amoureux en expansion alors que la journaliste s’applique à sortir de sa gangue sans jamais toutefois se départir de sa réserve.
Lors de cette soirée hebdomadaire au Petit Montparnasse, en équilibre pertinent sur le fil d’une émotion juste et profonde, les années "Jules, Jim & Kate" constituent la trame thématique d’un récit à double résonance.
En effet, au pendant du roman d’Henri-Pierre Roché à l’origine du film Jules et Jim signé par François Truffaut correspond la version féminine de cette même passion partagée à trois dont Helen Hessel témoigne dans son journal intime en rapportant au jour le jour les tribulations de ses relations avec Franz Hessel et Henri-Pierre Roché.
Au-delà des palpitations liées à la situation troublante d’un entre-deux de l’amour et de l’amitié vécu en trio, c’est sans doute dans l’autonomie revendiquée en tant que gage suprême de liberté assumée que Claire Chazal semble vouloir projeter la quête féminine de l’idéal amoureux au diapason des temps modernes.
Si la réussite de sa démarche artistique devait être mise au profit de sa détermination appliquée, assurément cette conviction emporterait l’adhésion générale.
Cependant comme "jamais deux sans trois", et pour cause bien entendu, il devrait être sans doute très profitable à "l’actrice en devenir" de faire évoluer le registre et le potentiel de son expression scénique à l’occasion d’un projet de spectacle vivant ultérieur.
Affiche / Photo © Emmanuel Scorcelletti
LE JOURNAL D’HELEN - ** Theothea.com - d’après Helen Hessel - mise en scène : Anne Rotenberg - avec Claire Chazal - Théâtre du Petit Montparnasse -
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