Avec plus de 101 pays visités, Pierre Josse, le rédacteur en chef des guides du Routard est depuis plus de 30 ans un infatigable globe-trotter. Ce que ses lecteurs savent moins, c’est qu’entre deux chroniques, l’homme au sac-à-dos mythique, confectionne dans sa chambre d’hôtel, paire de ciseaux et pot de colle à la main, des enveloppes et des cartes postales réalisées dans l’esprit du mail art. C’est cet ensemble de pièces originales qui est aujourd’hui présenté au Musée de la Poste du 20 avril au 12 septembre. L’exposition intitulée « L’art du carnet de voyage de 1800 à nos jours » réunit en dehors de celles de Pierre Josse, les œuvres d’une quarantaine d’artistes. Les visiteurs pourront ainsi découvrir parmi les quelque 350 pièces exposées les carnets de l’explorateur Jules Louis le Jeune, accomplis lors d’une expédition dans les mers du Sud entre 1822 et 1825, ou ceux plus tardifs de l’explorateur et naturaliste Théodore Monod dans le désert saharien vers 1950, d’Yvon Le Corre, de Titouan Lamazou ou encore de Jacques de Loustal.
A la fois tendres et poétiques, les charmants témoignages de voyage du journaliste, écrivain et photographe Pierre Josse, rendent un vibrant hommage aux femmes, aux politiques, aux musiciens et aux familles des pays visités. « Ma démarche consiste à transformer une simple carte postale en objet artistique » explique ce gentil baroudeur d’origine bretonne. Associés aux timbres, artistiquement utilisés dans la composition, l’artiste arrive à créer de véritables tableaux qui vont voyager et apporter du rêve et de l’émotion à leurs destinataires.
Télescopages graphiques
Toujours réalisés entre 5 heures et 7 heures du matin, ces joyeux télescopages graphiques d’inspiration surréaliste, sont ensuite envoyés en plusieurs exemplaires à des proches. Le risque serait en effet trop grand que la carte ne se perde en route. Pire encore, dans les pays où le salaire est seulement de quelques euros par jour, il arrive que les timbres soient directement revendus par l’employé des postes pour nourrir sa famille. Normal, répond spontanément notre routard en chef qui recommande, quand c’est possible, de les faire tamponner au guichet, devant soi. « En moyenne, il faut compter 20 à 30 % de perte dans certains pays. Cent pour cent concernant le Guatemala, aucune missive n’est arrivée à bon port ».
Dans la même veine, une œuvre peut aussi être refusée parce qu’elle ne respecte pas la norme d’envoi postal ou qu’elle tape à l’œil d’un postier et se retrouve accrochée à un mur ! Toutes ces péripéties font l’intérêt et l’identité de la soixantaine de cartes présentées au Musée de la Poste.Coupures de journaux, tickets de transport usagés, tampons et photos personnelles forment les ingrédients de ces compositions originales qui s’attachent à montrer un aspect particulier d’un pays. « En faisant voyager de vieux timbres, des textes et des images, le Post art ou Mail Art devient une forme de résistance à la deshumanisation du courrier. Je refuse par exemple de répondre à des vœux de Nouvel An envoyés par texto ou SMS » affirme avec conviction l’écrivain itinérant.
Pour tous ceux qui désirent prolonger la magie du voyage ou qui ne pourront pas se rendre à Paris, Pierre Josse publie à l’occasion de cette exposition une sélection de 25 cartes postales qui symbolisent chacune une destination du monde. Au verso, les commentaires écrits de la main de l’auteur sont libres. Certains diront peut-être un tantinet timbrés…
David RAYNAL
Musée de La poste
« L’art du carnet de voyage de 1800 à nos jours »
Du 20 avril 2009 au 12 septembre 2009