Le monde de la BD en deuil : Jean Giraud-Moebius s’est effacé
Sale nouvelle pour les amateurs de BD ; Jean Giraud (cf Moebius) est mort aujourd'hui des suites d'un cancer, à l'âge de 73 ans...
Le créateur de Blueberry (28 albums, plus 15 des séries dérivées, avec des scénarii de Jean Michel Charlier pour les premiers), élève de Jean Gillain (cf Jijé,auprès de qui il apprendra, l'art de la BD-western, en travaillant sur les derniers Jerry Spring), créera également, sous le pseudonyme de Moebius, un ensemble de séries de SF et de fantastique.
On se souvient, en BD, de la saga de l'Incal ( 6 volumes, sur un scénario de Jodorowsky), d' Arzach, du Garage hermétique, du Bandard fou, de sa participation, en cinéma, aux décors de Dune (le film), d'Alien, de Ridley Scott, de Tron, Abyss, Little Nemo, le Cinquième élément.
Et d'oeuvres cinématographiques adaptées de ses bandes dessinées :
- Cauchemar blanc (1991) de Matthieu Kassovitz
- Arzak Rhapsody (série TV) (2003) de Mœbius
- Blueberry, l'expérience secrète (2004) de Jan Kounen
- Thru the Moebius Strip (2005)
Son œuvre a aussi inspiré l'esthétique de plusieurs films :
- Arzach pour Métal hurlant (1981)
- The long tomorrow pour Blade Runner de Ridley Scott (1982)
ainsi que de nombreuses séries parues dans Pilote, puis dans l'Echo des savanes, enfin dans "Métal Hurlant" : premier magazine de BD fantastique en France, qu'il crée avec Jean-Pierre Mionnet et Philippe Druillet, en 1975, avec qui il fondera la maison d'édition : "Les Humanoïdes associés". .
Certainement le graphiste le plus doué de la seconde moitié du XXème siècle, Giraud (qui signait aussi Gir), laisse une oeuvre considérable :
ici, sa bibliographie complète,
d'un auteur particulièrement prolifique (plus de 110 albums), plus de nombreuses expositions ; dont la dernière en 2010, à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, suivant celle, en 2008, au Futuroscope de Poitiers, après tant d'autres..
Côté Prix et récompenses, la liste est également impressionnante :
- 1973 : Shazam Award, Best Foreign Comic Series, pour Lieutenant Blueberry
- 1975 : Yellow Kid Award, Lucca, Italie, meilleur artiste étranger
- 1977 : Festival d'Angoulême : meilleur artiste français
- 1979 : Adamson Award, for Lieutenant Blueberry etc.
- 1980 : Yellow Kid Award, Lucca, Italie, meilleur artiste étranger
- 1980 : Grand Prix de la science-fiction française, prix spécial, pour Major Fatal
- 1981 : Festival d'Angoulême Grand Prix de la Ville d'Angoulême
- 1985 : Festival d'Angoulême Grand Prix d'arts graphiques
- 1986 : Inkpot Award
- 1988 : Harvey Award, Best American Edition of Foreign Material, pour les séries de Mœbius
- 1989 : Will Eisner Award, Best Finite Series, pour Silver Surfer
- 1989 : Harvey Award, Best American Edition of Foreign Material, for Incal
- 1991 : Eisner Award, Best Single Issue, pour Concrete
- 1991 : Harvey Award, Best American Edition of Foreign Material, pour Lieutenant Blueberry
- 1997 : Designated finalist for induction into the Harvey Award Jack Kirby Hall of Fame in 1989, inducted in 1997
- 1998 : inclus dans le Will Eisner Award Hall of Fame
- 2000 : Max & Moritz Prizes, Special Prize for outstanding life’s work
- 2001 : Haxtur Award Best Long Comic Strip, pour Le Cœur couronné
- 2011 : Insignes de chevalier dans l'ordre national du Mérite,
Artiste aux styles variés selon les séries et les personnages ( style western, très travaillé, à la jijé pour Blueberry, fourmillant d'un luxe de détails, ligne claire pour l'Incal , voire trés épurée pour les oeuvres fantastiques comme Arzach, ou le Garage Hermétique), Giraud était un maître du graphisme, et un visionnaire particulièrement prolixe, qui a contribué à fonder la BD fantastique.
Il était d'une rapidité d'éxécution surprenante, d'un éclectisme entièrement maîtrisé, et d'une précision absolue.
Auteur, également de nombreuses affiches, couvertures de disques, et autres oeuvres purement graphiques, c'est lui qui a repris, après la mort de Jean Michel Charlier, les scenarii des aventures du Lieutenant Blueberry.
Le monde de la BD perd aujourd'hui un de ses géants, si ce n'est SON géant, dont l'oeuvre restera comme majeure pour les générations actuelles et à venir.
Il reste, pour les amateurs, son oeuvre, considérable, à lire et relire, à voir et revoir, mais un vide abyssal, qui a fini par le rattraper, comme l'incal, lors de sa chute...
Nul doute que, comme John Difool, cette chute trouvera une issue heureuse, dans les univers parallèles, dont il restera un des maîtres absolu.
Salut, l'artiste ; tu nous laisses inconsolables orphelins de ton absence.
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