Le nombre 23 tombe à plat
Ah zut, ça commençait bien, pourtant ! Walter Sparrow (un descendant du Capitaine Jack Sparrow ?), modeste employé de la fourrière municipale, à la suite d’un concours de circonstances, se retrouve en possession d’un livre édité en ronéo à compte d’auteur, qui se trouve raconter une histoire qui... le fait penser à lui-même ! Il mène alors sa propre enquête...
Cette histoire mystérieuse (la sienne ou elle du narrateur du livre ?) est dirigée par le nombre 23, et les indices se multiplient : il voit des 23 partout, dans la rue, dans ses dates de naissance et de mariage, dans sa cuisine... Mais dans le livre, l’auteur-narrateur finit par tuer sa femme... Que va-t-il arriver ? Suspense.
Et ainsi pendant une heure et quart. Tiraillé entre l’histoire de Walter et l’histoire dans l’histoire, le spectateur oscille entre deux mondes. Un peu perdu, je commençais à trouver le film plutôt bien, quand patatras ! Joel Schumacher suit les directives de son lourd scénariste et entreprend d’expliquer et de conclure. Et là ça se gâte : on a droit à la psychologie hollywoodienne dans toute son horreur et sa nullité, avec même en prime le vieux truc archiconnu et tellement éculé qu’on y voit le fond du slip, de l’amnésie, que même en 5e, on n’osait plus le faire dans nos rédactions libres. Du coup, tout ressort : le montage et la photo résolument "clip", les couleurs bien trafiquées pour faire moderne... Le flop intégral.
Attention, je raconte la fin !
Mais le coup de grâce est à venir... Oh et puis zut, je raconte la fin, le film est trop mauvais. Le gentil Walter, non seulement découvre son amnésie, mais de plus il se rend compte qu’il a tué sa copine de l’époque pendant sa période de pétage de plombs, et en prime, qu’un innocent injustement accusé est en prison pour ce meurtre. Ni une, ni deux, en un seul plan, il décide (tenez-vous bien) d’aller se constituer prisonnier pour faire libérer le pauvre innocent. Et le film se termine sur un plan touchant du gentil Walter, avec femme et enfant, au parloir de la prison, et sa voix off nous explique que c’est bien d’être puni, mais qu’avec la conditionnelle, il sortira dans seulement dans quatre ans, ça sera vite passé. Moralité : pour Hollywood, si on est reconnu cliniquement fou, après un meurtre, il est évidemment plus juste d’aller en prison qu’à l’asile. Et on s’étonne que les USA aient le record mondial des pays développés en taux d’emprisonnement... D’ailleurs, comme le rappelle très justement la citation biblique de clôture, "vos péchés vous rattraperont toujours". A ce point de dégoulinure moralisante et hygiéniste, il n’y a plus qu’à se lever et partir, d’ailleurs, c’est la fin du film.
Heureusement,
Jim Carrey joue vraiment bien, et montre ainsi qu’il n’est pas
qu’un rigolo péteur. Mais à l’impossible nul n’est tenu, ce Fight Club
du pauvre est insauvable. Si vous voulez aller voir ce film, réglez
votre minuteur sur une heure dix, et dès que ça vibre, levez-vous et
rentrez chez vous. Vous aurez eu au moins le plaisir de ne pas savoir comment ça finit.
Dommage.
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