« Le pigeon » s’est envolé
C’est un triste jour pour le 7e Art. Alors qu’on annonçait, lundi, les décès du comédien Leslie Nielsen, le protagoniste de la saga Y a-t-il un flic ? et du cinéaste Irvin Kershner, le réalisateur de Star Wars : L’empire contre-attaque ; l’agence italienne Ansa a annoncé que le grand cinéaste Mario Monicelli était mort.
Cet artiste représentait un des piliers de l’âge d’or du cinéma italien. Après avoir fait un passage important dans l’univers du court-métrage avec son ami Alberto Mondadori, dont, I ragazzi della via paal, primé au festival de Venise en 1934 ; il se lance dans le long-métrage. Et le succès arrive en 1949 avec Toto cherche un appartement, réalisé en collaboration avec Steno, dans lequel on retrouve tout le style narratif, simple mais efficace, de Monicelli. Il devient un artiste engagé avec son premier passage en solo derrière la caméra avec la satire bourgeoiseToto e Carolina en 1955.
En 1958 sort Le Pigeon, l’un de ses films les plus célèbre, qui lance les carrières de Vittorio Gassman et Marcello Mastroianni.
Adepte d’une ironie mordante, Monicelli n’hésite pas à désacraliser le Moyen Age avec la série des Brancaleone en 1966 et 1970, puis à dénoncer le fascisme dans la farce Nous voulons les colonels en 1973, avec Ugo Tognazzi.
Le cinéaste italien a placé ces contemporains de l’après-guerre sous une loupe grossissante et ironique, traquant leurs vices, exaltant plus rarement leurs vertus.
De Mes chers amis à La grande guerre, ses œuvres sont peuplées de personnages humains à force d’êtres ridicules deviennent grandioses dans leur petitesse. « Sans la mort, la faim, la maladie et la misère, nous ne pourrions pas faire rire en Italie », disait-il.
C’est un des maîtres de la comédie italienne qui nous quitte, Mario Monicelli a réalisé plus de 65 films. Au cours de sa longue carrière, il a fait tourner les plus grands, que ce soit en Italie, il mit en scène Alberto Sordi et Sophia Loren, ou à l’étranger, en France notamment, il a dirigé Catherine Deneuve et Gérard dans Rosy la bourrasque en 1980.
Il reçut plus d’une vingtaine de récompenses lors de sa carrière, dont le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière en 1991.
Lors de ses dernières apparitions à la télévision, bafouillant et éreinté, il appelait les étudiants Italiens à combattre Silvio Berlusconi et à "se rebeller" contre des coupes dans le budget de la culture.
"Vous devez utiliser votre énergie pour subvertir, pour protester, faites-le, vous qui êtes jeunes, moi je n’en ai plus la force." A-t-il lancé lors de sa dernière apparition télévisuelle.
Ce suicide n’étonnera que ceux qui prenaient l’un des pères de la comédie italienne, avec Dino Risi et Luigi Comencini, pour simplement un auteur comique.
Avec Mario Monicelli, c’est un Balzac moderne et un pan entier du cinéma mondial qui vient de s’écrouler, et la comédie, pas seulement italienne, rie jaune et se retrouve en deuil.
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