Le ravissement... relire Duras
Le week-end a été compliqué, enchaînement de choses à faire et de tuiles, week-end dur, pénible et intéressant à la fois. Pas un instant pour moi. Pas un instant pour écrire ou travailler, pas un instant pour mettre un peu d’ordre dans la maison, pas un instant pour profiter du jardin, mais essayer de réparer les dégâts du temps, pas un instant pour ne rien faire... Alors quand j’ai entendu, au milieu des nouvelles, qu’aujourd’hui cela faisant dix ans que Marguerite Duras était morte - c’est dur de l’écrire comme ça, vous ne trouvez- pas ? - j’ai décidé de mettre en ligne la première page du Ravissement de Lol V. Stein. C’est un livre que j’ai lu, relu, parcouru, ouvert au hasard. Je ne l’ai jamais bien compris, mais cela n’a pas beaucoup d’importance, je l’ai toujours ressenti, écouté. C’est une musique et une atmosphère aussi étrange que le Pelléas de Debussy. C’est un roman si court, qu’on l’a déjà fini. Mais ce n’est pas un roman, c’est une écriture, une petite pièce différente et troublante. Il faut le lire et lire aussi Le vice-consul. Et puis, il ne faut pas oublier les autres, Hiroshima mon amour, Moderato Cantabile, l’Après-midi de monsieur Andesmas, Les petits chevaux de Tarquinia, Dix heures et demie du soir en été, et les autres. Mais je ne vais pas plus loin que L’Homme assis dans le couloir. C’est là que j’ai quitté Marguerite Duras.
« Lol V Stein est née ici, à S. Thala, et elle y a vécu une grande partie de sa jeunesse. Son père était professeur à l’Université. Elle a un frère plus âgé qu’elle de neuf ans - je ne l’ai jamais vu - on dit qu’il vit à Paris. Ses parents sont morts.
Je n’ai rien entendu dire sur l’enfance de Lol V. Stein qui m’ait frappé, même par Tatiana Karl, sa meilleure amie durant leurs années de collège.
Elles dansaient toutes les deux, le jeudi, dans le préau vide. Elles ne voulaient pas sortir en rangs avec les autres, elles préféraient rester au collège. Elles, on les laissait faire, dit Tatiana, elles étaient charmantes, elles savaient mieux que les autres demander cette faveur, on la leur accordait. On danse, Tatiana ? Une radio dans un immeuble voisin jouait des danses démodées - une émission-souvenir - dont elles se contentaient. Les surveillantes envolées, seules dans le grand préau où ce jour-là, entre les danses, on entendait le bruit des rues, allez Tatiana, allez viens, on danse Tatiana, viens. C’est ce que je sais. »
Marguerite Duras, Le ravissement de Lol V. Stein, 1964
Et puis, il n’y a pas que les grands noms, aujourd’hui, c’est Anne-Marie Casteret qui a disparu. On a déjà oublié son nom. Pourtant, c’est elle qui a « sorti » le scandale du sang contaminé, l’écoulement volontaire de lots de sang contaminés du VIH, le virus du Sida... Pour moi, elle incarne la grandeur de la presse, le "4e pouvoir " comme on la nomme, la garantie de la démocratie. Il n’y a pas que dans les dictatures et les républiques bananières que la presse soit tous les jours en danger, et avec elle, cette garantie de la démocratie.
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