Le rayonnement du prog italien est assuré avec La maschera di cera

Le rock progressif, notamment celui produit en Italie, a connu trois périodes. Une aurore flamboyante entre 1969 et 1975, puis après l’enfer du punk, un long purgatoire marqué par quelques rares pointures comme Marillion, IQ ou Pendragon. Les spécialistes ont parlé de néo-prog, un peu comme il y a un néo-classicisme en peinture ou en musique dans les années 1920. Pas de commentaires spéciaux sur cette période qui en Italie, a vu émerger quelques bonnes formations, par exemple Nuova Era ou Ezra Winston. La période maigre du prog a duré une petite vingtaine d’années, jusque vers le milieu des années 1990. A noter l’exception du Japon, pays où l’apogée du prog se situa dans les années 1980. Et puis les années 2000 et le renouveau avec beaucoup de formations et de styles différents pouvant satisfaire toutes les préférences en matière de rock progressif. Au cours de ces années récentes, nombre de groupes, surtout en Italie, ont essayé de renouer avec la magie des années 1970, en utilisant notamment des instruments d’époque, notamment le fameux mellotron. A se demander si l’authentique néo-progressif n’appartient pas au 21ème siècle.
Parmi les formations de la nouvelle vague du prog italien figure La maschera di cera, un ensemble composé de six musiciens qui participent en fait à un projet concocté par Fabio Zuffanti, bassiste d’un autre groupe assez connu de la scène prog italienne dans les années 2000, Finisterre. A la line up classique (basse, guitare, chant, percussion, claviers) un sixième protagoniste sévit au saxophone et à la flûte, ce qui confère à l’ensemble une richesse musicale indéniable avec un style très marqué, symphonique, lyrique, un peu torturé. Si vous êtes connaisseur et que vous pensez Museo Rosenbach ou Balleto di Bronzo, vous tapez dans le mille. L’usage du mellotron confère cette tonalité vintage si spéciale des années 1970. Le groupe est sur le point de sortir un nouvel album mais en attendant, on se délectera de Petali di fuoco, pétale de feu, sorti en 2010 sur le label Aereostella. Il est produit par Franz di Ciocco, batteur de PFM et selon certains critiques avisés, c’est leur œuvre la plus aboutie parmi les quatre albums édités depuis 2002. Avec des morceaux aux atmosphères évolutives, ce qui est la moindre des attentes lorsqu’on met un CD de prog dans sa platine. Cette diversité s’explique entre autres par l’implication de quatre des musiciens de la Maschera dans les compositions des morceaux.
Ce qui surprend dans la Maschera et du reste en écoutant d’autres formations, c’est la partie vocale. Un charme indescriptible émane de ces voix rocailleuses mais très lyriques si bien qu’on est éloigné des atmosphères plombantes servies par les crooners américains. Parfois, la musique se fait aérienne, avec la flûte qui semble vouloir satelliser notre tympan sur un tapis volant. Des parties de piano jazzy, des vagues de synthé symphonique, une rythmique qui rend l’ensemble d’une incroyable vivacité, comme on peut l’entendre chez Carpani ou bien les héros de la Clessidre qui eux aussi, ont en la personne de Stephano Luppo (ex Rosenbach) un chanteur rocailleux rappelant Alessandro Corbaglia, excellent dans ce CD dont le titre n’est pas usurpé. Pétale de feu pour évoquer ce mélange sonore où chaque instrument semble vouloir se manifester pour une danse lyrique émergeant d’une trame sonore bien assurée et parfaitement maîtrisée. Le prog est le genre où les meilleurs musicos sévissent. Pour en être convaincu, passez un jour au festival Crescendo de Saint Palais (16, 17 et 18 août) et vous verrez le résultat. En plus le cadre est magnifique et c’est gratuit. Les musiciens de la Maschera sont de la troisième génération du prog, comme ceux de The Watch. Zuffanti est en effet né en 1968. Et si l’on regarde les formations naissante, on s’aperçoit que le prog ne cesse de se renouveler si bien que l’on ne peut pas parler de la relève car les musiciens de la Maschera sont déjà des vieux routard, quadras et pleins d’expérience. Laissez-vous emporter par ce CD et ses dix morceaux d’une durée comprise entre 4 et 7 minutes. On ne s’ennuie jamais et chaque écoute permet de découvrir quelques subtilités qui avaient échappé lors des premières impressions.
Musicians
- Alessandro Corvaglia / voice
- Fabio Zuffanti / bass, bass pedals and choirs
- Agostino Macor / keyboards
- Andrea Monetti / flute and sax
- Matteo Nahum / guitars
- Maurizio Di Tollo / drums and choirs
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