Le réalisateur de « The Artist » critique le cinéma français
Combien d’amateurs de cinéma se sont fait cette réflexion "Le cinéma français manque d’imagination, il ne prend plus assez de risques ". ou encore "La plupart des films qui sortent ne sont que des comédies romantiques sur les problèmes de familles recomposées ou des comédies lourdingues ", et pour terminer , "Le cinéma français n’est plus ce qu’il était".
Pour comprendre comment cet art, qui est tout de même né chez nous, en est arrivé à ce manque de diversité et d’absence de prise de risque, il est intéressant d’écouter ceux qui en font leur métier et qui s’inquiètent de ces dérives.
Après la polémique lancée par Vincent Maraval sur les salaires trop élevés des acteurs c’est au tour de Michel Hazanavicius, le réalisateur de The Artist, de mettre les pieds dans le plat.
Voici ce qu’il déclare : "notre système de financement connaît une "bulle" inflationniste particulièrement dangereuse en période de crise économique. Cette inflation est notamment due à un non-partage des recettes." .
Le réalisateur estime que tous les acteurs du système de financement des films préfèrent maximiser leurs profits "en amont de la sortie", notamment avec la pratique qui consiste à " gonfler les devis pour récupérer le maximum d’argent pendant le financement, d’autre part de dépenser le minimum de cet argent pendant la fabrication, entraînant ainsi le sous-paiement des techniciens, la délocalisation, la fabrication au rabais, etc., et enfin de produire un maximum de films, quelle que soit la qualité des scénarios en cours… La qualité des films en fait souvent les frais.
Il ne fait aucun doute que le système de financement, avec comme principal pourvoyeur la télévision, est un réel problème à ses yeux .
Il déclare sur ce sujet : "Les obligations des chaînes de télévision vis-à-vis de la création, sans doute obsolètes, ont été avec le temps détournées et ne répondent plus à l’objectif recherché. La prise de risque a laissé place au préfinancement assuré et encadré." L’inflation des budgets et le manque de prise de risque des télés ont conduit à la disparition des "films du milieu", ces productions de taille moyenne plus risquées financièrement que plus personne ne semble pouvoir produire."
Des chaînes de télévisions qui ne veulent financer que des films qui feront le plus d’audimat possible le jour de leur télédiffusion. Et pour arriver à ce résultat il faut sélectionner les scénarios qui vont dans le sens du "tout public".
D’ailleurs nous avons compris avec l’arrivée de Canal + que la télévision avait étouffé le cinéma . Il suffit de voir le nombre de personnalités qui ont démarré sur la chaîne cryptée et qui sont passées par la suite au 7ème art pour comprendre : (De Caunes, Les Nuls, Les Robins des Bois, José Garcia, Edouard Baer,Alain Chabat, Jamel, Eric et Ramzy, Les miss météo…..).
En les citant on a le sentiment que le cinéma français n’est plus qu’une annexe de Canal+.
Une partie du drame du cinéma français actuel vient peut-être aussi de là.
Ces gens sont pour la plupart des comiques, parfois de talent médiocre.
Mais le cinéma français a besoin de diversité, et non de cette consanguinité télévisuelle qui empêche de vrais gens de métier de nous proposer des films qui ont fait l’histoire du cinéma français.
Hazanavicius propose notamment comme solution une "régulation" européenne, en imposant enfin aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) le fait qu’ils doivent participer au financement des films à l’instar des chaînes de télévision. Et évidemment en réhabilitant le système de partages des recettes "Partager équitablement la recette, c’est le seul moyen de rétablir la confiance, et ainsi de refaire baisser le coût des films. Il faut évidemment que nous soyons, nous fabricants, intéressés au succès de nos films. Nous aurons d’autant plus intérêt à en faire de bons, et pour moins cher s’ils peuvent rapporter de l’argent."
Et de conclure « Le cinéma est un art amical qui nous rend heureux, nous fait rire, nous émeut, nous divertit, mais nous rend aussi conscients, et nous rappelle que nous avons un destin commun ».
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