Le sudoku : plus qu’une mode ?
Arrivé en France à l’été 2005, ce jeu de « torture intellectuelle », le Sudoku, qui n’a de japonais que son nom, est devenu un rendez-vous quotidien des Français. Répandue le matin dans les transports en commun, cette grille infernale de 81 cases met chacun au défi face à soi-même. Phénomène de mode ou jeu de réflexion bien ancré dans les mœurs à l’instar des mots croisés ? Enquête sur ce « sport » cérébral que certains annoncent en déclin.
Diane, traductrice, s’assied chaque matin dans le métro prête à faire travailler ses neurones, 20 minutes sur les genoux, un crayon mordillé entre les dents. Face à elle, une grille de Sudoku à moitié remplie. Comme Diane, de nombreux Français se précipitent sur cette grille de 9 par 9, offerte par leur journal quotidien. « Ça fait passer le temps. Je n’y joue que dans le métro ou sur mon portable », confie-t-elle. Mais qu’est-ce qui attire autant dans ce « passe-temps intelligent » ?
« L’impression d’être un petit génie »
Pour mieux comprendre
l’engouement pour ce jeu, le fondateur
de
Un concurrent des mots croisés
Aussi le Sudoku se place-t-il sur le « marché » des casse-tête traditionnels comme les mots croisés que beaucoup ont délaissés. Sylvie, femme au foyer, et joueuse de mots croisés avoue que depuis qu’elle « a essayé et mordu au Sudoku », elle a « un peu lâché les mots croisés ». Placé dans le même présentoir que les revues « concurrentes » dans les librairies, le Sudoku « est beaucoup plus vendu que les autres casse-tête », selon une libraire. « C’est plus facile que les mots croisés où il faut avoir de la culture générale, là, seule la logique suffit ». Preuve en est que le Sudoku se fait un nom parmi les jeux de réflexion.
L’échec associatif et le déclin des éditions
Un seul club de Sudoku était répertorié à Paris : l’Amicale de Sudoku. Son président M. Barbaudy s’en lamente : « J’ai vite abandonné, les gens préfèrent jouer seuls ». Idem pour la Fédération française de Sudoku. Après avoir organisé les championnats de France de Sudoku qui ont rassemblé une centaine de participants lors du Festival des jeux de Cannes le 23 février dernier, la Fédération va bientôt s’arrêter, faute de joueurs et de motivation.
Cet échec coïncide avec le déclin
des ventes de revues spécialisées. À l’apogée de la mode Sudoku, à l’été 2006,
les titres avaient foisonné (plus de 200). Le Sudoku occupait alors un
présentoir à lui tout seul. L’effet de mode était là. Désormais, de nombreux
titres ont disparu. On n’en décompte plus qu’une quarantaine. « Même si on
en vend moins, les gens se précipitent dessus avant de prendre le train »,
confie un employé d’un Relais H de
Le Sudoku et internet
« Ce sont surtout les personnes âgées qui achètent ce genre de revues, les jeunes et les ados n’en achètent pas du tout », assure un libraire de quartier, fort disert sur chaque thème évoqué. Pourtant, à les interroger, les jeunes jouent. M. Goethals toujours : « Toutes les populations jouent au Sudoku, de 10 à 80 ans, toutes les catégories sociales. Les jeunes jouent aussi sur internet ».
C’est donc vers la gratuité des
grilles qu’il faut se tourner et surtout vers internet. Les sites fleurissent
par dizaine sur la toile où sont proposées un nombre infini de parties. Le
leader dans la matière s’appelle e-sudoku.fr et compte 1 236 membres ainsi que
40 000 joueurs qui jouent sur le site chaque jour. Le président
s’enthousiasme : « C’est un phénomène qui nous dépasse. C’est de la
folie ».
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