Les Clash et Indochine version Nouvelle Star
L’émission diffusée sur M6, « A la recherche de la Nouvelle Star », vient de sortir son nouveau CD. Comme par le passé il ne s’agit pas d’une composition originale mais de reprises. Le choix de l’émission de télé-réalité est pour le moins surprenant : Les Clash avec « Should I stay or should I go », et « Le 3e sexe » d’Indochine.
Que les vedettes d’un soir s’attaquent (se brisent) sur le mythique groupe des Clash à de quoi faire sourire. En effet, entre les Clash et la Nouvelle Star, deux idéologies s’opposent.
Groupe majeur de l’histoire du rock, icône du mouvement punk britannique, les Clash méprisent l’argent, le succès et la société de consommation. A plusieurs reprises, le groupe cède une partie de ses droits afin de faire baisser le prix de leurs albums. On est bien loin des SMS surtaxés et des produits dérivés.
Engagés politiquement, ils contestent la monarchie, l’artistocratie. Ils invitent dans l’une de leurs chansons les jeunes à l’engagement politique (White Riot), critiquent le modèle social (Career Opportunities). Les Clash apportent également leur soutien à Sandinista, front de libération national du Nicaragua, nom qu’ils ont d’ailleurs repris pour l’un de leurs albums.
Tout dans l’engagement contestataire des Clash récuse le modèle de la Nouvelle Star : profit, recherche du succès et de la popularité.
Contestataire Le 3e sexe d’Indochine l’est également. Sorti en 1985, taxé d’après Nicolas Sirkis son auteur,de « chanson de pédé », le titre est refusé par de nombreuses radios et maisons de disques. Abordant les thèmes de l’homosexualité, du travestissement, de l’androgynie, il choque et fait scandale. Rappelons que L’OMS vient tout juste de retirer l’homosexualité du manuel diagnostique et statistique des maladies mentales. Ce morceau fut un succès mais il a provoqué, agacé, horrifié une partie de la population.
La version Nouvelle Star de cette chanson culte est pourtant d’une platitude absolue. Le clip nous ressert une succession de clichés, du glam gothique version M6. Cela donne des garçons aux yeux charbonneux pour le côté « garçons au féminin », et des filles qui s’essayent aux vocalises, tout cela sur fonds rouge et noir pour le côté sulfureux.
Présageant sans doute un refus, M6 interactions et le label Vogue ne se sont pas donné la peine de demander l’autorisation aux deux coauteurs, Nicolas Sirkis et Dominique Nicola, pour la reprise de ce morceau.
S’attaquer à des monuments du rock, ou à des titres cultes n’est pas un problème en soi. Nirvana a repris Bowie sans que cela soit un saccage. Mais l’interprétation est consternante et inexpressive. M6 a sans doute voulu briser l’image lisse et inoffensive des ses concurrents. Ils ont tout juste réussi à vider ses chansons de leur substance. Tout ce qu’elles avaient de revendicatives, irrévérencieuses, contestataires et libertines a été staracadémisé... une catastrophe.
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