Les couleurs - 1e partie
Les couleurs correspondent à un grand nombre de choses dans notre langue. Sans faire référence à la théorie des couleurs, élaborée par Goethe, le génie teuton, ni à la chromothérapie, censée soulager des troubles psychiques ou physiques, ni même aux Voyelles d'Arthur Rimbaud, il faut noter que les couleurs symbolisent un grand nombre d'aspects de la vie, du psychisme et de la société. Loteur propose au lecteur curieux ce petit essai, où les couleurs se répondent dans un kaléidoscope infini. Notre vie est couleurs, nous sommes couleurs.
Quand on parle des Bleus, on fait référence aux sportifs français qui, quelle que soit la couleur de leur maillot, sont désignés par cette couleur. « Retrouvez un résumé du parcours des Bleus en 2011, qui s'inscrit dans une série d'invincibilité en cours de 17 rencontres sans défaite », pérore le site de l'équipe française de fouteballe. Les Bleus, bizarrement, sont aussi appelés les Tricolores. Un égale donc trois, comme pour Dieu ; c'est sans doute pour cela que les Bleus sont devenus les dieux du stade.
Le lecteur attentif aura remarqué que 'Bleus' comporte une majuscule à l'initiale. Le bleu symbolise également la droite en politique. D'autre part, bleu, bleusaille sont aussi des mots pour marquer péjorativement quelqu'un qui n'a pas d'expérience. Un bleu est une personne nouvellement arrivée dans une organisation (armée, police...). C'est un bizut, un nouveau. « La bleusaille est arrivée, on va se marrer ». Cela vient de l'argot militaire, où un bleu désignait une recrue (le bleu était la couleur de leur uniforme).
Un très grand nombre d'expressions ou de locutions traditionnelles comprend le mot bleu : sang-bleu (appartenance nobiliaire ; bleu signifie ici l'aristocratie). Le sang bleu des aristos ne se mêle pas au sang pourri des Français selon Carla Bruni, qui est bien informée. Mais pas de veine : le « sang bleu » (en fait rouge violacé) en médecine est le sang veineux impur, désoxygéné, « pourri », donc. Palsambleu ! juron voulant dire : Par le sang de Dieu ! Bleu signifie ici Dieu. Le bleu désigne aussi le ciel ; on parle alors poétiquement d'azur. Théophile Gauthier évoquait l'azur fuyard et insaisissable. Bleu, c'est aussi la mer (la Grande Bleue), et la frontière naturelle qui nous séparait de nos ennemis les Teutons (la Ligne bleue des Vosges).
Casques bleus : forces de l'O.N.U. ; bleu signifie ici la paix. Écran bleu de la mort : plantage définitif du système informatique Windaube ; bleu signifie ici que le système est mort, foutoutt. Cordon bleu : grand cuisinier, bleu est ici synonyme de maîtrise. Train bleu : train de nuit ; bleu veut ici dire la nuit. Quand les Corses parlent de « nuits bleues », ce sont des nuits ponctuées par des attentats à l'explosif ; bleu signifie alors plasticage. Pilule bleue : Viagra ™ © ® : bleu fait ici référence à la puissance masculine. Ballets bleus : « parties fines » réunissant des hommes et des éphèbes [aucune allusion politique] ; bleu signifie ici la pédérastie.
Quand on a une peur bleue, cela veut dire qu'on est sous l'empire d'une grande peur ; bleu indique ici que le sang se fige sous l'effet de la peur. Et quand on dit que les socialistes ont des bleus à l'âme, cela signifie leur âme est blessée ; bleu signifie ici au sens figuré un hématome. Une sorte de bleu qu'apprécie loteur, c'est le bleu d'Auvergne, un fromage avec moisissures ; bleu signifie ici moisissure, c'est-à-dire un champignon microscopique, dont la pénicilline fait partie. Cette moisissure donne une couleur bleu verdâtre au fromage. Il n'y a, à la connaissance de loteur, pas de vin bleu, à part quelques essais en Espagne.
Quand on parle des Verts, par exemple, on fait allusion aux membres d'une secte, qui a commencé à prospérer dans la deuxième moitié du XXe siècle, à savoir la secte Ékollo ou Écolo (les deux orthographes sont admises), émanation probable de la Wicca. Cette secte prône le respect de la Nature, plus exactement de l'« Environnement », et impose tout un tas de restrictions aux braves citoyens qui n'aspirent qu'à vivre normalement.
Le lecteur attentif aura remarqué que 'Verts' comporte une majuscule à l'initiale. Les Verts, qui font imposer des normes de plus en plus draconiennes contre la pollution et le CO2, contre la dispersion bordélique des déchets (atomiques ou ménagers). polluent, eux, sans vergogne et à qui mieux mieux avec leurs voitures, leurs avions ou leurs hélicos qui produisent des tonnes de CO2, quand lesdits Verts se rendent à un de leurs congrès favoris. « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais », telle est aussi leur devise. Les écolos sont comme les pastèques : verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur, comme Dany le Rouge qui est devenu chef de file des Verts (le vert, justement, est la couleur complémentaire du rouge).
Le vert est la couleur de la chlorophylle — qui est le pendant du rouge du sang, c'est la couleur de la nature (feuillage, plantes, arbres, herbes, algues.) Avoir la main verte, c'est être doué pour les plantations. Le vert est curieusement aussi la couleur des chevaux et des juments. En effet, les Japonais appellent 青 馬 (ao ouma) « cheval vert » un cheval à la robe noire tirant sur le bleu-vert, choisi pour certaines cérémonies. De Marcel Aymé, vous aurez sûrement lu et apprécié le roman La Jument verte. Le vert, couleur de la nature bienfaisante, est d'autre part censé avoir un pouvoir apaisant — alors que le rouge est censé exciter. Comme couleur apaisante, le vert est la couleur de l'autorisation, de la permission (feu vert). La plante qui est par excellence associée au vert est la menthe, dont les arômes artificiels parfument nombre de cochonneries vendues par les industries alimentaires. Il n'est pas inutile de rappeler que la menthe est une plante tueuse (elle est bannie par les homéopathes). Détail curieux : la grenouille, verte sous nos latitudes, doit sa coloration à la chlorophylle selon un fameux biologiste — mais nos savants ne sont pas d'accord là dessus.
Le vert est la couleur des martiens (les « petits hommes verts », qui ont une couleur de peau non terrestre) — alors que Mars est surnommé la Planète rouge. C'est la couleur de Green Peace, l'organisation « Paix verte » — alors que les armées pour défendre la paix, elles, adoptent un casque bleu. Le vert est la couleur de l'espoir (alors que les Verts symbolisent le désespoir de la Terre), mais on peut aussi être vert de peur. Le vert symbolise donc la peur. C'est la couleur du diable, souvent représenté en vert, C'est aussi la couleur de la mort, cf. le film « Soleil vert » ; Molière est mort dans un habit vert ; le vert porte malheur au théâtre ; les morts sont représentés avec un teint verdâtre. C'est encore la couleur des poisons et des remèdes (les croix des enseignes de pharmacies sont le plus souvent vertes). Vert signifie aussi dur, sévère : critiquer vertement. Et quand on parle de langue verte, c'est une façon de parler crue, qui ne s'embarasse pas des convenances. Vert signifie ici franc parler. Le vert est également la couleur de l'islam. Bref, comme noté plus haut à propos du bleu, un symbole a une multitude de significations, parfois opposées (énantiosémie).
Symbole de mort, le vert est aussi symbole de vigueur ou de vigueur sexuelle (quelqu'un de vert, le Vert Galant). Le vert signifie également le manque de maturité (fruits verts) et la jeunesse. Quant aux Portugais, ils boivent du vin vert (vinho verde), qui peut être blanc, rouge ou rosé. Verde signifie simplement ici un vin qui doit se boire dans sa prime jeunesse.
Quand on parle des Rouges on fait allusion aux communistes, aux bolcheviks, avec le drapeau rouge de la révolution, teint du sang des ouvriers et des paysans sacrifiés par les grands, les exploiteurs, les capitalistes. Le rouge symbolise la gauche en politique.
Le lecteur attentif aura remarqué que 'Rouges' comporte une majuscule à l'initiale. Les Rouges, les « cocos » ont de tous temps défendu le prolétariat, ce sont peut-être les seuls qui le défendent dans cette ère de mondialisation, dans un combat d'arrière-garde. Encore que...
Le rouge est aussi le signal de la violence, du feu (les véhicules des pompiers sont rouges). C'est le signal de l'interdiction (feu rouge), des ennuis financiers (être dans le rouge), des embouteillages (journées rouges). C'est encore la couleur du danger extrême (alerte rouge), de l'exclusion (carton rouge). Le rouge symbolise la puissance (les voitures rapides sont en général rouges [Ferrari]), mais aussi l'excès. Loteur, qui a une voiture rouge, atteste que celle-ci est souvent visée par les chauffards, qui prennent un malin plaisir à l'emboutir. Cela doit être dû à la nature excitante du rouge. L'assurance de loteur (la Mafia) refuse dorénavant d'assurer son véhicule. Loteur songe à la faire repeindre en vert et va, pour cela, solliciter une aide financière auprès du ministre de l'Écologie.
Comme symbole du feu, de l'embrasement, c'est un symoble duel, qui apporte chaleur et lumière ; c'est la couleur du sang, liquide de vie. Mais aussi, en raison de sa charge d'agressivité, le rouge est symbole de mort et de dévastation. Les magistrats portent la robe rouge dans les affaires criminelles. C'est Le Masque de la mort rouge d'Edgar Poe. La muleta est un morceau de drap rouge que le matador (littéralement le tueur) agite devant le taureau pendant la « faena », ou « travail » avant la mise à mort.
La couleur rouge a été de tous temps, en Occident, le symbole de l'érotisme, de la passion, de l'amour exacerbé : les roses rouges sont symboles d'amour passionné. Le rouge est la couleur de la libido, du plaisir intense, de la violence émotive (être rouge de colère),
Le rouge est la couleur des hautes personnalités devant lesquelles on déroule un tapis rouge, c'est la « pourpre cardinalice », symbole d'autorité religieuse des prélats de l'Église ; mais c'est aussi la couleur des putes et des maisons closes (la lanterne rouge [aucune allusion à une célèbre résidence de l'État]). Le rouge est enfin la couleur préférée de loteur (vins rouges : Bordeaux, Cahors, Buzet, Bourgogne, Irancy, Sancerre… catalogue complet sur demande).
Quand on parle des Roses, on fait allusion non pas aux fleurs, tant célébrées par Ronsard (Mignonne, allons voir si la rose ...) et Malherbe (Et Rose, elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin), mais aux socialistes (les « socs »). Les socialistes ont fait main basse sur ce magnifique symbole. On a vu, on voit et on verra peut-être encore de quoi ont été, sont et seront capables les socs en matière sociale et politique, car il semble de plus en plus évident que le socialisme est la négation de la démocratie — comme pour la plupart des partis politiques d'ailleurs.
Le lecteur attentif aura remarqué que 'Roses' comporte une majuscule à l'initiale. Les Roses se sont depuis longtemps signalés par ce qu'ils appellent une politique « sociale », qui est, semble-t-il plus démagogique ou démissionnaire que vraiment sociale, étant donné le niveau de vie de nombre d'élus roses d'une part, et le paupérisme galopant d'un grand nombre de Français d'autre part. Le rose est d'ailleurs parfaitement compatible avec les ors de la République. En tout cas on peut dire qu'avec les Roses, ce n'est pas la vie en rose.
Le rose est une couleur fadasse (romans à l'eau de rose), ambiguë (triangle rose affecté aux homosexuels dans les camps du national-socialisme allemand). Si Homère a su magnifier l'aurore aux doigts de rose, et donc le lever du jour, symbole d'un jour nouveau, d'une vie nouvelle, cette couleur est surtout une couleur féminine, voire mièvre, girly, destinée aux petites filles. Mais la couleur de Vénus, déesse de la féminité, est le vert.
C'est un symbole d'érotisme aimable (peau rose d'exquises nudités), mais aussi de luxure, voire de pédophilie (minitel rose, ballets roses (avec de très jeunes filles). Un bon rosé de Bandol, un bon Tavel provoquent la seule forme de rose qu'apprécie loteur qui est celle des éléphants roses qu'il aperçoit de temps en temps au plafond.
Quand on parle des bruns, on fait allusion aux « heures les plus sombres de notre histoire », celles que honnissent tant d'associations bien-pensantes et boboïsantes, qui n'ont connu en général de ces heures sombres, de ces mois sombres, de ces années sombres pas le moindre commencement de début de conséquence sur leur famille, leur corps ou leur âme. Pas la moindre misère qui les empêche de digérer leur caviar, leur homard ou leur champagne.
Le lecteur attentif aura remarqué que 'bruns' ne comporte pas de majuscule à l'initiale. C'est que les bruns ont mauvaise presse (allusion aux chemises brunes et au fascisme). N'importe quel néo-crétin, ayant une situation tant soit peu en vue, se fera un devoir de cracher sur les bruns. Tel ou tel animateur de télévision refusera tout net d'inviter un brun à son émission ou comparera une dirigeante politique d'extrême-droite à un étron (humour de perruquier), tel ou tel histrion dénigrera les bruns a priori, tel ou tel homme politique les diabolisera à outrance, etc.
La couleur brune est celle de la nature brute : terre, troncs d'arbre, animaux à fourrure brune, marrons ; c'est aussi celle du chocolat et, révérence parler, celle de la merde. C'est du brun, disent les gens du Nord. Être marron, c'est se faire avoir. Un médecin ou un avocat marron sont des personnes qui exercent irrégulièrement leur profession. En vieux français, un cochon marron était un cochon qui s'était enfui, et qui était retourné à la vie sauvage. Il y a donc un côté fraude, irrégularité dans cette couleur.
Mais, quand on dit d'une fille qu'elle est brune, il faut comprendre par là que ses cheveux et ses poils sont plutôt noirs. Quant à loteur, il apprécie les bières brunes.
(À suivre)
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