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Les liaisons dangereuses du lobbying et de la politique

Les Américains sont-ils condamnés à toujours nous étonner ? On pourrait le penser lorsqu’on voit ces derniers, au détour du scandale qui entoure les aveux du lobbyiste Abramoff, s’interroger sur la culture de corruption qui se serait développée à Washington, sous couvert de lobbying.

Terme anglais, "lobby", signifie, à l’origine, vestibule, puis les corridors de la Chambre des communes britannique, avant de désigner, aux environs de 1830, le groupe de pression qui influence les deux chambres britanniques.

Pudiquement, on parle de pression mais pas de corruption, ce qui implique de rester dans les limites de la légalité. Le mot suppose donc une sorte de collectivité professionnelle, parfois une communauté rassemblée pour défendre un intérêt commun et jouissant d’un certain pouvoir économique ou électoral, et donc d’un moyen de pression sur le gouvernement.

Mais ce système n’est plus l’apanage des Américains. Ainsi à Strasbourg, lieu du Parlement européen où se prennent bon nombre de décisions qui réglementeront l’industrie, l’agriculture, le commerce européens, sévissent de nombreux cabinets de lobbying, chargés de défendre les intérêts de leurs clients et de faire avancer leurs dossiers auprès des plus hautes instances du pouvoir.

Le lobbying vise à établir une communication directe entre ceux qui prennent les décisions, les "décisionnaires", et ceux qui sont concernés au premier chef par l’application de ces décisions. Le lobby existe surtout pour court-circuiter des circuits administratifs jugés trop longs en faisant fi des raisons de leur existence. A ce titre, on peut estimer, comme le journaliste canadien Michel Vastel, que le lobby est le sous-produit naturel d’un Etat qui fonctionne mal, car bureaucratique au mauvais sens du terme. Et plus l’Etat dysfonctionne, plus le lobbying prospère.

Les Anglo-Saxons vont même jusqu’à distinguer les bons des mauvais lobbyistes. D’un côté, les "lobbyistes-éclaireurs" qui, bien que payés par leurs clients, agiraient dans l’intérêt des élus tout en recherchant un équilibre avec les intérêts de l’Etat. De l’autre, les "lobbyistes-manipulateurs" ne seraient guidés que par l’appât du gain.

Trois critères cumulables permettraient ainsi de juger du bon lobbying : la justice (ne léser personne), l’efficacité (permettre aux dossiers d’avancer plus rapidement et efficacement que par le recours aux règles formelles), la solidarité (renforcer le lien entre les citoyens).

Cette recherche de pragmatisme, acceptable sur le papier, l’est beaucoup moins dans les faits lorsqu’elle est confrontée à des enjeux financiers conséquents et à une justice perméable aux interventions de la sphère politique.

L’approche française et latine de la chose publique, la res publica, est singulièrement différente. Elle considère que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers. Elle voit dans le parlement une représentation nationale, et non celle de groupes ou de communautés. Elle sait, enfin, que l’homme est faible, sensible à la tentation, corruptible.

"L’affaire Abramoff" lui donne aujourd’hui raison.

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4 réactions à cet article    


  • (---.---.162.15) 12 janvier 2006 00:08

    Pourtant les parlementaires français sont soumis au lobbying...

    Am.


    • Henry Moreigne HM 12 janvier 2006 09:09

      c vrai mais il ne s’agit pas d’un lobbying officialisé, institutionnalisé.


    • Jip (---.---.34.81) 15 février 2006 09:24

      Je découvre ce site et ses bonnes intentions. Mais celles-ci ne font pas forcément les bons articles. La rigueur conceptuelle et la vérification des sources font le journaliste professionnel. Ici, et dans l’article du même auteur sur la corruption, de bons sentiments républicains tiennent lieu de rigueur. Ca ne suffit pas. L’auteur pourrait-il vérifier dans le dictionnaire le sens des mots qu’il emploie ? Exemple « corruption ». Le lobbying n’a pas pour origine le Parlement anglais, mais la présidence américaine, etc.


      • Henry Moreigne Henry Moreigne 15 février 2006 10:22

        je vous invite à mener vos propores recherches qui vous confirmeront l’origine anglaise du lobbying même si les américains lui ont donné par la suite une dimension plus conséquente. Quant au probléme de corruption je vous invite à consulter le site de l’ONG transparency international.

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Henry Moreigne

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