Les poissonniers de la Ripou-blique

Le Français, tout gaulois soit-il, n’est pas habitué à ce que les membres d’un gouvernement sombrent dans la vulgarité. Il faudra bien qu’il s’y fasse.
Par sur que la République s’en sorte grandie.
Nadine Morano en est l’un des exemples révélateur.
On peut la découvrir, sur cette vidéo, s’en prendre à quelques français de couleur, et leur tenir un discours scandaleux.
Elle est aussi capable d’affirmer à un journaliste « qu’il raconte n’importe quoi », ce dont nous avons la preuve du contraire en regardant cette vidéo.
Mais Morano n’est pas la seule à avoir « une grande gueule », suivant l’expression consacrée, il ne faut pas oublier Frédéric Lefebvre qui n’en est pas à son premier dérapage.
Il fait des bourdes, même lorsqu’il tente de sauver son camps.
Lors de la victoire Algérienne en football (match Algérie-Egypte), Jean Claude Gaudin, en présence d’Eric Besson, avait eu des mots malheureux stigmatisant la communauté française d’origine algérienne.
C’était justement lors du débat sur l’identité nationale, ou pour être sur qu’il n’y ait pas de dérapages, les participants étaient reçus sur cartons d’invitation (en terme de démocratie on a fait mieux).
Jean Claude Godin y avait déclaré :
« Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que, quand après ils déferlent à 15000 ou 20 000 sur la cannebière, il n’y a que le drapeau algérien, et il n’y a pas le drapeau français, cela ne nous plait pas ! ». vidéo
Ce qui a provoqué évidemment une protestation de SOS Racisme, et de la ligue des droits de l’homme. lien
Faire un tel amalgame en mélangeant musulmans et algériens, c’est un peu comme si tous les français étaient forcément catholiques.
Au lieu de laisser Gaudin se dépatouiller avec sa bavure bien mal venue, Lefebvre a enfoncé le clou en assurant qu’il n’y voyait aucune injure.
Il a ajouté : « A chaque fois qu’un homme ou une femme politique de la majorité présidentielle dit quelque chose sur le débat de l’identité nationale, on essaie de déformer ses propos, de les caricaturer, de lui faire dire des paroles blessantes, là ou il dit des paroles d’évidence ». lien
Le moins qu’on puisse dire, c’est que son intervention manquait singulièrement d’habileté, ce qui est un comble pour un porte-parole gouvernemental.
Comment ne pas évoquer dans ce florilège Brice Hortefeux lorsqu’il a lâché son fameux « quand il y en a un çà va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».
Les dérapages, en politique, ne sont pas une nouveauté.
En 1898, Jaures s’est fait frapper dans l’Hémicycle pour avoir traité un député de « misérable », ce qui avait quand même plus de classe que « pov’con ».
Et en 1936 un député nationaliste du nom de Xavier Vallat avait eu ce commentaire, lors de l’élection de Léon Blum : « pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif ».
Certains ne sont pourtant pas dénués d’un certain humour, tel Jacques Chirac répondant à un homme qui l’avait traité de « conard » : « enchanté, moi c’est Jacques Chirac ».
De Gaulle, a qui quelqu’un criait « mort aux cons », répondait « vaste programme », ou Mitterrand invectivé par un « Mitterrand, fous le camp », rétorquait « c’est une rime, mais enfin, une rime pauvre ! ».
A gauche on n’est en reste, tels Jean luc Mélanchon, qualifiant un journaliste stagiaire de « petite cervelle » à la « tête pourrie » ou Georges Frêche, ce baron de l’invective.
Pour une femme portant un tchador, il a déclaré « ne vous inquiétez pas, elle n’a que les oreillons », ou encore, s’adressant aux harkis « vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus jusqu’à la fin des temps. Vous êtes des sous-hommes, vous n’avez aucun honneur ».
Sur ce lien, un florilège de ces déclarations.
Mais la palme revient à notre autocrate présidentiel :
« Ceux qui n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter »…« Ceux qui causent des problèmes en banlieue ce sont les noirs et les arabes »…« Vous en avez marre de toutes ces racailles, et bien on va vous en débarrasser », vidéo
Est-ce la raison de la chute libre de la cote de Sarközi ?
Toute cette vulgarité étalée au grand jour n’a qu’une raison : l’intelligentsia politique est en panne de culture.
Pour y remédier, il suffirait peut-être qu’ils ouvrent des livres d’histoire afin de découvrir que nos anciens maniaient l’injure avec beaucoup plus de classe, et d’humour.
Jean Louis Ezine dans sa chronique du 28 septembre 2010 « complètement livre » évoquait deux livres qui seraient bien utile aux charretiers de la république s’ils veulent améliorer la pratique du juron :
« ta gueule Bukowski », dictionnaire des injures littéraires, de Pierre Chalmin, et « Insultes » d’Arthur Schopenhauer, édition Arléa.
Dans le premier on découvre le sens de l’expression « avoir la croupe en mappemonde », ou même celui « d’avoir la géographie facile ».
On y apprend qu’un « lépreux » est un indicateur de police et qu’une « face de pizza » désigne un eczémateux,
Les écrivains n’étaient pas tendres non plus entre eux : Goethe se fait traiter de patapouf par Barbey d’Aurevilly, qui lui-même se fait traiter d’infection par Sainte Beuve, celui-ci étant qualifié de « roi des imbéciles » par Claudel, qui fut lui-même un « obscur vaseux » dans la bouche de Céline, en qui Elias Canetti ne voyait qu’un « abject paranoïaque ».
La ronde des jurons, chère à Georges Brassens pourrait aussi leur être une source d’inspiration inépuisable.
« tous les morbleu, les ventrebleu, les sacrebleu ou les cornegidouille, ainsi parbleu que les jarnibleu, ou les palsembleu, tous les cristi, ventre saint gris, les « par ma barbe », et les nom d’une pipe , ainsi pardi que les sapristi et les sacristi, sans oublier les jarnicoton, les scrogneugneu, et les bigre, et les bougre, les saperlotte, les cré nom de nom, les peste et les fichtre, et foutre, tous les vertudieu, tonnerre de Brest et les saperlipopette, ainsi pardieu que les jarnidieu et les pasquedieu »
Sur ce lien une explication grammaticale de cette fameuse ronde.
Et comment pourrais-t-on oublier au stade de cette réflexion, les magnifiques jurons du Capitaine Haddock qui font des Sarközi, ou des Frêche, de ridicules petits amateurs.
D’amiral de bateau lavoir, à vieux cornichon, en passant par anthropopithèque, zigomar, zouave interplanétaire, et autres Vercingétorix de carnaval, sombre oryctérope, satrape, sapajou, phylactère ou pignouf, bachi-bouzouk des Carpathes, ce sont pas moins de 402 jurons généreusement mis à disposition de notre classe politique si limitée en vocabulaire.
Mais c’est dans les petites phrases assassines que nos élus se trouvent les plus démunis.
En voici un best-off dont ils pourraient s’inspirer pour parsemer leurs interventions de phrases percutantes :
« Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche » Michel Audiard
« Tous les ans, y’a de plus en plus de cons…cette année, j’ai l’impression qu’il y a déjà les cons de l’année dernière ». Patrick Timsit.
« On ne peut pas juger quelqu’un à ces fréquentations, ne perdons pas de vue que Judas avait des amis irréprochables ». Tristan Bernard
« L’amour…il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. A partir de quoi, il m’apparait urgent de me taire » Pierre Desproges
« Je me sens plus proche d’un juif intelligent que d’un arabe con » Jamel Debbouze.
« Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt ». Coluche.
« La célébrité m’a apporté un gros avantage : les femmes qui me disent « non » sont plus belles qu’autrefois ». Woody Allen
« Il y a deux choses d’infini au monde : l’univers, et la bêtise…mais pour l’univers je n’en suis pas très sur » Albert Einstein
"Je n’oublie jamais un visage, mais je ferais une exception pour vous » Groucho Marx.
« Je déteste les victimes quand elles respectent les bourreaux » jean Paul Sartre
« Je n’aime ni les juifs cons, ni les noirs salauds, ni les racistes sympathiques ». Philippe Geluck
« Les hommes se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tuent » Simone de Beauvoir
« Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue ». Pierre Dac
Nos élus n’ont donc maintenant plus aucune raison de sombrer dans la vulgarité facile.
Pour terminer, au lieu d’utiliser le juron cher à Cambronne, un peu trop radical, je vous propose la parole de mon vieil ami africain :
« Traverse la rivière avant d’insulter le crocodile »
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