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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Libres réflexions sur la peine de mort par Jean-Louis Harouel

Libres réflexions sur la peine de mort par Jean-Louis Harouel

FRANCK ABED MORT

Pendant de longues années, j’ai beaucoup réfléchi sur cette question de la peine de mort. Je n’arrivais pas à trancher et à définir une position claire, nonobstant de nombreuses lectures et réflexions partagées ici ou là. J’estimais que les deux positions étaient légitimes car les arguments présentés, pour défendre les thèses respectives, me paraissaient pertinents. Pour mes trente ans, un ami a eu l’extrême gentillesse de m’offrir un livre philosophique et historique (1). Ce dernier m’a profondément bouleversé et il fait partie pour moi, et de manière incontestable, des ouvrages à posséder. 

C’est ce livre passionnant qui m’a convaincu de la seule possibilité d’appliquer la peine de mort dans le cadre d’une monarchie chrétienne. Je ne défends pas la peine de mort dans l’absolu, c’est-à-dire que si demain un référendum proposait de la remettre à l’ordre du jour, je voterai non pour la simple et bonne raison que je considère qu’elle ne doit pas s’appliquer dans un cadre institutionnel non monarchique et non religieux. Je pense même qu’il serait dangereux d’accorder ce pouvoir à un Président de la République soumis et dépendant du suffrage universel.

J’ai découvert le livre de Jean-Louis Harouel par l’intermédiaire d’un membre de ma famille qui avait eu les mêmes hésitations que moi. Cette lecture m’a littéralement enthousiasmé. Avant toute chose, il convient de présenter rapidement l’auteur. Jean-Louis Harouel, agrégé de droit, professeur émérite de l’université Panthéon-Assas, a publié de nombreux ouvrages dont : Le Vrai Génie du christianismeRevenir à la nationLes droits de l’homme contre le peupleDroite-Gauche : ce n’est pas fini.

Avec cet essai intitulé Libres réflexions sur la peine de mort, l’auteur ne propose pas une défense de la peine de mort, pas plus qu’il ne milite pour son application immédiate. Il s’agit d’un livre qui se propose d’analyser le discours abolitionniste d’un point de vue théologique, philosophique, politique et bien évidemment historique. Dès les premières lignes, il rappelle un fait convenu : « La mise hors la loi de la peine de mort par les pays européens, et par bon nombre de ceux issus de la civilisation européenne, a eu pour conséquence que le sujet y est devenu tabou  ». Il ajoute même que « le caractère inadmissible de la peine de mort est une vérité de foi. On n’a plus le droit d’en parler de manière libre et curieuse, en cherchant à se faire son opinion. L’idée même de la peine de mort fait l’objet d’une anathématisation incantatoire ».

La République en France se réclame toujours d’être la patrie de la Liberté et de l’Egalité voire même de la Fraternité, selon le fameux triptyque inscrit au frontispice de nos bâtiments officiels. Pourtant, l’auteur note avec raison que «  le débat est clos. Et, sur ce point tout au moins, tout est bien dans le meilleur des mondes. Or, il est antidémocratique que l’on ne puisse plus débattre en France de la question de la peine de mort. Comme le résumait en une belle formule le prix Nobel d’économie Maurice Allais, la démocratie, c’est la libre concurrence des opinions ». Cependant, tout le monde sait bien que c’est faux. Depuis quand la République et la Démocratie en France promeuvent-elles les libertés ? Tout le monde se souvient de l’adage révolutionnaire : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Sans compter les lois mémorielles et celles empêchant la liberté de recherche et de pensée (2) … 

Ainsi, il n’est guère étonnant de lire le propos suivant qui est une nouvelle fois factuel : « A de rares exceptions près, les livres - même de très grande qualité - consacrés à la peine de mort au cours des dernières décennies relèvent de l’histoire sainte, du récit édifiant. L’idée générale qui guide les auteurs de ces livres est toujours la même : l’abolition est sainte et Badinter fut son prophète  ». Harouel poursuit sa réflexion de cette manière : « Non seulement il est antidémocratique d’interdire de rouvrir le débat sur la peine de mort, mais encore c’est une prime à l’obscurantisme, une invitation à ne pas réfléchir, à consommer des idées toutes faites ».

L’auteur prend le temps d’énoncer ce qui suit : « La peine de mort est en elle-même une chose finalement banale. Elle est aussi vieille que les sociétés humaines et aucune civilisation ne l’a ignorée. Ce qui est profondément original, en revanche, c’est que ce soit formé depuis deux siècles en Europe occidentale un courant de pensée contestant la peine de mort dans son principe et réclamant sa disparition ». Harouel précise cette idée : « Jusqu’au deux tiers du XVIIIe siècle, tous les auteurs, de Saint Augustin à Diderot, Voltaire et Rousseau, ont défendu la peine de mort. Beccaria, on le sait, fut le premier auteur à réclamer sa suppression  » (3).

En France, Hugo « s’affirme comme un abolitionniste radical  ». Harouel analyse le livre Le Dernier jour d’un condamné pour démontrer « que Hugo met son immense talent littéraire au service d’un projet politique ». Il cite cette phrase : « la cause d’un condamné quelconque, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque ». Harouel dit bien que Hugo était libre de ses choix littéraires en matière de roman, cependant la façon dont il présente les choses, à l’aune de cette dernière citation, montre que le raisonnement de base est volontairement biaisé…

Harouel écrit : « Pour ce faire, le procédé utilisé est de focaliser l’attention sur un condamné à mort dans la terrible attente de son exécution. Le livre n’est fait que des impressions, des sentiments, et des idées d’un homme face à l’imminence de sa mort annoncée. On ne reçoit aucune information sur son crime, et donc sur les raisons qui ont entraîné sa condamnation ». Effectivement un crime ne peut pas être défini comme quelconque et c’est la nature du forfait qui détermine la peine. Evacuer le meurtre ou le crime revient à éluder la question essentielle de la peine capitale. 

Dans la droite ligne de Rousseau, qui considère que les Hommes sont bons par nature, les abolitionnistes estiment que « l’assassin est la vraie victime : considéré comme le produit de la société, qui serait donc le vrai coupable, le crime est comme oublié. Ce qui compte vraiment c’est le sort de l’assassin  ». Il est quand même honteux de penser qu’une classe sociale prédispose aux actes les plus vils : « Commettre des crimes serait la conséquence automatique de l’appartenance à un milieu défavorisé ou de la carence de la famille. Le criminel serait donc en réalité innocent de ses crimes. Le criminel serait donc une victime de la société, coupable de ne pas l’avoir éduqué et/ou de ne pas lui avoir procuré de travail  ». Harouel constate que « Hugo a été le pionnier de cette idéologie » qui nie le libre arbitre de l’homme, comme si les choses étaient prédéterminées, comme s’il existait une prédestination de classe au crime. 

Harouel pointe aussi les incohérences des partisans de la non application de la peine de mort : « La contradiction morale entre le refus de la peine de mort et la valorisation de l’avortement est une évidence. Il y a là un illogisme total. D’un côté, on refuse de tuer de grands criminels ayant accompli des actions atroces, d’un autre côté, on autorise la mise à mort d’être innocents en train de se former dans le ventre maternel ». L’auteur analyse également les racines religieuses et théologiques de la cause abolitionniste qui remontent à la gnose et au millénarisme. Ces passages sont très intéressants car ils décryptent la racine de cette pensée, tout en expliquant les bases intellectuelles du droit contemporain. Cette démonstration imparable permet de saisir les manquements de la Justice contemporaine dans ses nombreuses et multiples applications.

En guise de conclusion, nous citons une nouvelle fois Harouel qui exprime une idée pleine de bon sens : « Ne pas risquer d’être puni de mort, même après avoir commis un crime monstrueux, est aujourd’hui un droit de l’homme…  »

 

Franck ABED

 

(1) La Royauté sacrée : du pharaon au roi très chrétien de Jean Hani, ouvrage publié en 1984

(2) Loi Pleven de 1972 ; Loi Gayssot de 1990 ; Loi Taubira de 2001 ; Loi Alliot-Marie de 2005

(3) Des délits et des peines de Cesare Beccaria, ouvrage publié en 1764


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21 réactions à cet article    



    • Gabriel Gabriel 4 avril 2020 11:46

      La peine de mort sous droit divin, enfin d’une monarchie chrétienne dites vous. On crois rêver de lire de telles aberrations. Ceci dit, rassurez vous, même aujourd’hui on trucide au nom de Dieu... Dieu a toujours été le paravent utile pour les idiots et les assassins afin qu’ils puissent se dédouaner de leurs exactions...


      • babelouest babelouest 4 avril 2020 12:29

        Dans le cadre d’une société, qu’est-ce qui est important ?

        A mon avis c’est relativement simple. Quelqu’un qui a commis quelque chose de terrible contre la société, terrible tel que cela a été établi et prouvé par un groupe choisi de cette société, DOIT ne plus le faire à l’avenir, il faut qu’il n’ait tout simplement, et quelles que soient les circonstances, plus la possibilité de le faire.

        S’il faut pour cela qu’il soit emprisonné dans un lieu d’où il est vraiment impossible de sortir, cela suffit. En revanche, cette condition doit être absolument inéluctable quels que soient les changements de la société. Peu importent les moyens de rendre cette situation définitive, en fait. Mais cela doit pouvoir s’appliquer à des personnes qui actuellement sont exemptes de ce genre de peine, comme les grands criminels en col blanc. L’important est qu’ils ne puissent plus JAMAIS nuire.

        Je pense que malheureusement ce n’est pas ainsi qu’habituellement on raisonne.


        • Jonas 4 avril 2020 17:06

          A l’auteur ,

          En fait, vous êtes pour la peine de mort mais vous n’avez pas le courage de le dire ouvertement. Pour cela, vous invoquez l’avortement , que vous assimiler à la peine de mort, La majorité des femmes qui ont recours à l’avortement ne le font pas de guetter coeur et beaucoup restent traumatiser à jamais. 

          Non ! la peine de mort est une barbarie , comme l’esclavage, il n’ y a pas de retour en arrière. 

          Ps : Je suis un peu surpris , que vous abordiez le sujet de la peine de mort , en ces moments difficiles où des femmes et des hommes se battent au péril de leur santé et même de leur vie pour sauver leurs semblables sans distinctions.  

          Profitez de votre confinement , pour lire ou relire « Le dernier jour d’un condamné » de Victor Hugo. 


          • Franck ABED Franck ABED 6 avril 2020 08:43

            @Jonas
            Vous êtes un menteur ou une personne qui ne lit pas, ou qui ne comprend pas ce qu’elle lit. J’exprime très clairement ce que je pense dans cet article.


          • Jonas 6 avril 2020 13:12

            @Franck ABED

            Justement , c’est parce que vous ne vous exprimez pas clairement, que je vous interpelle. 

            Moi, je suis contre la peine de mort. 

            Etes -vous oui ou non contre la peine de mort ? 


          • Franck ABED Franck ABED 6 avril 2020 13:28

            @Jonas
            Je me cite : «  C’est ce livre passionnant qui m’a convaincu de la seule possibilité d’appliquer la peine de mort dans le cadre d’une monarchie chrétienne. Je ne défends pas la peine de mort dans l’absolu, c’est-à-dire que si demain un référendum proposait de la remettre à l’ordre du jour, je voterai non pour la simple et bonne raison que je considère qu’elle ne doit pas s’appliquer dans un cadre institutionnel non monarchique et non religieux. Je pense même qu’il serait dangereux d’accorder ce pouvoir à un Président de la République soumis et dépendant du suffrage universel. »


          • Jonas 8 avril 2020 08:45

            @Franck ABED

            Bonjour.

            Tous les pays de l’Union européenne ont aboli la peine de mort et parmi ces pays 10 , sont des monarchies chrétiennes héréditaires.
             
            -Royaume de Belgique 
            -Danemark
            -Espagne
            -Luxembourg
            -Monaco
            -Norvège
            -Bays-Bas
            -Suède
            -Grande-Bretagne ( Brexit) 
            -Liechtenstein 
            Que pensez-vous ? 


          • Franck ABED Franck ABED 8 avril 2020 08:59

            @Jonas
            Beaucoup de monarchistes protestantes ou d’influence protestante
            Aucune ou presque ne dispose du pouvoir institutionnel
            Ce n’est pas nouveau que l’Eglise  et je le regrette  a baissé le pavillon devant la modernité !


          • Esprit Critique 4 avril 2020 18:34

            D’un point de vu strictement philosophique , la peine de mort n’est pas acceptable.

            (On ne peut pas ’s’autoriser ce que l’on ne voudrait surtout pas que l’on nous fasse).

            Au plan pratique et concret de la vie en société de très grands groupes humains c’est une nécessité absolue. (Les états par leurs armées et services secrets tuent régulièrement sans que personne ne trouve a redire)

            L’abolition officielle de la peine de mort, quand Hollande, comme d’autres avant lui, reconnait avoir ordonné de buter quelques types, est une hypocrisie crasse.

            La peine de mort doit être officiellement rétablie.

            Elle est un outils ultime de sauvegarde des démocraties face par exemple au Nazislamisme.

            Tout est dit.


            • Esprit Critique 5 avril 2020 09:38

              @oncle archibald
              Je parle ici,  de façon volontairement extrêmement concise, du principe de la peine de mort. Vous parlez d’autres choses, libre a vous de croire .... Au fait vous êtes pour , contre , avez vous déjà réfléchi sur le sujet ?


            • caillou14 rita 5 avril 2020 08:01

              Des assassins sont enfermés à vie aux frais de la princesse, alors que dans nos rues des innocents sont condamnés à la peine de mort (SDF) plus de 400 exécutions par an ?

               smiley



                • sylvie 6 avril 2020 17:34

                  Toutes personnes pour la peine de mort devrait aussi s’engager à devoir l’exercer de sa main.


                  • xana 6 avril 2020 20:24

                    @sylvie’
                    moi, OUI JE M’Y ENGAGE.
                    Mais je veux avoir le droit de retrait :
                    Je n’accepterai jamais d’exécuter un « serial killer » : Ces gens-là ne sont que des malades mal soignés ou trop tôt relâchés : C’est la société qui n’a pas fait son travail par pingrerie ou [ar lâcheté.
                    Je n’accepterai jamais d’exécuter des auteurs de crime passionnel, si horrible soit-il.
                    Je n’accepterai jamais d’exécuter des criminels poussés par la misère ou par une éducation défectueuse.
                    En fait, je n’accepterai d’exécuter que des « cols blancs », s’ils sont responsables de la misère d’autrui. J’exécuterai volontiers les journalistes propagandistes, les hommes d’affaire véreux, les politiciens mafieux ou simplement corrompus.
                    Ces gens-là ont goûté au pouvoir et n’y renonceront jamais. Ils savent se servir de la corruption et n’y renonceront jamais non plus. Ils vivent une vie confortable, luxueuse et passionnante à laquelle ils ne renonceront pas. Ils resteront une menace pour la société jusqu’à leur mort.
                    Ils doivent être détruits, sans cruauté inutile mais aussi sans pitié.
                    Si le peuple français est trop veule et si personne ne se propose, je m’engage à faire le bourreau pour la France, quitte à me tuer au travail.
                    Voila.


                  • foufouille foufouille 6 avril 2020 20:28

                    @xana

                    sauf que tu n’es pas en france .............


                  • xana 6 avril 2020 21:22

                    @foufouille
                    Oui, mais je peux revenir.
                    Et je ne demanderai pas qu’on me rembourse, je le ferai gratis, et avec plaisir.


                  • Franck ABED Franck ABED 7 avril 2020 09:12

                    @xana
                    «  En fait, je n’accepterai d’exécuter que des cols blancs »

                    Comment feriez-vous ?


                  • xana 7 avril 2020 09:51

                    @Franck ABED
                    Simple. D’après le jugement.


                  • Franck ABED Franck ABED 7 avril 2020 10:13

                    Balle ? Corde ? Lame ? Comment ?


                    • xana 7 avril 2020 12:00

                      @Franck ABED
                      Ca vous intéresse ? Moi pas.
                      J’ai une conscience, moi, et j’exige de décider moi-même à qui je donnerais la mort. Quant au moyen je m’en moque, pourvu que ce soit rapide et définitif, et cela plutôt pour le confort du condamné.

                      La vraie question ici est que personne n’ose se révolter, personne n’ose dire que les traîtres devront être tués. Braves moutons, qui vous laissez tondre, mais qui laissez aussi la tyrannie régner pour ne pas vous salir les mains. Ils s’imaginent qu’ils pourront interdire à un Macron de magouiller sans voter sa mort. Mais en imaginant qu’il soit jeté en prison, combien de semaines lui faudra-t’il pour en sortir, avec tous les soutiens, toutes les complicités et tout l’argent nécessaire ? Notre « démocratie » n’est qu’un masque, l’argent et la corruption font tout. Non, il faut le tuer, lui, ses complices et ses pourvoyeurs de fonds. Sinon demain tout sera à refaire...

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