« Loin de la foule déchaînée » de Thomas Vinterberg. On pouvait faire mieux

Nous sommes dans la campagne anglaise du 19ème siècle, en pleine période victorienne. Bathsheba Everdene, jeune femme à première vue indépendante, hérite de la ferme de son oncle qu’elle se doit de gérer. L’histoire se compliquera bien vite à cause de nombreux prétendants…
« Loin de la foule déchaînée », c’est avant tout le portait d’une femme libre dans un univers dominé par les hommes. Batsheba Everden est une féministe avant l’heure.
Mais la réalité va apparaître bien différente, car si la jeune femme tient absolument à conserver son indépendance, elle est en réalité tiraillée entre plusieurs hommes. Et comble du comble, elle craquera au final comme une midinette sur le belle tenue d’un militaire, qui se révélera vite être un personnage totalement vil.
On a d’ailleurs du mal à croire à ce coup de foudre avec un type aussi insignifiant interprété par un acteur d’une rare médiocrité (Tom Sturridge). Si on y ajoute un charisme à peine plus perceptible que celui des moutons du film, vous aurez compris qu’il est bien difficile pour un spectateur de croire qu’une femme avec un tel caractère puisse tomber amoureuse d’un tel énergumène.
On peut aussi regretter que l’actrice Carey Mulligan renvoie une image trop douce, voire fade par instant, pour interpréter une femme au caractère si bien trempé.
Les deux autres acteurs principaux de ce film se montrent bien plus crédibles.
C’est tout d’abord Michael Sheen, excellent et émouvant dans son rôle de riche propriétaire solitaire qui tombe sous le charme de sa belle voisine.
Mais celui qui crève l’écran dès les premières images c’est bien entendu Matthias Schoenaerts, remarquable de bout en bout en homme fort et sensible à la fois, en protecteur et ange gardien de celle qu’il aimera pour toujours, et ça on le comprend dès le début.
La lumière du film est remarquable, ce qui donne encore plus de valeur à des extérieurs de toute beauté. On est conquis par la splendeur des paysages de la campagne du Dorset. Les scènes de moisson sous un soleil radieux ou la tonte des moutons sont dignes des plus belles toiles de maître.
Mais en dehors d’un esthétisme remarquable, ce film manque de passion, que ce soit dans sa réalisation ou dans la profondeur des personnages. On a parfois le sentiment que les scènes se succèdent de façon un peu mécanique, que tout cela manque de souffle, d’âme, de lyrisme. L’ensemble manque de relief, on a le sentiment que l’histoire n’a été traitée qu’en surface. On aurait aussi aimé que le réalisateur s’attarde une peu plus sur le caractère des principaux protagonistes.
Il suffit de comparer cette adaptation avec une autre de l’oeuvre de Thomas Hardy : « Tess » (1979) de Roman Polanski, pour comprendre ce qu’aurait pu être ce film.
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