M6 dans le champ sans fin de la télé-réalité
Hier soir, M6 nous a offert un spectacle champêtre que les assidus de la télé-réalité attendaient avec impatience : « L’amour est dans le pré... la suite ». Mais histoire d’amour ne rime-t-elle pas exagérément avec histoire d’audience en cette période d’été ? Et comment M6 fait-elle face à TF1 et à son attractive et voyeuriste « Ile de la tentation » ?
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Loin de véhiculer une image provocatrice ou de heurter les plus jeunes oreilles par un langage cru et volontairement choquant, « L’amour est dans le pré » joue plutôt la carte du bucolique et du romanesque. Il y a huit mois, M6 nous livrait déjà un premier épisode : un amuse-gueule qui incitait à poursuivre le repas jusqu’au dessert. Et c’est bien là d’ailleurs le secret de la télé-réalité : savoir fidéliser, voire rendre addicts les téléspectateurs ! Au cours d’une émission en région, Véronique Mounier, toute nouvelle Madame Cupidon, nous présentait dix agriculteurs célibataires à la recherche de l’être aimé, par des interviews vérités et des mini-reportages. A la suite de cette diffusion, les lettres coup de cœur ont abondé. Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin, s’est judicieusement interrogé M6. Fort d’un premier succès, la chaîne a donc décidé de poursuivre l’expérience, en accompagnant ses hommes esseulés dans leur choix amoureux et en les filmant lors de leur rencontre avec deux prétendantes.
Petit décryptage d’un concept intelligemment mûri. En effet, M6 se sert de phénomènes de société : la désertification des campagnes, la fuite de la jeunesse vers les grandes agglomérations, la vision vieillissante du métier d’agriculteur, l’isolement social de jeunes gens passionnés par la terre et la délicate confrontation monde urbain/monde rural... pour alimenter sa télé-réalité estivale. Tous les ingrédients sont réunis pour séduire les téléspectateurs sentimentaux : le générique où deux pâquerettes s’entremêlent pour ne former qu’un tout, l’écoute de You’re beautiful de James Blunt, les confidences au coin du feu, les premières larmes, et même la naissance impromptue d’un veau. Les caractères de chaque agriculteur sont également bien moulés, peut-être malgré eux, si bien que les images laissent apparaître des agri-catégories : le « marrant » qui croit que l’humour est la clé de la séduction, le « timide » sentimentalement apeuré et fragile qui ne cherche que des bras protecteurs, « l’aventurier » au grand cœur qui n’accueillerait pas une femme sans un bouquet de fleurs des champs et le « traditionnel » qui souhaite reproduire le schéma de couple de ses parents. Jusqu’aux dernières minutes de visionnage, tous les montages ont été conçus pour allécher, attiser la curiosité et provoquer un réflexe : s’installer confortablement dans son fauteuil, se munir de sa télécommande et sélectionner M6 pour occuper ses jeudis soirs.
« L’amour est dans le pré » est donc une sorte de « Bachelor » rural, où la marguerite a remplacé la rose rouge. Un besoin d’authenticité qui répond aux envies de nombreux citadins qui, en période estivale, souhaitent s’évader de leur atmosphère polluée, pour visiter les cœurs et les fermes des différentes régions de France. A suivre, les prochains épisodes pour savoir si M6 a eu raison de jouer l’atout cœur pour sa grille d’été !
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