Ma liste du Rock des années 2000
Les années 2000 n’ont pas révélé de grands artistes de rock. Oui, je sais, je snobe les culturocrates de Télérama et des Inrocks, eux qui savent détecter les génies trempés façon Muse, Franz Ferdinand, Artic Monkeys et autres Coldplay. Ils sont abonnés au transmusicales de Rennes et au printemps de Bourges. Ces journaux s’y connaissent, disposant des meilleurs critiques. Une mécanique parfaitement réglée. Le jour où on verra un journaliste des Inrocks à un festival de rock progressif, alors on pourra annoncer cet événement comme un véritable séisme. France Inter aussi, sait détecter les talents. J’ai pourtant quelques doutes et j’exprime ma compassion pour Bernard Lenoir qui, tel un prêtre officiant à la messe en lisant les Evangiles alors qu’il ne croit pas un seul mot de ces histoires et a perdu la foi en Dieu, s’efforce de convaincre l’auditeur qu’il vient de découvrir la perle rare du moment, le groupe qui étonne, alors qu’en vérité, ce n’est que le centième représentant d’une pop rock redessinant le genre en jouant les mêmes accords mais en mettant un peu de vocalise et de bruitage pour faire du neuf. Bernard Lenoir s’était pourtant signalé en retransmettant un concert des Joy Division en 1979. Mais depuis qu’il s’est mis a fréquenter les Inrocks, ça ne l’a pas arrangé. Je me passerai donc de France Inter et des journaux prescriptifs pour bobos en mal de sensations musicales pour dresser une courte liste de mes coups de cœur pour quelques artistes des années 2000.
A dire vrai, je n’ai pas vu apparaître d’artistes majeurs mais comme je ne suis pas de très près l’actu, alors on ne prendra pas mon avis comme un verdict avisé. Disons que je présente quelques groupes importants dont le point commun est d’avoir sorti au moins trois excellents disques et de s’être formés au milieu de la précédente décennie, celle des années 1990.
Placebo. Un groupe qu’on ne présente plus. Je le mets dans la liste parce qu’il est le plus intéressant par sa poétique lyrique, désespérée, péchue et quelque part, Placebo c’est un peu les Cure des années 90 et 00. Bon, c’est vrai, je me suis contredit en mentionnant ces artistes fort prisés de Bernard Lenoir et des Inrocks mais comme dit l’adage, l’exception confirme la règle de mes préférences esthétiques de mélomane.
Porcupine Tree. Voilà un groupe intéressant, original, innovant, malgré quelques récupérations de plans déjà entendus, de Floyd à Gong. Mené par Steve Wilson, magicien des claviers et du reste excellent guitariste et non moins talentueux compositeur, le groupe Porcupine Tree a offert une bonne dizaine d’album, avec une période space rock et une autre assez sombre virant vers une sorte de métal progressif fusion existentiel.
IQ. On ne présente pas le groupe IQ. Un peu l’exception puisqu’il a débuté pratiquement en même temps que Marillion. D’où son classement dans le genre néo prog. Après deux albums à la Genesis, IQ s’est fourvoyé dans des expérimentations plus proche du pop prog. Pour ensuite renaître après un long passage à vide avec l’album Ever où on retrouve le IQ des débuts avec un style plus épuré mais très efficace, ambiance prog symphonique, superbes compositions. Et depuis, quatre autres chefs-d’œuvre dont trois parus dans les années 2000.
Arena. Rien de spécial à dire sur Arena sinon que ce sont les proches cousins de IQ et que leur rock progressif est sans faute. Du prog de chez prog avec une instrumentation sans faille qui pourra déplaire pour son aspect formel et son manque d’improvisation. Mais le bassiste. Etonnant de dextérité. Qui rappelle parfois le bon vieux temps de Squire.
Symphony X. Avec ces Américains virtuoses, nous entrons dans un autre genre, celui du métal progressif. Pour faire simple, c’est du prog joué plus rapidement avec une section rythmique qui cogne sec. Le métal prog est au prog ce que Wagner est à Brahms. Oui, je sais, cette formule ne passera pas à la postérité mais il faut bien tenter quelques effets de style. Car du style il y en a chez Symphony X dont les albums se veulent concept, évoquant parfois d’Antiquité. Michael Romero, le guitariste, a grandement contribué à la notoriété du groupe. C’est hallucinant de virtuosité et ça part dans tous les sens. A recommander mais pour un dîner romantique, je préconise du Brahms ou alors quelques morceaux choisis de krautrock.
Opeth. Encore du métal mais cette fois expérimental, free, inventif et complètement dépaysant. Opeth est sans doute le groupe des années 2000. Sans avoir connu le succès commercial. Juste quelques succès d’estime comme on dit mais ceux qui connaissent le succès international sont le plus souvent surestimés et surfaits par une activité de promo soutenue. Fondé par le génial Mikael Akerfeldt dans les années 1990, Opeth a publié quatre albums remarquables mais c’est à partir de Blackwater park que ce groupe prend une dimension carrément divine. Des œuvres noires et lyriques, sombres et labyrinthiques, le summum de l’inventivité pour ne pas s’ennuyer et se délecter de paysages sonores violemment exécutés avec un lyrisme détonnant. 5 chefs-d’œuvres parus dans les années 2000.
Therion. Voilà les égaux de Opeth, suédois eux aussi et tout aussi inventif dans un style qui bien qu’appartenant au métal, a su de dégager des sonorités épiques, pompières et ennuyeuses qu’on trouve chez Rhapsody. Therion propose du métal carrément symphonique, avec dans les dernières productions des musiciens classiques et même un orchestre. Rien à dire de spécial. C’est génial, divinement composé et exécuté, avec un leader, Cristofer Johnsson, qui assure la continuité de ce groupe qui comme bien d’autres, a connu quelques modification de line-up. Si Wagner était vivant, il aurait copié Therion sans aucun doute, tout comme Orff qui verrait dans cette musique métallique une continuation post-moderne de son Carmina Burana.
Que rajouter de plus. J’ai omis pas mal d’artistes. Les années 2000 n’ont pas démérité si on les compare à la décennie précédente. Le prog a fait bonne figure. Pendragon, mais aussi les Mexicains de Cast, les Français Taal, Halloween, les Italiens de la Torre del Alchimista. La liste est étendue, avec Shadow Gallery, tout aussi intéressant que Symphony X dans le métal prog.
A souligner, la faible productivité de ces artistes, hormis les très prolixes Cast. Rien de commun avec les seventies. Crimson, Led Zep, Floyd, Uriah Heep, Deep Purple, Genesis, Yes, VDGG, Tangerine Dream, Schulze, c’était une moyenne d’un album par an. C’était le signe d’une explosion inventive. Les groupes des années 2000 signent un album tous les deux ou trois ans. Il y a matière à réfléchir. Il fallait le noter et le dire !
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