Magnifique Art Modeste !
L’art modeste, ça ne vous dit rien ? Pourtant, sans le savoir, vous êtes surement l’un de ses adorateurs.
Avez-vous déjà reçu un grand choc esthétique devant une lampe en coquillages ? Êtes-vous capable de rester en extase devant une enseigne de boucherie ou le motif d’un papier cadeau ? Vous pâmez-vous devant des logos de boîte de sardine ?
Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, vous en êtes !
Nous sommes nombreux à vénérer secrètement ces petits objets du quotidien qui embellissent la vie de leur présence discrète. L’artiste Hervé di Rosa, qui collectionnent depuis les années 60 les bateaux en bouteille a théorisé le concept d’art modeste.
L’art modeste, nous dit Hervé di Rosa, « c’est une cohorte hétéroclite de petits objets, d’images, d’installations, d’aménagement de jardin, de petites choses, d’images laissées-pour-compte, compagnons de la vie quotidienne, œuvres créées pour embellir la vie industriellement ou par la folle passion du premier venu et qui trouvent désormais une inespérée et audacieuse consécration ».
Le territoire de l’art modeste est donc à la périphérie de beaucoup d’autres : art traditionnel, décoratif, graphique, religieux…
C’est « un art qui fait battre le cœur » et qui empreinte les chemins de la nostalgie, de l’enfance et de l’humour. Mais attention ! Pas un humour du second degré. Pas de kitch dans l’art modeste ! Juste l’envie de rendre la vie plus belle, sérieusement, avec application.
L’art modeste est à la lisière du sacro-saint « bon goût ». Pour ma part, j’adore sans honte : les papiers peints, les figurines en plastique, l’art postal, les emballages de clémentines… Et je l’avoue, j’ai mille fois plus d’émotions devant un panneau de coiffeur africain que face à un tableau de Tapies.
Arthur Rimbaud lui-même, dans Alchimie du verbe le confesse : « j’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéra, vieux refrains niais, rythmes naïfs ».
Et cet art modeste peut aller très loin…
Bon, je sais, les tatouages sur dents ou la peinture sur chat sont un peu difficiles d’accès. Vous noterez que le chat de la photo n’a pas l’air, lui non plus, totalement convaincu par ce superbe maquillage facial façon arc-en-ciel… pourtant, il saura gré un jour à son maître de l’avoir choisi comme muse… un peu comme Kiki de Montparnasse pour Man Ray. Mais pardon, je m’égare ! L’artiste modeste n’a que faire de la reconnaissance, de l’argent ou de la postérité ! Il œuvre tranquillement dans son coin pour le seul plaisir de faire « joli » et « agréable ».
C’est ce que je préfère dans l’art modeste. Il y a quelque chose de très fort, de très touchant dans cette volonté sans limites et sans normes de faire des objets plaisants, dans la marge, sans attendre de retour. D’ailleurs, en cadeau Bonux (à ranger aussi dans les objets d’art modeste…), un petit film maison, œuvre d’art cinématographique modeste s’il en est !
Le MIAM, musée d’art modeste est à Sète. www.miam.org
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