Manga : Bouddha
La parution du huitième et dernier tome de bouddha est l’occasion de faire un point sur la série de Tezuka Ozamu.
Qui est Tezuka Ozamu ? C’est tout simplement l’inventeur du manga moderne et de l’animation japonaise moderne. L’équivalent d’Hergé et Disney réunis. Décédé à l’age de 71 ans en 1989, Tezuka a laissé une œuvre colossale. 150000 planches dessinées, 400 albums publiés, 21 séries TV d’animation, 12 téléfilms, 17 films et 8 vidéos. Après un doctorat de médecine, Tezuka s’oriente vers le manga. Il révolutionna le shonen (manga pour adolescent) avec la Nouvelle Ile au Trésor par une narration densifiée et une mise en scène très inspirée du cinéma. Il inventa le shojo(manga pour jeunes filles) avec Prince Saphir. Il publia nombre de josei (manga pour femmes matures) et seinen( manga pour hommes matures ) et bien sur nombre de manga pour enfant. En animation il se distingua par une mise en scène proche du cinéma en prise de vue réelle, une production à coût réduit (peu d’images par secondes mais compensée par des mouvements très réalistes). Il réalisa également le premier long métrage érotique animé (Cleopatra).
Devant cette pléthore d’œuvres, le style graphique de Tezuka, très rond inspiré des cartoons américains des années 40, même s’il a quelque peu évolué au cours du temps donne toujours l’impression (à tort) d’avoir affaire à une BD pour enfant. Bouddha fait rétrospectivement partie de la catégorie seinen, c’est-à-dire manga pour adulte plutôt masculin.
Bouddha est la biographie romancée de l’homme du même nom. Plutôt qu’une suite de hauts faits, Tezuka prend le temps de poser le contexte de la société indienne de l’époque dominée par 4 castes qui sont par ordre d’importances : brahmanes (religieux), saigneurs, commerçant, esclaves (dans le sens antique du terme et dont on s’aperçoit qu’ils ne sont pas très différents des salariés de notre époque) et les hors castes (guère plus considérés que les animaux). Le futur Bouddha né à la fin du premier tome ce qui donne une idée de l’importance du contexte politico-social développé par l’auteur. Tezuka nous fait comprendre comment un prince a abandonné sont pays et sa femme en quête d’autre chose tant spirituellement que dans l’organisation de la société. Après avoir essayé les religions locales et avoir failli mourir d’ascétisme, il parcourra le pays pour diffuser son enseignement souvent empreint de bon sens et d’humanisme. Les bases de l’enseignement de bouddha sont les quatre nobles vérités (tenant en quatre phrases) qui visent à supprimer la douleur humaine). On comprend comment une religion sans divinité mettant l’homme en son centre a pu se développer non sans mal, en répondant aux aspirations de l’époque (-600 avant JC).
Loin d’être ennuyeuse, la narration alterne aventures, réflexions et humour (anachronismes et auto-caricature). L’auteur a choisi de traiter son sujet avec humanisme sans cependant tomber dans le piège du mélodrame.
L’adaptation française est malheureusement médiocre. Publiée dans le sens de lecture occidental qui entraîne d’insolubles problèmes de symétries : problème de fluidité des pages, flèche plantée dans le cœur droit,... Nombreuses coquilles (surtout dans le deuxième tome), papier trop transparent, traduction très libre (Clinton ou Zidane sont cités alors que le manga date des années 70).
Bouddha. Huit tomes. Editions Tonkam.
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