« Michel for ever » en triomphe au Poche Montparnasse
Voici donc ce premier hommage scénique célébrant l’artiste Michel Legrand grâce à un kaléidoscope ou patchwork de cent minutes, concocté en trois semaines par Stéphan Druet & Daphné Tesson à la suite de la disparition du compositeur en janvier 2019 et qui atteint d’emblée la juste euphorie suscitée par son œuvre musicale en plein osmose avec l’univers du cinéaste Jacques Demy.
Au Théâtre de Poche Montparnasse, repris depuis 2012 par Philippe Tesson ayant su, en déléguant les rênes de la direction, lui donner une telle impulsion que ce lieu est devenu un must de la création théâtrale ainsi qu’un lieu intimiste et convivial se prêtant à tous les défis artistiques autour du texte, Stéphan Druet y était déjà en 2018 récompensé par le Molière du spectacle musical pour « Histoire du soldat ».
Et voilà qu’actuellement, de nouveau sous la baguette magique de ce concepteur inspiré, un quatuor de comédiens emporte en quelques semaines de représentations un véritable plébiscite à la fois critique et public ne pouvant que réjouir Macha Méril, veuve de Michel Legrand, ayant pu constater que son compositeur de mari avait été davantage célébré de son vivant sur d’autres continents, notamment aux USA qu’en son propre pays.
C’est un véritable florilège de rythme et de swing influencé essentiellement par le Jazz qui constitue la playlist de ce spectacle encadré par deux références cinématographiques fondatrices, « Les parapluies de Cherbourg » ainsi que « Les demoiselles de Rochefort » cependant que s’illustrent également pêle-mêle avec bonheur « Un été 42 », « Lola », « Les uns et les autres », « Yentl », « L’affaire Thomas Crown », « Parking », « Cléo de 5 à 7 » et bien sûr « Peau d’âne ».
Les quatre comédiens composent successivement des saynètes qui mettent en place ces chansons tout en apportant quelques anecdotes ayant participé de leurs créations ou de leurs diffusions ainsi circonstanciées.
Qui oserait disputer à Emmanuelle Goizé & Mathilde Hennekinne d’être l’attrayante réincarnation des fameuses « sœurs jumelles » ? De toute évidence, ce ne sont pas leurs partenaires passionnés, Gaëtan Borg et Sebastian Galeota (en alternance avec Julien Alluguette) qui auraient la velléité de s’inscrire en faux !
C’est enlevé, léger, primesautier, en phase avec l’optimisme d’après-guerre où la reconstruction générale participait du progrès ambiant empreint d’un esprit bon enfant que, par ailleurs, Jacques Tati aura si bien dépeint dans ses esquisses caricaturales du modernisme venant directement de l’Amérique.
C’est aussi très drôle car le jeu des quatre amis est à la fois malicieux, tendre, loufoque et plein d’espièglerie.
Chorégraphie, danse et même claquettes accompagnent, au plus près de la scénographie, le contexte thématique qu’induisent implicitement ces chansons.
Les spectateurs sont attablés comme au cabaret avec des rafraîchissements qui leur sont proposés au fur et à mesure de leur placement en salle dans ce sous-sol parnassien.
« Quand on s’aime », créée en 1965 & interprétée par le duo Michel Legrand & Nana Mouskouri pourrait parfaitement illustrer cette heureuse époque où la poésie des mots se mêlait aisément à l’art de la rêverie éveillée, plein de charme et ouvert sur le monde :
« On peut marcher sous la pluie, Prendre le thé à minuit, Passer l'été à Paris, Quand on s'aime ; On peut se croire à New-York, Cinq heures du soir, five o'clock, Ou dans un square de Bangkok, quand on s'aime ; On peut marcher sur la mer, Danser autour de la Terre, Se balancer dans les airs, On peut tout faire, Quand on s'aime… »
Accompagnée par deux musiciens placés à cour autour d’un piano (Benoit de Mesnay) et d’une contrebasse (Jean-Luc Arramy), la soirée est ainsi scandée selon de multiples et délicieuses réminiscences que la mémoire collective a engrangé notamment dans une multitude de films au sein du patrimoine culturel et qu’ainsi, dans un précipité affectif, celle-ci nous livre avec une subtilité enivrante s’exhalant par salves d’effluves magiques.
photos 1 & 2 © Pascal GELY
photos 3 à 5 © Theothea.com
MICHEL FOR EVER - **** Theothea.com - de & mise en scène Stéphan Druet & Daphné Tesson - musiques Michel Legrand - avec Gaétan BORG, Sebastiàn GALEOTA ou Julien ALLUGUETTE, Emmanuelle GOIZÉ, Mathilde HENNEKINNE & Benoit DE MESMAY, piano / Jean-Luc ARRAMY, contrebasse - Théâtre de Poche Montparnasse
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON