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Miriam Makeba, 1 an après. Retour sur la vie tumultueuse d’une femme militante

9 novembre 2008 – 9 novembre 2009. Voilà maintenant 1 an que décédait, à l’âge de 76 ans, Miriam Makeba, à Naples des suites d’un malaise sur scène. De son nom complet Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama, Miriam Makeba reste toujours pour ses paires la Mama Afrika. Retour sur le parcours d’une dame qui a marqué son temps, celui de son pays et de tout un continent par son engagement et ses prises de position.

Née en 1932 à Johannesburg, au moment où le jazz sud-africain battait son plein, Miriam Makeba a été inspirée par toutes les formes de modernité musicale : pop comprise, rumba et calypso inclus. Sa vie a été semée d’épreuves et de succès. Ne dit-on pas que son prénom Zenzi, diminutif d’Uzenzile qui signifie "Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même" est prémonitoire ? Déjà en bas âge, elle passe quelques mois en prison auprès de sa mère, inculpée pour fabrication illicite de bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père meurt lorsqu’elle a cinq ans. À 20 ans, comme la plupart des jeunes filles de sa génération, Miriam s’adonne aux petits boulots de bonne d’enfants puis laveuse de taxis dans les townships pour pouvoir nourrir sa petite fille Bongi et sa mère. Tout cela l’inspire et commence à chanter presque par hasard, avec les Cuban Brothers, puis devient choriste, en 1952, au sein du groupe Manhattan Brother, qui lui donne son nom de scène Miriam.

L’Apartheid sévissant et plongeant le peuple noir dans l’arbitraire et la violence, Miriam se sert de son nouveau métier pour dénoncer le régime des nationalistes afrikaners au pouvoir en Afrique du Sud. En 1956, elle écrit son plus grand succès, la chanson Pata Pata, avec laquelle elle fait le tour du monde. L’année 1959, commence pour elle les moments difficiles. Pour avoir tourné dans le film antiapartheid Come Back, Africa du cinéaste américain Lionel Rogosin, Miriam est contrainte à l’exil. C’est d’abord le Président Sekou Touré qui l’accueille en 1960 et lui donne la nationalité guinéenne, puis ce fut Houari Boumediene de lui octroyer la nationalité algérienne en 1972. Elle vit presque traquée partout dans le monde, mais ne cesse de prononcer des discours antiapartheids et d’appeler au boycott de l’Afrique du Sud devant les Nations Unies. Ses textes chantés en zoulou, en xhosa, en tswana font appel à la tolérance et à la paix. On la voit entre les États-Unis, la Guinée et l’Europe. En 1966, pour son album, An Evening with Belafonte/Makeba, qu’elle a enregistré avec Harry Belafonte et qui évoque notamment les souffrances des Noirs pendant l’apartheid, Miriam Makeba est récompensée par le Grammy Award ; faisant d’elle la première femme africaine à obtenir ce prestigieux prix. Un prix qu’il faudra attendre quarante-deux ans pour qu’une Africaine obtienne à nouveau la récompense américaine. Et ce fut Angélique Kidjo, en 2008, pour son album Djin, Djin.

Devenue le symbole de la lutte antiapartheid en 31 ans d’exil, Miriam Makeba est décorée par la France au titre de Commandeur des Arts et Lettres en 1985 puis faite citoyenne d’honneur française en 1990. C’est donc avec un passeport français qu’elle reviendra en Afrique du Sud à la libération de Nelson Mandela, emprisonné avec la plupart des dirigeants du Congrès National Africain (ANC) au pénitencier de Robben Islande.
Miriam Makeba a toujours rêvé d’une grande Afrique unie. Chanteuse militante et engagée, et c’est à ce titre qu’elle est montée sur scène le 8 novembre 2008, à Naples, lors d’un concert de soutien à l’auteur de "Gomorra", Roberto Saviano, traqué par la Camorra (la Mafia napolitaine). Prise par une crise cardiaque, elle s’est éteinte quelques heures plus tard à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno (Italie).
Pour son premier anniversaire de décès, elles étaient cinq belles voix d’Afrique à lui rendre un vibrant hommage autour de trois concerts. Cela se passait les 25, 26 et 27 septembre au Cirque d’hiver à Paris (11e) lors du Festival d’ile de France, organisé du 4 septembre au 11 octobre 2009. Cette création originale concoctée avec le soutien de Culturesfrance et Afrique en Créations s’est tenue autour d’Angélique Kidjo, l’une des divas et quelques-unes des plus belles voix du continent africain que sont Asa, Ayo, Sayon Bamba Camara, Dobet Gnahoré, Vusi Mahlasela, Rokia Traoré et un chœur sud-africain.

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2 réactions à cet article    


  • llecuyer llecuyer 10 novembre 2009 22:18

    Il parait que les soirées hommage au Cirque d’Hiver ont été un grand moment musical.

    reportage sur tv5 : ici

    et sur mondomix : 


    • Deadlikeme Deadlikeme 11 novembre 2009 11:29

      Elle a été une amie personnelle, une grande soeur de combat, il y a bien longtemps ! Elle me manque tellement, son rire, son insolence, ses yeux si malicieux... Je pleure encore si souvent lorsque je l’écoute....L’Afrique dont elle rêvait est si loin....

      http://www.youtube.com/watch?v=0fEHguhykD8&feature=related

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ATSE N’CHO

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