Mise en bouche aux films de Cannes...
Dans une semaine débutera le 60e Festival de Cannes : enfin une bonne occasion de ne plus parler politique !
A partir du 16 mai, les yeux des amateurs de cinéma se braqueront vers Cannes. Cette petite ville, à la fois huppée et populaire où le soleil trop goûlument absorbé active les réflexes conservateurs des électeurs, mutera le temps d’une quinzaine pour devenir un microcosme cinéphilique où même la composition du futur gouvernement n’alimentera plus les conversations diurnes et nocturnes. La Croisette accueillera dans son festival et son marché du film professionnels, stars et cinéphiles qui verront, débattront, s’enthousiasmeront, s’offusqueront et au final décideront de l’avenir des films qui leurs sont présentés. Evidemment pour les grands réalisateurs les tourments de la non-distribution sont évacués, mais pour les autres œuvres la compétition sera rude pour parvenir à exister, être vu et si possible se faire distribuer à l’étranger. Le cinéma est une économie, il ne faut pas l’oublier. Faire un film coûte très cher il faut trouver des débouchés pour rentabiliser les investissements.
Première réjouissance artistique du millésime 2007, Wong Kar Wai fera l’ouverture du festival avec son premier film tourné aux Etats-Unis. Ouf ! Voilà une saine réaction des organisateurs après la projection l’an passé de l’affligeant Da Vinci Code. Un choix qui, sous prétexte de retombées médiatiques immédiates, accordait un label qualité à un film fort médiocre qui de surcroît n’avait pas besoin de ça, vu ses copieux moyens financiers, pour faire de l’ombre aux œuvres créatives, audacieuses et maîtrisées logiquement attendues dans l’enceinte du plus grand festival du monde. Seule incertitude à cette projection du maître hongkongais : le film est-il en sélection officielle et donc en lice pour la Palme d’or ? Si Gilles Jacob lit ce texte, merci à lui de nous répondre.
La compétition officielle c’est la vitrine par excellence, la face visible de l’iceberg cannois. Elle se compose de réalisateurs reconnus tels que, pour 2007, les frères Coen, Emir Kusturica, Gus Van Sant, Quentin Tarantino, Bela Tarr, Alexander Sokourov, David Fincher, James Gray... et de jeunes "pousses" comme Fatih Akin (auteur de Head-On), Ulrich Seidl (auteur de Dog Days) ou Christophe Honoré (auteur de Dans Paris). Tous les continents sont représentés et depuis peu les films de genre et les documentaires y sont invités. Cette année la sélection s’avère très (trop ?) prometteuse. Au total 21 ou 22 films en lice pour une récompense suprême, la sacro-sainte Palme d’or. Montrés dans une salle immense et impressionnante pour ses installations techniques, accessible via la montée de 24 marches revêtues d’un tapis rouge, les films choisis y sont tellement raffinés qu’il est considéré que le soir, un smoking ou une robe de soirée en décuple la perception. Force est de constater, vu le comportement de certains spectateurs, que cela ne renforce ni l’ouverture d’esprit artistique ni le respect des œuvres et des auteurs. Les chaises qui claquent, les salles qui se vident, les téléphones qui sonnent et les sifflets de fin de séance en attestent largement. A Cannes, les bourgeois qui paradent remplacent trop souvent les cinéphiles dans les salles.
Hors compétition, il y aura du lourd avec Steven Soderberg, Michael Moore, Abel Ferrara et Olivier Assayas. Et dans les autres sélections, dites parallèles, que sont Un Certain Regard, La Quinzaine des réalisateurs et La Semaine internationale de la critique, on retrouvera beaucoup de premiers films et quelques réalisateurs s’étant déjà illustrés comme Hou Hsia Hsien, Harmony Korine, Li Yang, Barbet Schroeder ou Gregg Araki. L’an passé, le haut niveau de la Quinzaine des réalisateurs, dont la direction a été confiée à Olivier Père, a marqué les esprits, les autres sélections se sont révélées très inégales et un peu décevantes.
En conclusion, Cannes est et restera un fantastique tremplin pour de jeunes réalisateurs et un endroit privilégié pour découvrir les futurs talents et y voir des films en exclusivité (dont certains ne sortiront jamais !). Les films sont projetés dans des salles superbes où, en fin de festival, lutter contre la fatigue et l’appel du sommeil devient une vrai torture. C’est un véritable voyage pelliculaire à travers le monde. Sous le prisme d’une caméra, des réalisateurs créatifs et talentueux donnent à voir d’autres cultures et d’autres paysages. Edward Yang disait à ce propos : « On vit trois fois plus longtemps depuis que le cinéma existe ! ». En multipliant les festivals de Cannes, où les nuits sont courtes et les soirées susceptibles d’être bien arrosées, on perd toutefois quelques scènes d’espérance de vie, de quoi contredire la citation précitée.
Rendez-vous est pris dans quelques jours pour vous parler des films et de l’ambiance...
Site du festival officiel du festival Cannes
Nouveau site consacré au festival de Cannes
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON