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Mon festival entre passion et aversion

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L'avers et l'envers.

Aujourd'hui débute officiellement le sixième festival de Loire, merveilleuse idée d'une municipalité qui a recentré la ville sur sa rivière, qui a remis la Loire au cœur de la cité. En cela, je dois respect et admiration à ceux qui sont à l'origine de cette manifestation qui a depuis longtemps débordé le cadre de notre seule ville. Hélas, toute construction humaine contient aussi l'envers du décor, ces perversions et ses immenses défauts. Plus le succès est grand, plus les travers sont abyssaux, la fête qui s'annonce n'en est hélas pas dépourvue.

J'aime à la folie cette rencontre magnifique, ce moment presque unique où presque tous les passionnés de la Loire se retrouvent pour une communion de cinq jours. C'est un incorporable partage, un temps hors du temps, une parenthèse historique, une immersion totale dans la culture ligérienne. C'est à ce titre une grande émotion pour celui qui souhaite remplir sa besace de contes et de récits, d'anecdotes et de légendes. Il dispose alors d'un vivier inépuisable d'autant que les mariniers sont eux aussi des sujets d'exception pour d'étranges portraits …

J'adore cette occasion unique de toucher le plus grand nombre, de donner à aimer cette rivière que nous chérissons tant. Les badauds, les curieux, ceux du moins qui viennent jusqu'au bord de l'eau, sont le plus souvent disposés à comprendre, à apprendre, à écouter et parfois à partager notre amour pour tout ce qui touche à notre Loire. Son histoire, sa faune, sa flore, son économie, ses traditions, ses chants et son folklore, chacun peut trouver de quoi alimenter sa soif de culture. Chaque visiteur approché peut devenir à son tour un défenseur acharné de l'authenticité de notre fleuve sauvage.

J'apprécie bien évidement le spectacle qui s'offre à moi, ces deux cents bateaux de toutes tailles qui naviguent en notre port d'Orléans. Je suis ému à l'idée de revivre quelques pages d'une histoire riche et constructrice, d'une identité forte qui unit tous les riverains de la Loire. Nous avons une culture forte liée à ce que fut ce transport fluvial. Nous sommes indéfectiblement liés à ce flot mystérieux et toutes ses légendes. Penser revivre tout cela, ne serait-ce qu'à travers le prisme d'une reconstitution, certes approximative, est un immense bonheur.

Mais je suis aussi écartelé devant la réalité de la fête, la nécessité sans doute inévitable de faire venir les gogos en les appâtant par ce qui se fait de pire et de plus commun. Les marchands du temple dressent leurs échoppes, les odeurs de la friture rance, les produits estampillés arnaque, les files d'attente et la foule immense qui se goinfre de saloperies est un spectacle désolant, encouragé par des organisateurs soucieux de remplir les caisses du trésor sans mettre de l'éthique dans leur démarche.

Je suis plus encore ahuri de voir ces gens qui se pressent dans les allées du mercantilisme et qui ne jettent qu'un regard circonspect ou indifférent au quai en contre bas. Nous pensons qu'ils viennent pour la Loire et nous découvrons désolés et marris qu'ils se satisfont du même bazar de pacotille de toutes les fêtes à neuneu ! C'est pour moi un constat d'échec terrible sur l'éducation que nous avions pensé transmettre !

Puis il y a les flonflons de la fête. Sur les podiums se succèdent des spectacles qui n'ont d'autres buts que d'attirer le chaland. Non pas celui qui voguera majestueusement, sa grande voile au vent sur le fleuve. Non, pas le chaland de Loire, simplement son cousin de foire, celui qui consomme sans rien comprendre, qui zappe d'une scène à l'autre, d'une guinguette à la suivante sans oublier de se goinfrer lors de ces changements de place. La Loire ? De quoi me parlez-vous ? Nul espoir qu'ils soient touchés par sa grâce.

Enfin, il reste les paillettes et les dorures, tout ce qui me donne envie de vomir. Les discours de circonstance, les gens en représentation, les hypocrites du quotidien qui n'auront de cesse de se montrer, d'être vus, photographiés, filmés. Ils se précipiteront sur les petits fours, les flûtes de champagne et les moquettes rouges dressées à leur seule intention. Ils regarderont méprisants ou condescendants la foule qui s'agglutine derrière des buvettes si populaires. Eux bénéficient de ces privilèges qui n'ont jamais été abolis et qui s'affichent ostensiblement avec une impudeur qui me sidère.

Cette fête là, ce n'est pas la mienne, ce n'est que grimaces et ballets des hypocrites. Jamais aucun de ces nobles invités ne viendra prendre la peine d'écouter mes histoires. Il y a trop de risque à sortir du cadre, à aller au contact de la plèbe, des gueux, des fous et des bouffons. Pour eux, il faut des barrières et de la sécurité, une animation calibrée et sans fausse note, un parcours sans chausse-trape et sans imprévu, tout le contraire de la Loire en quelque sorte. Qu'ils aillent au diable. C'est sur les quais que je retrouverai la fête que j'aime et la rivière que je chéris tant !

Facettement votre.


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5 réactions à cet article    


  • alberto alberto 19 septembre 2013 13:24

    Môssieu Nabum a les narines délicates ?
    Môôssieu Nabum a l’ouïe sensible ?
    L’élitisme de Môssieu Nabum justifierait-il son agoraphobie ?

    Môssieu Nabum bouderait-il les fêtes populaires ?

    Môssieu Nabum nous inonde de sa Loire toute l’année, mais Môssieu Nabum fait la gueule dès que d’autres s’y intéressent !

    Retourne sur ta barque, rameur solitaire et fait moi signe que j’aille te rejoindre, car je suis un peu comme ça aussi... smiley


    • C'est Nabum C’est Nabum 19 septembre 2013 21:15

      Alberto


      Soyez bienvenu au club des ronchons

    • auguste auguste 19 septembre 2013 16:47

      @ alberto

      Môssieu Nabum est assez grand pour se défendre tout seul, mais je partage sa vision des choses.

      Je n’aime pas les fêtes populistes avec barrières et tapis rouges.

      Je n’aime pas l’élite des élus qui offrent un spectacle financé par les deniers de leurs contribuables en s’en attribuant le mérite, imbus de leurs privilèges et prêts à tout les mensonges dans le seul but de récolter les bulletins de vote des gogos.

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