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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Mort d’Howard Zinn, une conscience américaine s’éteint

Mort d’Howard Zinn, une conscience américaine s’éteint

L’historien américain Howard Zinn vient de décéder d’une crise cardiaque à l’âge de 87 ans, annonce son site. Témoin important, il avait été de toutes les luttes et combats américains de l’après-guerre à l’élection d’Obama. Ses livres, comme le best-seller mondial Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours, Le Vingtième Siècle américain ou "Nous, le Peuple des États-Unis…" sont parus en France chez l’éditeur Marseillais Agone qui devait sortir en mars Désobéissance civile et démocratie. Howard Zinn, qui avait une dizaine d’années pendant la grande crise commencée en 1929, apparaît dans le film de William Karel, 1929. Ce dernier s’apprêtait à le revoir aux Etats-Unis pour réaliser un film sur sa vie.

« Howard Zinn, l’historien de l’Université de Boston et militant politique qui a été l’un des premiers opposants de l’engagement américain au Vietnam et dont les livres, comme Une histoire populaire des États-Unis, ont aidé jeunes et vieux à repenser la manière dont les manuels présentent l’histoire américaine, est décédé aujourd’hui à Santa Monica, en Californie, où il était en déplacement. Il avait 87 ans ». Ainsi le Boston.com annonce-t-il la disparition de cette grande voix américaine.
 
Dans le Boston globe, Noam Chomsky a dit un jour, à propos de ses écrits, qu’ils « ont changé la conscience d’une génération, et contribué à ouvrir de nouvelles voies pour la comprendre et son rôle crucial dans nos vies ».

Oeil acéré, cheveux neigeux, grande taille tel était Howard Zinn. Après avoir travaillé sur un chantier naval, rapporte 24 heures, il a été dans l’armée de l’Air pendant la Seconde guerre mondiale, avant de poursuivre ses études et d’être diplômé de l’université Columbia à New York.

C’est une disparition brutale que malgré son âge, rien ne laissait prévoir. Le cinéaste William Karel, ému par cette nouvelle, s’apprêtait à tourner un film sur sa vie. Il n’en revient pas : « Je devais aller le voir en janvier. Nous avons reporté. Au téléphone il était en pleine forme ».

En octobre, j’avais interviewé William Karel au sujet de son dernier film, 1929, dans lequel Howard Zinn raconte la grande dépression du point de vue du témoin et celui de l’historien.
 
« J’avais lu Une histoire populaire des États-Unis. Je l’ai appelé. Il m’a dit qu’il enseignait toujours à Boston et que je pouvais venir le voir », se souvient le réalisateur qui relate sa première rencontre avec l’historien : « Nous nous sommes vus deux ou trois heures. Il m’a raconté un peu sa vie. A près de 90 ans il a fait la campagne d’Obama. Il a traversé tout le siècle. Il s’est battu contre la guerre du Viet Nam, il a accompagné Martin Luther King, Lyndon Johnson lui a demandé de venir s’installer à la Maison Blanche pour lui écrire ses discours... ». 
 
Après cette rencontre, William Karel avait décidé de retourner voir Howard Zinn avec une caméra « et d’aller passer deux semaines avec lui parce qu’il faut garder cette mémoire vivante ». Il prévoyait de faire film sur sa vie : « Arte trouvait ça intéressant, j’avais l’accord de Jérôme Clément. Ca aurait été un film avec lui, entrecoupé d’images d’archives, il y a eu énormément de films sur lui aux Etats-Unis ».
 
Pour le réalisateur Howard Zinn « était un modèle. Il a été de tous les combats et de tous les mouvements même s’il a été un peu critiqué parce qu’il était déçu par Obama ».

Il nous reste ses livres.
 
Crédit photo : Robin Holland/howardzinn.org
 

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23 réactions à cet article    


  • Cug Cug 28 janvier 2010 16:42

     A lire et relire « une histoire populaire des USA de 1492 à nos jours ».


    • R.L. 29 janvier 2010 12:38

      Bonjour,

      Je confirme modestement.
      Avec Eric Hosbawm, l’anglais, il était la conscience du liberal-land.


    • ZEN ZEN 28 janvier 2010 17:38

      Je dirais même plus !
      A lire et à relire :Une histoire populaire des États-Unis,


      • Reinette Reinette 28 janvier 2010 19:54


        Howard Zinn, l’historien du peuple, des gens ordinaires

        un grand homme



        « I asked Zinn to pick a speech he’d like to have performed for President Obama and who he’d pick to read it. He picked a piece read by David Strathairn and we’ve included a recording of the Strathairn reading here. »
        Listen at : http://media.libsyn.com/media/leifutne/Zinncast.mp3


      • Reinette Reinette 28 janvier 2010 19:57


        Salut Le furtif

        d’accord avec toi

        (je voulais pas me collé) je me suis emmêlé les doigts  smiley


      • Reinette Reinette 28 janvier 2010 20:03


        Matt Damon a créé une association à but non lucratif, Water.org, dont le but est de développer l’accès à l’eau en Afrique


      • Reinette Reinette 28 janvier 2010 20:15


        Neuf ans après la guerre, j’ai rencontré un homme qui se trouvait à Royan en 1945, ville que j’avais alors contribué à bombarder. Cette rencontre m’a amené à réfléchir à la guerre en général, et à cette expérience en particulier. Nous n’avions aucune nécessité de bombarder Royan, c’était absurde d’un point de vue militaire. J’ai alors compris que ceux qui décident des guerres en évoquant des causes justes n’ont pas de motivations pures. Et j’ai saisi que même une guerre contre le fascisme corrompt ceux qui y participent. J’en ai conclu que la guerre était inacceptable, parce que ses moyens sont toujours mauvais et corrompus, sa finalité toujours incertaine.

        Reste un point : au début de la Deuxième Guerre mondiale, le peuple américain n’était pas franchement partant pour la guerre. A l’entame de son troisième mandat, en 1940, le président Franklin Delano Roosevelt avait même promis de ne pas intervenir. Il a fallu le bombardement de Pearl Harbor pour qu’il trouve une justification à l’entrée en guerre des États-Unis. Ceci m’a permis de comprendre combien il était facile, pour les dirigeants d’une nation, de faire évoluer l’opinion publique, de transformer un sentiment anti-guerre en pro-guerre.

        Howard Zinn


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 29 janvier 2010 02:50

          Bonsoir Reinette,

          la manipulation des médias, un autre exemple : « Selon un sondage, publié début janvier 91, 75% des Français pensaient que rien ne pouvait justifier une guerre contre l’Irak. Par contre quelques jours plus tard, ces mêmes Français approuvaient à 80% l’offensive militaire des alliés. Entre les deux que s’était il passé ? Une couverture médiatique massive qui présentait une « guerre courte et propre », dans laquelle les Occidentaux risquaient peu de pertes… » Source : .http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-an-de-repit-entre-deux-fois-63581

          Au revoir Zinn.


        • Reinette Reinette 28 janvier 2010 20:22


          Je suis resté pétrifié en apprenant que Barack Obama s’était vu décerner le prix Nobel de la Paix. C’est un tel choc d’imaginer qu’un président qui mène actuellement deux guerres puisse recevoir un prix de la paix  !

          Et puis je me suis souvenu que Woodrow Wilson, Theodore Roosevelt et Henry Kissinger avaient tous reçu le prix Nobel de la Paix. Le comité Nobel est réputé pour ses jugements superficiels, sa rhétorique creuse, ses grands gestes vides et pour ignorer les violations les plus massacrantes de la paix du monde.

          Howard Zinn

           : Le prix nobel de la paix, c’est la guerre ! 


          • Reinette Reinette 28 janvier 2010 20:26


            j’ai découvert Howard Zinn à la librairie publico, il y a longtemps


            et vous, Le furtif, pourquoi Matt Damon vous l’a fait découvrir ?


          • Reinette Reinette 28 janvier 2010 23:36


            Will Hunting je ne connaissais pas ce film

            j’ai trouvé la bande annonce
            http://www.cinefil.com/film/will-hunting/bande-annonce



          • Cosmic Dancer Cosmic Dancer 29 janvier 2010 00:53

            Hey, Furtif, sans compter qu’Olivier Bailly est un bon gars, un joli gosse, un tendrounet auteur capable de recevoir ses lecteurs en toute festivité et toute humilité.


          • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:31


            j’ai signalé cet article sur un autre fil

            mais personne n’est venu

            c’est triste, j’en pleure


          • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:38


            Une histoire populaire des Etats-Unis d’Amérique de 1492 à nos jours
            traduit de l’anglais par Frédéric Cotton
            Editeur : Agone

            Cette histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle.


            • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:40


              ici il y a plus de commentaires
              http://fr.ulike.net/Howard_Zinn


            • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:44


              Howard Zinn

              En suivant Emma - Pièce historique sur Emma Goldman, anarchiste & féministe américaine

              En suivant la vie d’Emma Goldmann, militante anarchiste américaine juive d’origine russe, cette piece en deux actes revient sur plus d’un demi-siecle d’histoire sociale : grèves ouvrières, utopies collectives, émancipation des femmes, amour libre... Cette résurgence est également pour l’auteur l’occasion d’invoquer ce qui tient pour lui d’un invariant anthropologique : la résistance de l’humanité à l’oppression et son goût immodéré pour la justice.
              La première mouture de cette pièce fut écrite en 1975 ; elle fut depuis régulièrement mise en scène à Boston, New York, puis à Londres et Tokyo ; et dernièrement encore à Montréal.

              • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:48


                Howard Zinn

                L’Impossible Neutralité
                Autobiographie d’un historien et militant
                Thierry Discepolo Frédéric Cotton et Avant-propos des éditeurs (169 Ko)
                Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton

                Je peux comprendre que ma vision de ce monde brutal et injuste puisse sembler absurdement euphorique. Mais pour moi, ce que l’on disqualifie comme tenant de l’idéalisme romantique ou du vœu pieux se justifie quand cela débouche sur des actes susceptibles de réaliser ces vœux, de donner vie à ces idéaux.

                La volonté d’entreprendre de tels actes ne peut se fonder sur des certitudes mais sur les possibilités entrevues au travers d’une lecture de l’histoire qui diffère de la douloureuse énumération habituelle des cruautés humaines. Car l’histoire est pleine de ces moments où, contre toute attente, les gens se sont battus ensemble pour plus de justice et de liberté, et l’ont finalement emporté – pas assez souvent certes, mais suffisamment tout de même pour prouver qu’on pourrait faire bien plus.

                Les acteurs essentiels de ces luttes en faveur de la justice sont les êtres humains qui, ne serait-ce qu’un bref moment et même rongés par la peur, osent faire quelque chose. Et ma vie fut pleine de ces individus, ordinaires et extraordinaires, dont la seule existence m’a donné espoir.


                • Reinette Reinette 29 janvier 2010 00:50


                  Howard Zinn

                  L’Impossible Neutralité
                  Autobiographie d’un historien et militant
                  Thierry Discepolo et Avant-propos des éditeurs (169 Ko)
                  Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton

                  Je peux comprendre que ma vision de ce monde brutal et injuste puisse sembler absurdement euphorique. Mais pour moi, ce que l’on disqualifie comme tenant de l’idéalisme romantique ou du vœu pieux se justifie quand cela débouche sur des actes susceptibles de réaliser ces vœux, de donner vie à ces idéaux.

                  La volonté d’entreprendre de tels actes ne peut se fonder sur des certitudes mais sur les possibilités entrevues au travers d’une lecture de l’histoire qui diffère de la douloureuse énumération habituelle des cruautés humaines. Car l’histoire est pleine de ces moments où, contre toute attente, les gens se sont battus ensemble pour plus de justice et de liberté, et l’ont finalement emporté – pas assez souvent certes, mais suffisamment tout de même pour prouver qu’on pourrait faire bien plus.

                  Les acteurs essentiels de ces luttes en faveur de la justice sont les êtres humains qui, ne serait-ce qu’un bref moment et même rongés par la peur, osent faire quelque chose. Et ma vie fut pleine de ces individus, ordinaires et extraordinaires, dont la seule existence m’a donné espoir.


                  • Reinette Reinette 29 janvier 2010 12:27

                    Le furtif

                    merci pour tous ces liens, c’est vraiment important pour moi afin de mieux connaître l’histoire.

                    dommage qu’il y en est si peu (liens) d’aussi bonne qualité, ça éleverait le niveau smiley

                    je vous souhaite une bonne journée


                  • Reinette Reinette 31 janvier 2010 17:16


                    Le furtif

                    avant la disparition
                    par Carlos Cortez  smiley
                    http://www.art-teez.org/artistsb/carlos_cortez/cc2.htm



                  • morice morice 29 janvier 2010 10:40

                    félicitations pour avoir pensé à saluer cette grande figure.


                    • cimonie raoul 29 janvier 2010 12:34

                      Merci pour l’info. Un grand bonhomme ce Monsieur Zinn. Je l’ai découvert tardivement il y a 5 ans à travers son livre « Une Histoire Populaire Des Etats-Unis ». J’ai adoré sa façon de rétablir les faits historiques et je le remercie de m’avoir ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Malheureusement, les Grands Hommes comme lui sont de plus en plus rares car cette race ne se renouvelle pas.


                      • robespierre55 robespierre55 31 janvier 2010 12:33

                        Comme je disais hier sur un autre fil :

                        Howard Zinn est mort. Il était vieux mais indispensable. Il nous reste Bernard-Henri Levy, Yvan Rioufol et Jean Roucas...

                        Drôle d’époque.

                        J’ai découvert l’auteur au travers des éditions Agone et j’ai lu son « histoire populaire des états-unis » sans avoir besoin d’utiliser un marque-page.

                        Alors que lorsque l’on tente de lire un article de Jacques Marseille, on cherche frénétiquement une allumette.

                        Une époque moderne, assurément.

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