Moustaki, le dernier Alexandrin
Alexandrie était un miracle. Une ville sans pareil. En fait non, ce n’était plus une ville, c’était un bout de paradis détaché du ciel et posé entre les flots bleus de la méditerranée et les marais qui délimitent les confins du désert brûlant d’Egypte.
Alexandrie était un havre de douceur. Les coup de sang du climat et de la guerre semblaient ne jamais pouvoir l’atteindre.
Rommel s’est arrêté à 130 km de la ville et les bombardements de la Luftwaffe tombent plus souvent dans les marais (où les anglais ont installé des lumières pour tromper les pilotes) que sur les bâtiments de la ville.
Joyeux comme si l’insouciance de leur enfance était un bouclier qui protégeait cette ville extraordinaire les enfants d’Alexandrie collectionnent les éclats des bombes alors que le reste du monde s’affronte dans le fracas et la fureur.
Ce sont des gamins grecs, juifs, italiens ou français. Ils parlent souvent la même langue : le français. Ils l’ont apprise à l’école des nombreuses missions françaises. C’est devenue la lingua franca de tout un monde enfantin.
La douceur de vivre alexandrine est une philosophie du bonheur.
D’ailleurs n’est-ce pas le départ de ces gamins insouciants devenus des hommes, qui a estompé le mirage, cet été 1954, comme le vent du désert égyptien soulève le sable et efface la fragile et mystérieuse illusion qui miroitait dans l’air surchauffé par le soleil ?
Ainsi s’est effacée Alexandrie l’insouciante ne laissant à ceux qui l’ont aperçu que le souvenir incertain d’une langueur méditerranéenne trop douce pour être certaine.
La nostalgie de ce paradis perdu ne quittera jamais ces gamins d’Alexandrie devenus métèques dans Paris et elle sera une muse pour Claude François comme pour Georges Moustaki qui fera chanter cette ligua franca de leur enfance sur le rythme métissé de l’orient qui a bercé leur bonheur.
Georges Moustaki était l’antropos philantropos grec. L’humain et l’ami.
Celui qui manque de plus en plus à notre monde étrange.
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