Murmures à la jeunesse – Christiane Taubira
Généralement, j’évite le livre politique et cela vaut pour toutes les politiques du monde. Je trouve ce genre d’œuvre prétentieux et dogmatique, tel un gourou s’exprimant à ses proies présentes ou futures.
Pour les raisons que je viens d’énoncer plus haut, j’ai hésité avant de me mettre à lire ce Taubira. Je me suis rappelé la règle que je m’étais fixée, mais je me suis aussi souvenu du jour où j’ai rencontré cette belle personne, quand elle était encore garde des Sceaux, ministre de la Justice. Elle avait été tellement gentille que j’ai commencé à l’apprécier. Oui, j’admire beaucoup les personnes gentilles. Oui, un gourou gentil peut bien m’avoir. Oui, les gourous paraissent souvent gentils. Mais que faire ? Si c’était Christine Angot, Calixthe Beyala, Dany Laferrière, Amélie Nothomb, Chimamanda Adichie, Didier Van Cauwelaert ou Fatou Diome, etc., qui avait écrit un livre de ce genre, est-ce que je le lirais ? Oui, sans hésiter ! Ce sont mes auteurs préférés. Comme quoi, je choisis mes gourous.
Parlons du livre, il est très intéressant. Je trouve qu’il tend plus vers la sociologie que vers la politique politicienne. L’auteur a choisi des bons mots, c’est lyrique et parfois poétique. Je pense que ce livre ne sera pas mal venu pour des étudiants en sociologie, qui sont d’ailleurs habitués à des œuvres qui leur parlent de l’autre et de soi. Par exemple, quand elle nous parle du terrorisme, on arrive quelquefois à se trouver sur un sujet mondial, mais très vite cela bascule dans un sujet très franco-français. Ce qui m’a réellement intéressé dans ce livre est d’entrevoir dans certains passages un angle universel.
Nb : J’ai enlevé l’auteur de ma tête, la politique et toute la communication autour de l’œuvre. Je l’ai pris comme un témoignage ou un essai. Quelque chose qui est là et que l’on me raconte. Exercice très difficile, offrant un résultat extraordinaire, c’est pour cela que je le recommande.
« Dégager la route ne signifie pas la tracer. »
« Une génération peut éclairer le présent et offrir à la suivante de choisir l’épaisseur et les couleurs de son propre présent. »
« C’est une intelligence obtuse, dépressive, car elle n’aime rien de ce qui est beau. Elle fait détruire Palmyre, la cité des caravanes, avec une frénésie lugubre. Comme d’autres avaient, avant, saccagé les Bouddhas de Bâmiyân, avec la même jubilation funèbre. »
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