Mushishi, chef-d’oeuvre de la mangaka Yuki Urushibara
Avec Mushishi, l'artiste japonaise Yuki Urushibara nous invite à suivre les pas de Ginko, personnage atypique ayant la capicité de voir l'invisible.
Une œuvre singulière émeut, bouleverse, transforme… La rencontre avec le manga Mushishi, né sous la plume de Yuki Urushibara, ne peut s’oublier aisément. Des univers riches, des mondes sensibles s’offrent au néophyte qui, avec sincérité en vient à se demander : « Comment ai-je pu vivre toutes ces années sans ce chef-d’œuvre ? ». Un tournant est pris, le réel est chamboulé, ce « moi » n’est plus ce qu’il était. Le « Je » subsiste mais prend de nouvelles couleurs, change d’air. Mushishi, publié entre 1999 et 2008 dans le magazine Monthly Afternoon, parmi tous les trésors qu’il étale sous nos yeux, nous offre deux présents inestimables : la contemplation et la culture japonaise.
Une invitation à la contemplation
Ginko possède une capacité rare : il attire, sans même le vouloir, ces êtres primitifs aux formes des plus incongrues que sont les mushi. Ces derniers, intimement liés à l’ordre et à l’équilibre du monde, ne se laissent voir que par peu d’humains : seuls les Mushishi, dont fait partie Ginko, sont aptes à comprendre et à appréhender cette forme de vie élémentaire qui cause parfois tort aux villages et aux hommes. Notre héros, de voyage en pérégrination, apporte ainsi son aide à ceux qui, se désolant des réponses apportées par une réalité aux contours souvent trop rêches, ne peuvent trouver apaisement que dans les rondeurs de l’irrationnel, de l’irréel.
Ginko nous invite alors à suivre son pas déterminé, mais lent. Et c’est bien là tout le mérite de la mangaka. Le lecteur, tout comme le spectateur (car une version animée existe), est amené à vivre les paysages, à s’imprégner des vallées et montagnes du Japon médiéval. En effet, le scénario à la thématique envoûtante, se réfrène à pousser de l’avant un temps présent qui s’étire et véritablement prend vie grâce au coup de crayon expert de l’artiste. Un espace de contemplation s’ouvre. Émotions et sensations se laissent goûter au rythme tranquille des formes et des couleurs. Le manga dévoile ses charmes, l’histoire se déplie en douceur, le lecteur respire.
Mushishi et la culture japonaise
Les mushi, êtres au plus proche de ce que l’on pourrait appeler « source de vie », investissent montagnes, forêts, rivières… Les frontières du vivant prennent alors des largeurs que nos esprits rationalistes ont trop souvent évitées. En effet, au sein du manga, le monde qui nous entoure semble traversé d’une énergie, d’un souffle d’existence presque incontrôlable. L’Homme n’est plus qu’un maillon de la chaîne, qu’une expression de vie parmi les autres. Sous la plume de l’artiste, les croyances shintoïstes du Japon prennent forme. Le shintoïsme, religion aux origines incertaines, donne au soleil, à la pluie et au vent le droit d’éprouver, de ressentir. Yuki Urushibara, tout en puisant idées et inspiration aux sources de la tradition, renouvelle cette dernière en lui offrant des contours et des traits originaux.
Quoi de plus passionnant que de rencontrer des univers ? N’hésitez pas à plonger dans celui de Yuki Urushibara ! Vous en ressortirez transformé, mais pas déçu.
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