Naam, les voies de Dieu sont psychédéliques
Voilà une divine surprise pour les aficionados du rock expérimental, inventif et péchu. Le label très indépendant Tee Pee, spécialisé pour dénicher des groupes zarbis n’hésitant pas à sillonner des contrées musicales peu prisées de MTV, vient de signer une perle rare, le trio new-yorkais Naam.
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En quelques mots, parce que ça ne se lit pas mais ça s’écoute, Naam nous offre plus de soixante minutes de rock difficile à classer car il allie des nappes discrètes mais efficaces de synthé, des parties très inventives et habilement stylée de musique, une basse heavy rappelant Black Sabbath et of course, des percussions très élaborées, le tout permettant de jouer sur des cassures de rythme, ce qui fait qu’au bout du compte, on ne s’ennuie pas et l’on est transporté très loin par cette interprétation de heavy psychédélique qui n’a rien à envier aux meilleures prestation des années 1970. En vérité, l’ambiance est plus à chercher dans le début des seventies, vers 1971 qu’à la fin des sixties, vers 1966 ou 1967, années fastes de cette musique dite psychédélique symbolisée par l’usage du LSD, drogue hallucinogène ayant selon quelques analystes impulsé les styles orientalisant de cette époque, mais dont les effets temporels sont assez stupéfiants, si bien que Jerry Garcia finissait par oublier qu’il avait joué les mêmes parties de guitare pendant 20 minutes et qu’il était temps de finir le morceau pour qu’il s’imprime dans les sillons d’une face de vinyle pour célébrer le Grateful Dead dont Naam se rapproche tout en étant plus péchus et plus aérien. LSD, c’est aussi le titre d’un morceau des sulfureux Pretty Thing, des bad boys encore plus mauvais garçons que les Stones et dont le L a été remplacé par la livre, preuve s’il en est que ces facétieux joueurs de psyché avaient anticipé le fric qui allait irriguer le monde du rock, autant que les poudres et autres décoctions pas très bien vues par les autorités.
Naam sonne plus comme les grands inventeurs du psyché planant des seventies et notamment ces deux groupes emblématiques du krautrock que sont Guru Guru et Ash Ra Tempel. Naam sonne un peu comme le trio basique Guru Guru en plus heavy, et stylé différemment grâce à l’usage des fantaisies de l’électro, sans oublier quelques parties de sitar et cette guitare qui sonne plus seventies que les deux Jimmy. Et ça rappelle les premières productions d’Ash Ra dont la particularité est d’offrir une face planante et une autre plus free où la guitare et la batterie se déchaînent, mais c’est semble-t-il moins brouillon, plus net dirions-nous, bien exécuté, sans faille et avec une excellente production. Gloire à Naam et souhaitons-leur un succès mérité.
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