Nabe à Hara-Kiri, l’exposition
Marc-Edouard Nabe tient une nouvelle exposition qui présente les dessins qu'il avait réalisés à l'époque où il faisait partie de l'équipe du journal satirique Hara-Kiri, il y a de cela quarante ans. Une occasion de découvrir l'oeuvre naissante d'un jeune dessinateur de seize ans qui deviendra plus tard un écrivain à insuccès ayant à son actif une trentaine de livres.
Marc-Edouard Nabe est notoirement connu dans le monde littéraire pour avoir produit une oeuvre littéraire riche, composée de romans, d'essais, de poésies, et d'un journal intime. Souvent attaqué pour des propos jugés scandaleux ou outranciers, il est néanmoins apprécié par ses lecteurs pour sa plume acérée, son style chatoyant, et le caractère polémique de certains de ses écrits. Depuis 2005, date à laquelle il perd son éditeur, Nabe n'a eu de cesse de poursuivre son métier d'écrivain tout en s'émancipant du monde de l'édition. C'est grâce à son talent de peintre que, en ouvrant plusieurs expositions, il a réussi à financer le montage de sa propre plate-forme de vente de livres, qu'il édite désormais lui-même. Un procédé qu'il nomme "anti-édition", car dirigé contre les éditeurs, qu'il accuse d'étouffer le travail des écrivains. Depuis le 1er décembre 2014, ce sont ses dessins d'adolescence, pour certains publiés chez Hara-Kiri, que l'on peut venir voir rue Pierre-Le-Grand.
Une soixantaine de dessins sont exposés, tous d'un mauvais goût certain, mais franchement hilarants. Les connaisseurs y retrouveront des éléments particulièrement nabiens, comme la scatologie, la fascination pour la difformité, les putes, le sexe. Il y a dans toutes ces oeuvres un côté trash qui interroge et qui déroute, même à l'heure où la pornographie et le gore sont monnaie courante. C'est qu'il est inhabituel de voir un tel mélange entre infantilisme et mâturité perverse : la naïveté du trait tranche avec une inventivité géniale dans l'obscénité, ce qui donne un aspect monstrueux au tout, un peu comme si le marquis de Sade était illustré par un enfant de six ans. Les amateurs du genre ne manqueront toutefois pas d'y prendre une bouffée revigorante d'oxygène, en admirant là une liberté de création que peu osent se permettre aujourd'hui.
16 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON