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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Napoléon et les grandes cérémonies impériales par David Chanteranne

Napoléon et les grandes cérémonies impériales par David Chanteranne

David Chanteranne, historien et journaliste, est rédacteur en chef de nombreuses publications historiques, dont la Revue du Souvenir napoléonien et les magazines Napoléon Ier et Napoléon III. Il a également suivi une formation d’historien de l’art. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à l’image du pouvoir impérial. Avec cette étude, il nous propose une analyse circonstanciée des « grandes cérémonies impériales ».

Il est évident que le Sacre de 1804, le mariage avec Marie-Louise en 1810 et le baptême du Roi de Rome en 1811 devaient servir la gloire napoléonienne. Les grands événements de l’Empire furent souvent représentés par les arts. Tout le monde connaît le tableau de David mettant en scène le sacre de Napoléon. Cette peinture a marqué les esprits et continuera pendant longtemps d’impressionner car il s’agit d’un magnifique travail d’artiste. Nous pouvons écrire sans nous tromper que l'art s’est littéralement mis au service de la propagande napoléonienne. Effectivement, le préfacier Jean Etèvenaux écrit : « David Chanteranne rappelle la force de la communication agencée par le maître. Les artistes devaient se faire les chantres de la puissance impériale  ». 

Ainsi, la Reine Mère, Laetizia Bonaparte, ne désirait pas assister à la cérémonie du 2 décembre car elle n’appréciait guère sa belle-fille. Pourtant, elle figure en très bonne place sur le tableau. Elle se situe quasiment au centre. La raison est toute simple comme nous l’explique Etèvenaux : « Ce qui compte n’est pas la réalité, mais la mémoire qu’on doit en garder, sans oublier l’insistance sur le fait que l’Empereur ne tient son pouvoir que de lui-même  ». De fait, David a peint l’Empereur couronnant Joséphine, et non Napoléon recevant ou prenant la couronne des mains de Pie VII. L’image se veut saisissante : son pouvoir repose sur son génie, il ne le doit ni à Dieu, ni aux Hommes.

Ce livre raconte les circonstances et les grandes étapes des trois cérémonies énoncées plus haut, de 1804, 1810 et 1811. Chanteranne se montre pédagogue et pertinent dans ses analyses : « L’historien de l’art est resté avant tout un historien, précis et rigoureux, avec cette grande capacité d’évocation dont il nous fait profiter dans les pages qui suivent  ». Nous lisons donc avec intérêt que Napoléon connaissait l’importance de ne rien laisser au hasard. Il avait même dit avec lucidité : « La force est fondée sur l’opinion. Qu’est-ce que le gouvernement ? Rien, s’il n’a pas l’opinion  ».

A l’évidence, les victoires militaires et l’art peuvent influencer cette fameuse opinion publique. Napoléon publiait différents bulletins d’informations illustrés consacrés aux campagnes de ses armées. Il fallait maintenir coûte que coûte le lien avec le peuple, mais aussi lui faire comprendre ce qu’il devait penser : « Napoléon Bonaparte, depuis ses premières victoires militaires de Toulon, a toujours compris que l’homme de la rue demeurait la pierre angulaire du pouvoir ». Selon l’auteur, il convient d’avoir à l’esprit la donnée suivante : « Entre 1794 et 1815, voire jusque sa mort à Sainte-Hélène en 1821, la conscience politique du plus grand nombre a dicté ses choix ou son discours, ou, tout du moins, orienté ses choix  ».

Le général de l’Armée d’Italie avait saisi l’importance des journaux pour diffuser ses idées au plus grand nombre. Il a vite admis qu’il fallait d’emblée s’attacher ses soldats sur lesquels reposaient, en définitive, le succès de ses armes. Ce n’est pas pour rien que Le Courrier de l’Armée d’Italie avait « vanté les mérites de celui qui vole comme l’éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout ; il est l’envoyé de la Grande Nation  ». Nul n’ignore que beaucoup d’articles furent écrits ou dictés par Napoléon lui-même, selon l’adage bien connu : « On n’est jamais mieux servi que par soi-même  ».

Chanteranne énonce que « deux tendances s’affrontent alors : l’école de Jacques-Louis David, où l’héroïsme éducateur, les vertus républicaines, tendent vers un dépassement hautement moral ; et l’école d’Alexandrie, davantage néogrecque dont la seule mythologie gracieuse, tendre et voluptueuse est mise en exergue  ». Napoléon a voulu que sous son règne la France soit la première des nations. Il avait même déclaré en 1808 devant l’Institut : « J’ai à cœur de voir les artistes français effacer la gloire d’Athènes et de l’Italie ». L’auteur note « qu’hormis Louis XIV, jamais chef d’Etat n’avait donné directive plus forte  ». 

Avec le recul que nous offre les siècles pouvons-nous considérer que le soleil d’Austerlitz efface la gloire de Louis XIV ? Chacun sera libre de répondre à cette question… Ces trois événements analysés avec justesse par Chanteranne « montrent l’importance à la fois politique et symbolique des grandes cérémonies napoléoniennes  ».

Franck ABED


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3 réactions à cet article    


  • rogal 2 mai 2020 11:24

    « Avec le recul que nous offre les siècles pouvons-nous considérer que le soleil d’Austerlitz efface la gloire de Louis XIV ? Chacun sera libre de répondre à cette question… »

    Libre, en tout cas, tant que durera la République.


    • Germain de Colandon Germain de Colandon 2 mai 2020 15:52

      Merci pour cette page de culture qui nous change de tout ce pandémonium anxiogène. Un tir groupé de liens, pour continuer de voguer dans les hautes sphères. Cordialement.

      https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=oeuvres+musicales++%2C+napoleon+1er


      • ykpaiha ykpaiha 3 mai 2020 03:56

        Notre république comme toute les autre finira ....mal. la 1ere eu Napoléon ; les autres ont suivi....comme elles ont pu.

        L’idee de République n’est que transitoire, disait Platon, Un Directoire, la terreur, 3 restaurations, 2empires, 2 guerres mondiales ( sans compter 1870), le tout en a peine 200ans....pour finir avec Macron.

        Pas sur que l’on ira s’ébaubir des ruines de nos buildings en verre, ou de notre art contemporain dans 100ans.

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