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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Noémie Lvovsky : c’est de la dynamite !

Noémie Lvovsky : c’est de la dynamite !


Le titre du dernier film de Noémie Lvovsky annonce la couleur : Faut que ça danse ! est un film aussi virevoltant et enlevé qu’un cours de claquettes. Ca valse, ça balance, ça avance vite, ça bondit. La réalisatrice est une maîtresse du rythme, de la bonne humeur, de l’humour, et ce n’est pas une nouveauté. Dans La Vie ne me fait pas peur, un autre film générationnel, Lvovsky croquait avec talent la vie des adolescentes comme elle vient de saisir la vieillesse sur le vif - les scènes défilaient à cent à l’heure, à l’image de ses héroïnes survoltées (il y a souvent une osmose entre le regard de la caméra et la manière d’être du personnage dans les films de Noémie Lvovsky, à se demander s’il n’y a pas un peu d’autofiction dans ces derniers).

C’est pourquoi Faut que ça danse ! est tout, sauf ce que certains critiques ont insinué : une petite comédie d’auteur bien franchouillarde et intimiste, pleine de bons sentiments. La vieillesse, l’appauvrissement et la dépendance, la maladie mentale, voilà les sujets essentiellement abordés par ce film. Dans notre société où le fameux « problème des retraites » s’invite régulièrement dans les débats politiques, il n’est pas superflu de donner la parole à une artiste. Le personnage de Salomon Bellinsky, interprété par Jean-Pierre Marielle, est un « contre-cliché » : à quatre-vingts ans, il déborde littéralement de vie et n’a pas du tout envie de se laisser mourir, malgré les prospectus pour pompes funèbres qui envahissent sa boîte aux lettres, malgré le « racisme anti-vieux » de certains, malgré les mises en garde alarmistes de son médecin contre les rapports sexuels à son âge avancé (scène hilarante d’ailleurs, jouée par le grand Daniel Emilfork). Le message de la réalisatrice est clair : notre société contemporaine ne cesse de rappeler le spectre de la mort au troisième âge et, d’une certane manière, enterre les personnes âgées à l’avance.

Ceci dit, là où le film pourrait se révéler pesant, lourdaud, et même pathétique, la réalisatrice fait preuve d’un humour burlesque extrêmement imaginatif, léger et savoureux. C’est sur ce point que Noémie Lvovsky est, à mes yeux, une grande : comme Scarron, Rabelais, Chaplin, les situations les plus comiques et les plus délirantes sont au service d’une vraie réflexion sur l’être humain, notamment les séquences du film consacrées à l’imaginaire de Sarah Bellinsky (Valéria Bruni-Tedeschi) petite fille. Elle s’y représente mentalement les histoires quelque peu mythomanes racontées par son père à propos de la Seconde Guerre mondiale. Ces scènes sont à la fois oniriques, drôles et impressionnantes : dans un huis clos théâtral et lynchien où les murs d’une chambre sont peinturlurés d’un rouge sanguinolent, un Hitler gesticulant comme un pantin et parlant tout seul une drôle de langue cherche à se coucher, met un incroyable pyjama gammé (il fallait le faire) et dort avec une veilleuse - mais Jean-Pierre Marielle est caché sous le lit ! La suite se transforme en film gore si excessif qu’il en devient comique. Au-delà de l’évidente provocation un peu douteuse de cette scène, la réalisatrice parvient à montrer avec justesse le regard d’un enfant incapable de se représenter l’inconnu et contraint de l’imaginer à partir de ses propres codes, ceux du monde de l’enfance bien sûr, d’où la veilleuse, le pyjama, etc. L’air de rien, le burlesque illustre le tragique et le merveilleux de la toute petite enfance : impuissante à saisir la vérité par elle-même, elle se contente de la rêver. Valeria Bruni-Tedeschi souffrira toujours du caractère « secret » de son père, préférant lui raconter une vie « fictive » plutôt que de lui laisser voir ses réelles souffrances. Le rapport père-fille de Faut que ça danse ! n’est pas sans rappeler un autre film qui fait la part belle à l’imaginaire : Big Fish de Tim Burton ! Alors cessons de bouder les auteurs français et de voir des clichés dans leurs films lorsqu’il n’y en a pas, surtout lorsqu’ils parviennent à mêler avec brio légèreté et profondeur !


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (7 votes)




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3 réactions à cet article    


  • Vincent Delaury Vincent Delaury 17 décembre 2007 12:10

    Bravo ! Vous donnez envie d’aller voir ce film. Si cet univers tragi-comique vous plaît, je vous conseille d’aller voir « Actrices » qui va bientôt sortir - le scénario étant co-écrit par Noémie Lvovsky. Cordialement,


    • Juliette Goffart 17 décembre 2007 13:37

      Merci ! Effectivement, j’attends « Actrices » avec impatience (même si, hélas, Valéria Bruni serait à deux doigts de devenir la belle-soeur de Sarko, terrible) !


    • 1jour 17 décembre 2007 23:17

      Film bien nul ! faut croire qu’on a pas vu le même film !http://agoravox.fr/smileys/en_colere.png http://agoravox.fr/smileys/en_colere.png

      Article à l’image des critiques dithyrambiques des journaux... Oui j’y suis allé ce soir ! Quel ennui ! rien ne fonctionne même pas Marielle (que j’apprécie beaucoup par ailleurs) Bruni-Tedeschi, pas meilleure que d’habitude. Quelle fadeur ! J’aurais du un peu plus m’attarder sur Allociné, voir les critiques des spectateurs, pas les platitudes des encenseurs de commande...

      http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111174.html

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