Odessa, le chef d’œuvre oublié des Bee Gees
Hier, c'est Robin Gibb qui s'en est allé, après avoir lutté des mois sinon deux années contre un cancer et ses nombreuses rechutes. Faisant l'admiration de toute l'Angleterre, comme le fit à une époque le grand Freddy Mercury... parti sur la pointe de ses impayables hauts talons. Non, ce qu'il y a de triste, encore une fois, c'est que le groupe dont il était l'emblème a été marqué à jamais par la seconde partie de sa carrière, la plus connue, hélas, celle du "disco". Mais avant de sombrer dans cette facilité musicale, les trois frères venus d'Australie avaient connu le succès avec tout autre chose, et avaient surtout réalisé un album qui, aujourd'hui encore, défie toujours le temps par son côté énigmatique et profondément habité. Sobrement intitulé "Odessa", il reste un chef d'œuvre, que je vous propose de revisiter au nom d'une voix étonnante aujourd'hui disparue.
Il y a des chansons qui vous intriguent, pour des tas de raisons, dont certaines sont parfois fort particulières. Celle que j'ai entendue en avril 1967, alors que je n'avais qu'une quinzaine d'années, m'avait tout de suite beaucoup plu. Tout d'abord pour la voix, indescriptible : une voix très haut perchée, qui détonnait énormément pour l'époque où la mode des chanteurs suraigüs liés au hard rock n'était pas encore arrivée. C'était sur la BBC, qui émettait le dimanche après-midi son hit parade régulier. C'est là que j'y ai découvert Peter Green et Fleetwood Mac, première mouture, par exemple. Cette voix, c'était celle de Robin Gibb, des Bee Gees, un groupe... chantant un drôle de truc. Un titre long, ce qui n'allait pas très bien avec les "charts" : "New Work Mining Disaster 1941" (sous titrée "Have You Seen My Wife Mr Jones ?"), voilà exactement le genre de titre invendable.... qui allait faire un carton, justement, au grand étonnement ce ses producteurs ! En fait, si vous fredonnez la seconde strophe, avec " Have You Seen My Wife Mr Jones ?", tout le monde reconnaît la chanson ; mais personne n'est capable, aujourd'hui encore, de donner le nom du titre du disque. D'emblée, les Bee Gees auraient-il fait dans l'obscur ?
Etrange chanson en effet. Une orchestration à la Moody Blues, auteurs, déjà de titres mémorables, avant qu'ils ne découvrent l'usage de l'étrange Mellotron comme instrument (à bandes magnétiques !), et un texte plutôt intriguant. Parlant d'un mineur enfermé dans une galerie ou enseveli sous terre, ressorti in extremis et cherchant sa femme, en disant de ne pas parler trop fort pour ne pas provoquer un autre éboulement. Armé de mon dictionnaire d'ado, j'avais (mal) capté ce texte qui m'avait laissé perplexe a vrai dire, cet "affaissement de terrain" (landslide) dont je n'avais pas retrouvé l'origine tout de suite. En reprenant mes souvenirs, et mes journaux d'époque, que mes parents parfois gardaient, j'avais pourtant retrouvé ce qui aurait pu en être l'inspiration, datant d'un an auparavant à peine. Une terrible catastrophe, survenue au sud du Pays de Galles, le 21 octobre 1966 qu'avait relaté la Voix du Nord. Il y avait eu 144 victimes, dont 116 enfants, ce qui avait marqué le monde entier. Tout un pan de terril s'était en effet effondré brusquement, à 9h 15 du matin sur une école pleine d'enfants, la Pantglas Junior School. L'horreur complète. Les mines anglaises du National Coal Board (NCB) avaient stocké pendant des années des déchets extraits des profondeurs le long d'une colline connue comme contenant beaucoup d'eau de ruissellement. Son dirigeant, lord Robens de Woldingham, sera vivement critiqué pour son attitude le lendemain même, préférant se faire sacrer chevalier que de se rendre sur place pour soutenir les parents des victimes. Un danger évident que les responsables locaux avaient totalement ignoré. Le monde entier avait été très marqué par la catastrophe, faisant affluer des dons et de l'argent à la ville dévastée : les images avaient défilé sur les deux seules chaînes de TV existantes (la troisième ne sera créée que le 31 décembre 1972).
Une chanson liée énigmatiquement à un événement historique, étrange parcours pour de la "pop", avouons-le ! A noter que les catastrophes ne nous enseignent pas encore assez semble-t-il : près de dix ans plus tard, le Nord allait subir en subir une de même provenance. Cette fois, c'était la température interne d'un terril créé en 1922 qui en serait la cause : le mardi 26 août 1975 vers une heure du matin dans les corons de la cité de la fosse 6 à Calonne Ricouart. A la suite d'une explosion, ce sont plus de 1 000 m3 de schistes et de cendres brûlantes qui se déversèrent sur une quarantaine de maisons des corons situés en contrebas. Mais là encore, la pluie avait fait office de déclencheur : des pluies diluviennes, survenues la nuit du 25 août 1975. La catastrophe sera de moindre ampleur, tuant 6 personnes et en en blessant 2, mais le principe assez similaire. Mais tout ça ne nous disait toujours pas d'où venait exactement l'inspiration des frères Gibb : autant les auditeurs s'étaient agglutinés au son de la voix particulière de Robin, peu s'étaient intéressés de près au contenu des textes qu'il chantaient. Or chez les Bee Gees, le trésor caché était aussi là, et on le découvrirait quelque temps plus tard. Car leurs textes étaient en effet très étonnants !
L'explication viendra bien plus tard, de la bouche même de Maurice Gibb, qui confiera à la presse l'origine de la chanson et confirmera ce que l'on pensait : "c'est le 14 Avril qu 'est sorti le single : "New Work Mining Disaster 1941". Les trois garçons ont trouvé leur inspiration pour écrire cette chanson assis dans l'escalier (avec beaucoup d'écho) de Polydor Records. Selon Maurice Gibb : "le thème général était d'être coincé dans un trou de mine et nous avons aussi été inspiré par la catastrophe minière d'Aberfan au Pays de Galles, qui avait eu lieu moins d'un an plus tôt en Octobre 1966". Il y avait eu effectivement et également un désastre minier à New-York mais ce n'était pas en 1941 mais quelque part en 1939 selon Robin, précise Maurice : "Il ya beaucoup de sons étranges sur cette chanson comme la guimbarde ("jew's harp") le quatuor à cordes, etc, et bien sûr la façon particulière que Barry de jouer cette corde de guitare ! En raison de son démarrage, quand il joue en mode mineur au début de la chanson qui est différent d'un classique "la mineur ". A vrai dire, on ne retrouve pas ce désastre cité (des mines à New-York ?) mais deux accidents avaient cependant eu lieu en l'un le 10 janvier 1940 où 91 mineurs avaient été tués à Pond Creek No. 1 a Bartley, en Virginie-Occidentale, ou celui du 16 mars 1940 à Willow Grove No. 10, dans la la mine de St. Clairsville, en Ohio, faisant 72 victimes.
Notons encore que ce procédé, celui de mêler des événements réels à des textes de chansons romancées, les Beatles en étaient aussi coutumier, les exégètes glosant encore aujourd'hui sur le fameux couplet des fameux "four thousand holes in Blackburn, Lancashire" dans la chanson "A Day in A Life". Un des premiers titres du genre "rock progressif" selon certains. Pour beaucoup d'historiens de la musique, il s'agissait bien d'un simple entrefilet lu par John Lennon dans le Daily Mail du 17 janvier 1967 ! Le surréalisme des news, auquel on a toujours droit aujourd'hui, si on est un tantinet attentif...
En fait, les Bee-Gees, expatriés en 1958, avaient débuté tôt... très loin, en Australie exactement, dont il n'étaient revenus qu'en 1967 ; comme le démontre cette étonnante vidéo de... 1963, avec une version fort honorable de "Blowin in The Wind". Capables d'entonner très jeunes un répertoire assez vaste avant de s'attaquer à composer eux-mêmes. Ils s'attaquaient aussi au répertoire des Beatles à qui ils vouaient une certaine admiration, sinon davantage (ils ne l'ont jamais caché). Bambins, ils avaient baigné dans la musique, celle des Mills Brothers et des Everly Brothers : de quoi leur donner à l'évidence un goût certain pour l'harmonie ! Des précoces, que ses frangins, entraînés par leur grand frère (il restera longtemps plus grand qu'eux) qui les surveillait constamment du coin de l'œil : à l'époque des vidéos, Robin et son jumeau Maurice ; n'avaient que 13 ans !!! "Le succès local de ces plaisantes ballades attire l'oreille de Robert Stigwood, producteur et agent d'artistes australien qui s'est installé à Londres en 1954" note Le Monde. Stigwood était tombé avec eux sur une vraie mine... d'or.
Toujours est-il que nous sommes alors en avril 1967, un an après la catastrophe, et notre groupe de cinq musiciens (dont les trois frères Gibb, qui chantent depuis cinq ans déjà plus le batteur Colin Petersen et le guitariste Vince Melouney) habite désormais Manchester après avoir vécu, donc, un temps en Australie : Manchester, un autre fief industriel alors en plein plongeon post-industriel, dont la musique était un des remèdes évidents. Leur premier disque avait été enregistré chez IBC Recording Studios, qui sera plus tard racheté par Chas Chandler. C'est là que Lonnie Donnegan, père du folk anglais, avait enregistré ses premiers titres, dont "My Old Man's a Dustman", sur une des toutes première consoles de mixage transistorisée. La vieille console sera changée en 1970, devenant une 16 pistes, à la place des.... 5 (?) existantes.
Les moyens de l'époque seraient facilement jugés aujourd'hui fort rudimentaires ! Comme preneur de son, il y avait là Andrew Loog Oldham (photographié ici chez Chess devant un Ampex), qui n'était autre aussi que le manager des Rolling Stones, des Stones qui ont enregistré là une bonne partie de leurs tous premiers enregistrements sur place, avec le fabuleux Glyn Johns comme preneur de son... et où apparait le "sixième Stones", Ian Stewart. Dès la sortie du 45 tours des Bee-Gees, le monde se pose la question : d'où vient cette voix, ou plutôt d'où viennent ces voix , qui détonnent tant dans le paysage. Et d'où leur viennent aussi leurs étranges paroles ! La sortie d'un premier album, puis d'un second incluant leur deuxième hit "Massachusetts", originellement écrit pour les Seekers, les ayant déjà envoyés au firmament des hit-parades. En l'entendant en studio, il paraît que le manager des Beatles leur avait prédit un succès immédiat ; il aura raison, mais ne pourra le le vérifier, décédant quelques jours plus tard. En radio, c'est la station BBC Radio 1, celle qui fait référence en Angleterre, qui va le marteler ; littéralement. Aujourd'hui encore, le titre tient toujours son rang de meilleure vente de tous les temps, avec 5 millions de copies vendues, juste derrière "She Loves You" des Beatles ! En réalité, les trois jeunes talents était arrivés ... recommandés par des producteurs australiens.
Le groupe monté au top les deux années suivantes était alors attendu au coin de la rue par les critiques. Après Sergent Pepper, enregistré du 6 décembre 1966 au 21 avril 1967, tous se sentent obligatoirement humbles en 1967... Les Beatles avaient tapé tellement haut qu'après il allait falloir retrousser les manches, chez la concurrence. Et les Bee Gees forcés de ne va pas décevoir en sortant un album, le quatrième (après "First", "Horizontal" et "Idea" ; filmé ici en Allemagne avec des effets typiques de l'époque, en 1968, très "Yellow Submarine") bien au dessus du lot, intitulé sobrement "Odessa". Etonnant disque que celui-là, en effet ! Certains en ont depuis très bien parlé, dont ici au Canada J-Ch Laurence : "on peut ne pas aimer les Bee Gees, leurs dents trop blanches et leurs voix fluettes. Mais personne ne peut nier que les frères Gibb ont réussi quelques bons coups. À commencer par le somptueux double album Odessa, tout juste réédité par la compagnie Rhino.
Ce « classique » des Bee Gees a été lancé en 1969, 10 ans avant l'explosion Stayin' Alive. À l'époque, les Beatles trônaient toujours au sommet des palmarès. Et les Bee Gees, malgré quelques tubes encourageants (Massachussetts, I've Gotta Get a Message to You), n'étaient encore que trois pieds-tendres plus ou moins crédibles. Les choses ont changé avec cette oeuvre ambitieuse, ponctuée de pièces folk-pop aux orchestrations symphoniques. Ce n'était pas le mur du son de Phil Spector, mais presque. C'était un disque porté par la mode et les excès du temps, avec de la guitare et du piano, des harpes, des orgues d'église, des chorales et des nappes de violons dignes de Walt Disney et bien sûr des harmonies vocales à n'en plus finir. Quant aux chansons, elles dépassaient le stade de la simple bluette sentimentale, à commencer par l'épique chanson-titre (huit minutes), sur le naufrage d'un bateau au XIXe siècle..."
Le reproche principal fait au disque étant le nombre de titres contenu (17 !) car c'était un double album, un "concept-album" produit par Robert Stigwood, mais il est vrai aussi que certains de ces titres, justement, sont de purs chefs d'œuvres, tel en effet le monumental titre "naval" ainsi expliqué par Telerama : "la pochette feutrée s'ouvre et dedans, sur fond vert kaki, une gravure où des marins tendent un bébé aux passagers d'une chaloupe assez chargée. Il s'agit manifestement d'un naufrage. On écoute le premier disque. Claquement de guitare sèche et une voix remontant de la noyade : Fourteenth of February, Eighteen Ninety Nine… The British ship Veronica was lost without a sign… En cherchant un peu sur le Net on trouve trace d'un cargo anglais Veronica coulé au large de Hartland Point, suite à une collision dans le brouillard avec le SS Glen (en route pour Rouen), et ce en 1900. Les frères Gibb ont-ils romancé à partir de là ? Tout est grandiose immédiatement dans le morceau d'ouverture qui enflamme Odessa, britannique opéra dont la réputation, somme toute modeste, n'élude en rien l'éclat. "Captain Richardson left himself a lonely wife in Hull…" Toujours ces étranges références ! Et pour une fois, au moins, on s'inquiétait au moins des sources de l'imagination fertile des frères Gibb, c'était déjà ça !
Un Télérama dithyrambique, qui continuait : "Les trois syllabes du titre alors s'étirent comme un pavillon déchiré, appel de détresse jeté à la nuit. 7mn33 sans équivalent sinon chez Procol Harum (autres experts en naufrage) ou le Scott Walker épique de Scott 4. Le morceau d'après, "You'll never see my face again", n'est pourtant pas la suite de l'histoire. Et c'est encore un sommet. Sur la deux, "Suddenly" fraie du côté de Syd Barrett et des Moody Blues. Ailleurs Barry Gibb assume à fond son complexe Beatles. Plus que jamais ce groupe portant ses initiales, est le sien. Le jeune Robin boude, et quitte ses deux frères pour une période alors indéterminée." Les liens vers Procol Harum, période London Symphony Orchestra (et le fort réussi "Salty Dog, hymne aux naufrages de tous les temps) et les Moody Blues (qui tournent toujours !) sont en effet évidents et flagrants dans "Odessa". Avec cet album, "les Bee Gees s'y rapprochent en réalité des Moody Blues" diront certains à juste raison. Des Beatles aussi, énormément même. Mais leur disque le plus abouti et dans lequel il avaient mis tant d'eux-mêmes... est surtout celui qui se vendra le moins bien : ce sera un échec commercial. Un double-album, bien avant le double "blanc" des Beatles, devenu échec relatif, question ventes pures, son prix étant une des contraintes incompressibles. Moins de ventes qu'espéré, en tout cas, avec les "cartons" des singles antérieurs. Un "gros" titre trop long, des mélidies diffciles à retenir, des orchestrations complexes : pas de quoi extraire de "hits" en effet !
Dans une émouvante interview de 2009 au journal Gardian, Barry Gibb, l'aîné des trois musiciens (en photo à gauche en 1959), avait regretté l'insuccès relatif de l'album. Les Bee Gees avaient voulu viser trop haut, manifestement, note le journal. "Peut-être aussi que la faible réponse du public à Odessa n'est-elle pas surprenante. Les Bee Gees étaient un groupe bizarre, même selon les normes des années 60. Leur production a zigzagué entre les ballades intenses destinées à devenir des hits - To Love Somebody, I've Gotta Get A Message To You - ici en 1997, on y ajoutera I Started A Joke - et les chansons baroques pop-psychédélique avec des paroles impondérables, sur les pilotes de course et les réfrigérateurs. Mais pas d'autre meilleure trace des frères Gibb que la vision majestueusement pop d'Odessa, qui, a magnifiquement orchestré le chagrin, emprunté la vedette à des simulacres d'hymnes nationaux, au country et western, avec une liste de titres qui établit une nouvelle référence pour leur étrangeté magnifique : harpes, guitares flamenco, essais de chant grégorien, un bout de contines "Baa Baa Black Sheep", des paroles sur les icebergs et les vicaires ou l'émigration en Finlande. Tout ce concept d'Odessa était censé être resté un mystère, mais c'est le genre d'album que vous écoutez perplexe, quant à ce qui va se passer ensuite"... Et pour laisser dubitatif, Odessa en effet, en offrait beaucoup ! Quarante trois ans après, on se pose encore des questions sur son contenu !
Une étrangeté d'inspiration qui demeure aujourd'hui encore un mystère. Explicable en partie par l'influence australienne, avoueront les chanteurs revenus au bercail anglais. "Gibb pense que l'étrangeté d'Odessa avait moins à voir avec les excès psychédéliques de l'époque que les particularités de l'éducation des frères, poursuivait le journal. "Notre musique est devenue très variée, car nous avons eu toutes ces influences de fous qui ont grandi en Australie - "Col Joye and the Joy Boys", "Billy Thorpe & the Aztecs" (étonnant groupe en effet), c'était une scène pop en soi. Ensuite, nous avions eu cinq semaines de mer pour aller en Australie, cinq semaines en mer pour en revenir. Nous sommes allés à l'intérieur des pyramides, mais aussi en Inde, traversé le canal de Suez, et dans le désert du Sahara. Au moment où nous sommes arrivés en Angleterre, nous avions eu toutes ces influences culturelles inhabituelles établies en nous. Je pense vraiment que ça a beaucoup à voir avec notre écriture, ces chansons, paroles étranges, inhabituelles, et ces abstractions." Difficile en effet de savoir exactement où ils avaient emprunté leurs idées. C'est pourquoi sans doute "Odessa" demeure toujours aujourd'hui un véritable OVNI musical !
"Odessa", album clé de leur carrière, les frères Gibb y étaient en effet très attachés comme le précisait Barry : "A la fin des années 90, soutenue par les critiques de l'album qui souhaitaient sa réévaluation, les Bee Gees ont évoqué un plan pour jouer Odessa dans son intégralité au Royal Albert Hall. La plupart des gens ont supposé que l'idée avait été mise de côté après la mort de Maurice Gibb en 2003, mais apparemment pas. « Je serais ravi de voir qu'il soit présenté comme une comédie musicale réelle, jouée comme un album. J'aimerais le faire avec Robin, avec un orchestre complet, peut-être avec d'autres artistes. Je préfère le faire que d'essayer de faire notre miel avec de plus grands succès encore". Selon Robin Gibb, Odessa était en effet une sorte de "tentative de Rock-Opéra". Voilà une définition qui convient... presque, en effet. Mais hélas, le rêve de Barry ne se produira jamais plus. Faute des voix nécessaires.
Et "Odessa", un peu trop présomptueux, très certainement, allalt leur jouer des tours : leurs tentatives de renouvellement suivants se solderont par des échecs, et leur producteur laissera même tomber l'éponge en 1975, date à laquelle ils décident de s'orienter vers le funk alors en pleine ascension musicale. Leur album "Main Course", enregistré sur un coup de dés aux studios Atlantic de New-York et à ceux de Criteria à Miami sera une des toutes premières tentatives de ce qu'on appelleral le "disco" dont ils vont devenir les emblèmes ; complètement par hasard. Leur producteur Robert Stigwood, re-contacté pour réaliser la musique du film "Saturday Night Fever", leur offrant alors d'enregistrer en France, à Hérouville, où ils peuvent longtemps s'attarder car on peut y vivre pendant des semaines**... (le studio du regretté Michel Magne, compositeur de fillms tels que les "Tontons Flingueurs") où le Floyd enregistrera un album, et cela deviendra en fait le sommet de leur carrière ! "Stayin Alive" deviendra en effet très vite un hit planétaire !!! A partir de cet album, ils vivront de tournées bien payées et ne produiront en revanche aucun album véritablement intéressant, le public leur redemandant constamment la même chose. "A la fin de la déferlante, le groupe a quitté la scène durant de longs mois. Ils avaient fait leur grand retour en 1987 avec l’album « You Win Again ». Parallèlement, ils composaient des mélodies qui deviendront des tubes – « Heartbreaker » de Dionne Warwick ou « Chain Reaction » de Diana Ross" explique Paris-Match. Un retour pas vraiment payant, à un degré près : leur tout dernier album de 2001, "This Is Where I Came In " plutôt bon, celui-là, car étonnant de retour aux sources. Enregistré sans basse et sans batterie, uniquement avec des guitares sèches et un clavier. Joué en Live, le titre phare, excellent, prendra de petits airs irlandais en introduction. Un succès gigantesque que cette période "disco", succès tel qu'il a annihilé chez eux trop longtemps toute créativité, il semble bien. Leur dernier giga-concert sera donné le 27 mars 1999 à l' Olympic Stadium de Sydney, à la fin d'une tournée mondiale devant plus de 64 000 personnes, jouée comme un pari final à un seul giga-concert par continent. Mais parfois, poussé par iun journaliste tenant plus à cœur leur début de carrière, ils citeront à nouveau leur "grand regret", qui avait un nom : "Odessa", bien entendu.
Après encore, il y aura le décès du jumeau de Robin, Maurice, le 12 janvier 2003, d'un cas médicinal rare, probablement génétique, qui avait aussi atteint semble-t-il en partie Robin (un volvulus, dans lequel l'intestin grêle se retourne sur lui-même) et la mise en sommeil définitive du groupe. Incapables ou presque de se produire sans le troisième frère. "C'est dommage que les Bee Gees soient aujourd'hui connus pour avoir participé à la mode disco grâce à la bande-son de La Fièvre Du Samedi Soir (1977), car si cette période disco est de loin la plus connue du groupe, c'est aussi la moins bonne" précise "rock fever", qui conclura bien mieux que moi cet hommage.
Robin Gibb avait une voix magnifique, qu'il a gardée longtemps, tout simplement. C'est le message qu'il nous laisse derrière lui. On s'en souviendra, pour sûr.
le DVD "This Is Where I Came In" est disponible :
http://www.amazon.com/This-Is-Where-Came-In/dp/B00005KJ0V
Le documentaire complet "This Is Where I Came In" de David Leaf et John Scheinfield est visible ici :
1) http://www.youtube.com/watch?v=lpdJuQDO86M
2) http://www.youtube.com/watch?v=CsU4AH17aqk
5) http://www.youtube.com/watch?v=4m8-Lzg6zC0
6) http://www.youtube.com/watch?v=RXYLUm16hz8
7) http://www.youtube.com/watch?v=ul2kKH1yOFU&feature=relmfu
8) http://www.youtube.com/watch?v=ty3fb47u-00&feature=relmfu
9) http://www.youtube.com/watch?v=JcSSkPwnkuM&feature=relmfu
10) http://www.youtube.com/watch?v=7wRndZnD_cA
11) http://www.youtube.com/watch?v=Nh2xdtycXm8
13) http://www.youtube.com/watch?v=CTxNwNsfmT8
(*) Paroles de "New-York Mining Disaster 1941" :
In the event of something happening to me,
there is something I would like you all to see.
It's just a photograph of someone that I knew.
Have you seen my wife, Mr. Jones ?
Do you know what it's like on the outside ?
Don't go talking too loud, you'll cause a landslide, Mr. Jones.
I keep straining my ears to hear a sound.
Maybe someone is digging underground,
or have they given up and all gone home to bed,
thinking those who once existed must be dead.
Have you seen my wife, Mr. Jones ?
Do you know what it's like on the outside ?
Don't go talking too loud, you'll cause a landslide, Mr. Jones.
In the event of something happening to me,
there is something I would like you all to see.
It's just a photograph of someone that I knew.
Have you seen my wife, Mr. Jones ?
Do you know what it's like on the outside ?
Don't go talking too loud, you'll cause a landslide, Mr. Jones.
(**) le château est dans un état déplorable d'abandon depuis.
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