On s’fait une bouffe
La nouvelle chanson française est un vaste fourre-tout où se côtoie le pire comme le meilleur. Sur le Net, on rencontre parfois le meilleur, « On s’fait une bouffe » est dans la catégorie, rare sur le Web, de ceux qui jouent avec les mots et les histoires. Présents sur la Toile, ils font leur chemin à travers concerts et diffusions, en ne misant pas tout sur le monde virtuel.

Les rencontres musicales via les milliers de sites proposant des nouveaux talents de la musique sont très séduisantes, souvent, site accrocheur, enregistrement proche d’une qualité pro, photos du groupe digne d’un press-book de majors, discours sur la volonté de changer le monde de la musique... Comment faire une sélection pour séparer ce qui n’est finalement qu’une autre forme de formatage, de ceux qui ont un avenir et qui misent toute leur vie pour atteindre ce nirvana, loin d’être virtuel, celui de la reconnaissance du public ? Avec le groupe On s’fait une bouffe, comme avec tous les autres qui attirent mon attention, c’est la scène qui a été l’élément majeur et final de ce coup de coeur, parce que sur scène on ne peut tricher, pas d’artifice numérique, pas de planque possible derrière de beaux discours, il faut être là, présent, et donner tout ce que l’on a en soi, et quand j’ai vu jouer ce groupe dans un festival improbable à 2000 mètres d’altitude, qui a réussi à faire valser des montagnards frigorifiés, et que j’ai senti l’émotion présente et intacte, comme celle que j’avais perçue en écoutant leur CD, je me suis dit : "Là, il se passe quelque chose."
Né en 2001, c’est un mélange d’histoires de chemins, et d’amitiés partagées autour de la volonté de créer un univers de chansons libres au parfum de leurs rencontres et de personnages hauts en couleurs. Des congés de 36 aux portraits fracassants des personnages oubliés de notre époque, dans les bars et sur les trottoirs, dans la vie de tous les jours, c’est un vrai défilé du monde des oubliés que nous fait découvrir On s’fait une bouffe.
En concert le public danse, et se laisse emporter par les percussions de Jean-Marie Bergey qui habille les chansons par de subtiles touches venues de ses lointains voyages, on se laisse griser par la contrebasse de Stéphane Pinna qui bat avec le coeur, et on rêve à tous ces bars improbables avec les claviers de Hervé Gasciolli contrepoint valsant.
Mais ils ne seraient pas au complet sans une voix, une de celles qui vous donnent envie de l’écouter, une voix qui vous chante et vous donne envie de boire un verre en refaisant le monde, une voix qui vous donne envie d’aimer ce qu’ils chantent, une voix qui vous emporte dans le monde de Maurice, qui vous fait le coup du lapin et qui vous rappelle l’Ecu que vous avez perdu, la voix d’Eric Lemaire, on ne l’oublie pas, elle vous touche jusqu’à la dernière valse, dans le petit bar de On s’fait une Bouffe.
Bonne découverte.
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