Opus Dei : le livre qui donne raison à Dan Brown
Un livre vient éclairer la façon dont l’Opus Dei planifie le racolage des élites catholiques, en rendant publics des documents ultra-secrets sur la stratégie de cette véritable milice.
Un livre vient éclairer l’art et la manière de ces derniers, en dévoilant et en expliquant des dizaines de documents qui comptent parmi les plus secrets au monde : les instructions par lesquelles les autorités de l’Opus Dei planifient le racolage – il n’y a pas d’autres mots – des élites catholiques depuis soixante ans. On ressort de ces quelque 300 pages avec un goût amer dans la bouche – surtout si l’on est croyant. Un goût d’artifice, un goût de médicament, le goût acidulé et métallique du scalpel.
D’un point de vue rationnel, on comprend que l’Eglise, dépositaire d’un ordre de mission, utilise les outils qui lui permettent d’accomplir efficacement ladite mission. Mais lorsque la mission de l’outil vient supplanter la mission de la main qui tient l’outil, et – pis – lorsque la main qui tient l’outil n’obéit plus aux injonctions du cœur et de l’âme, le bug est proche. La bêche devient alors le tyran du jardinier, le ciseau soumet le sculpteur, l’ordinateur anéantit l’esprit de l’informaticien. Et l’Opus Dei vampirise la sainteté de l’Eglise, la dénaturant du même coup – et la sainteté dénaturée n’est rien d’autre que de l’orgueil.
Dans ce livre minutieux, tout y passe : l’obsession du secret, la disponibilité qui devient de l’isolement, la docilité qui devient du sacrifice irrationnel, la mort à soi-même qui devient du suicide, le travail qui devient de l’activisme, la prière qui devient de l’incantation, le paternalisme qui devient du contrôle, etc… L’histoire et les activités de l’Opus Dei témoignent que spiritualité et stratégie font mauvais ménage : « L’Opus Dei considère que sensibiliser le monde à l’appel universel à la sainteté exige une véritable stratégie. Il s’agit de convertir en premier lieu les milieux intellectuels et des affaires, pour atteindre ensuite le plus grand nombre. L’organigramme de l’Opus Dei peut se comparer à une véritable structure militaire. Chaque membre reçoit de ses supérieurs des tâches précises à accomplir. La mission d’évangélisation est entièrement orchestrée depuis le siège de l’organisation à Rome, où réside la plus haute autorité : le prélat » Diantre ! On est loin du Sermon sur la montagne…
La Face cachée de l’Opus Dei – titre du livre en question, écrit par Bruno Devos, ancien membre de l’organisation, paru ces jours-ci aux Presses de la Renaissance – les ouvrages de Dan Brown prétendaient l’avoir révélée. Mais ayant exagéré, ou plutôt « romantisé », le caractère destructeur de cette « face cachée », ils n’avaient pas réellement servi la vérité. Ce livre le fait autrement mieux. Le frisson qu’il suscite ne parcourt pas l’échine, mais le cerveau. Ainsi découvre-t-on que les entreprises totalitaires de toutes tailles peuvent se faufiler jusque dans ce qui devrait être le temple de la liberté, l’Eglise du Christ.
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