Où ça se crèche ?
Tempête loin du bénitier.
Il est un élément des manifestations liées à la fête de Noël qui a tendance depuis quelques années à déclencher une tempête dans un bénitier. Si de manière plutôt consensuelle même s’il y a encore des réfractaires chroniques au bonhomme, le Père Noël n'est pas voué aux Gémonies, il en va tout autrement de la fameuse crèche qui déclenche des cris d'Orfraie dans une étable.
J'aurais tendance à penser que c'est l'âne ou le bœuf qui mettent ainsi les nerfs à vifs aux tenants d'une laïcité qui n'a d'autre objectif ici que de ne pas froisser une autre communauté cultuelle. C'est de leur part la plus stupide posture qui soit puisque par définition, elle ne se justifie pas par une position de principe mais plus sûrement par la crainte de froisser.
La crèche serait donc encore une représentation religieuse alors qu'elle est vécue par beaucoup comme un élément du décor, une pratique qui relève de la tradition et du simple décor. Donner tant d'importances à des santons, c'est sans nul doute placer la charrue avec les bœufs et le chérubin sur un piédestal bien illusoire.
C'est dans le même temps renoncer non à une pratique rituelle mais à une représentation dénuée de toute connotation religieuse puisqu'elle se situe au même niveau que le sapin, les guirlandes, les boules et les étoiles. Tout ceci n'est qu'un décorum qui ne mérite pas de déclencher une guerre de religion ou de saisir la justice qui a bien mieux à traiter.
Exiger le retrait de la crèche c'est aussi réclamer la suppression des sapins, du Père Noël, des niaiseries commerciales et de la dinde aux marrons. Il faut s'en prendre à la totalité et demander dans le même temps au soleil de renoncer au solstice d'hiver pour ne pas faire le jeu du paganisme. C'est encore ne plus mettre de charmants lutins sur la bûche pour ne pas offenser les personnes de petite taille et imposer un tirage au sort pour choisir la couleur de la pelisse du Père Noël chaque année.
Il n'y a aucune raison de faire en cette fête l'apologie du rouge d'autant que des sensibilités politiques peuvent s'en réclamer. Il faudrait dans le même temps réfléchir à la promotion du vin chaud, du pain d'épice et des marrons grillés, autant de mets qui peuvent offusquer telle ou telle groupe minoritaire ou secte à caractère alimentaire.
Le refus de la crèche relève de l'hérésie et de la négation de ce qu'on nomme un patrimoine culturel. Son exploitation n'a aucune valeur d'adhésion à une doctrine mais se place dans la volonté de faire corps à ce moment précis d'une fête qui porte en elle des valeurs de renouveau, de paix, de concorde, de bienveillance.
Restez sur la paille sans les personnages qui font ainsi polémique et même scandale n'est pas de nature à apaiser quoique ce soit. D'autres vont alors réclamer le retrait des animaux qui sont ici les représentants du sacrifice des bêtes domestiques tandis que le sapin est la victime végétale qu'il convient de sauver.
On peut alors s'interroger sur la présence de la paille qui dans une étable est destinée à recevoir des offrandes qui n'ont rien de festives. Faut-il aller jusque là pour satisfaire les tenants d'une laïcité débarrassée alors de bien des symboles de la République qui posent problème quand on y songe vraiment ? Le coq en premier lieu mais aussi Marianne qui s'interroge peut-être sur son identité sexuelle tout en ne concédant à la femme qu'un statut de potiche aimable.
Moi qui fais l'âne à longueur d'année, je me dresse sur mes ergots pour émettre ici une virulente défense de ce modeste symbole en démontrant mon incurable ignorance. Que ceux qui s'en offusquent, le regardent à travers un œil de bœuf et cessent de nous beugler aux oreilles des protestations aussi stupides qu'imbéciles.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON