Partez en Tournée avec Mathieu Amalric !
Après avoir cueilli de nombreuses critiques positives et, en bonus, le « Prix de la mise en scène » au dernier festival de Cannes, Mathieu Amalric débarque enfin dans nos salles obscures avec Tournée, un film qui, incontestablement, redore le blason du cinéma français.
Le personnage, atypique comme jamais, arrive donc, plus d’un mois après Cannes, dans les salles obscures françaises pour nous présenter sa Tournée, avec, en prime, la décoration gracieuse du « Prix de la mise en scène » du fameux festival. Vous étiez fâché avec le cinéma français et sa relative médiocrité ? Moi aussi. Mais cela est maintenant une histoire ancienne.
Un film vivant
Tournée est un film exactement à l’image de ses images, à savoir le new burlesque et ses femmes à la chair généreuse. Car en plaçant ses caméras dans les coulisses de cette tournée rocambolesque, Mathieu Amalric parvient à retranscrire toute la gaieté et tout le naturel de sa troupe.

Vulgaires, bruyantes, parfois provocatrices mais toujours sincères, ces femmes égocentriques et édulcorées débordent d’énergie et font du film un concentré de bonne humeur et un tourbillon de sensualité exigée. Tournée est un film vivant, qui soulage et qui régale, loin des alchimies imposée par nos sociétés contemporaines et nos magazines qui nous enseignent la beauté. Ces femmes sont grasses, tatouées même resteront toujours féminines et sensuelles.
Certes, les situations, filmées avec une grâce exquise, sont parfois répétitives et pourront paraitre fatigantes pour qui n’aime pas la compagnie bruyante. Car les phrases fusent et éclatent parfois dans tous les sens. Mais là est la force de ce film intimiste au possible : quel naturel ! A titre de comparaison, Tournée fait parfois penser à La Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche pour son honnêteté et sa simplicité. La comparaison est flatteuse mais bien réelle. Cette saveur est bien entendu rendue possible grâce aux jeux succulents des différentes actrices, mais aussi et surtout à la réalisation particulièrement réussie du film. Les plans, parfois en mouvements, notamment dans les scènes véhiculées, parfois portraitistes et parfois paysagistes, sont toujours recherchés et disposent d’une précision chirurgicale insolente. Le voyeurisme des scènes dansantes, filmées entre deux rideaux, accentue aussi ce rapprochement évident avec ces filles qui ont pourtant tout pour repousser. Le prix de la mise en scène semble justifié.
Parfaitement équilibré
Mais Tournée ne se résume pas qu’à un classique documentaire intimiste de cette cavalerie joyeuse. Il dispose aussi d’un réel cachet dramatique et mélancolique, matérialisé par le personnage de Joachim, interprété et sublimé par le jeu d’acteur de Monsieur Amalric. Car la juxtaposition de ce personnage triste, travailleur et fumeur, à sa troupe permet de poser les contours d’un film émouvant et particulièrement moraliste. Cette scène, dans une station essence d’autoroute, où Joachim discute et vanne avec cette caissière, est d’un humanisme débordant grâce aux dialogues savoureux des deux interlocuteurs. Une merveille, presque théâtrale, par sa forme burlesque et ses situations cocasses.

Le film est donc parfaitement équilibré grâce à cet échange dramatique et joyeux de personnalités en quête de reconnaissance et d’amour réciproque. Cette troupe est sublime, et cet homme, prêt à mentir pour arriver à ses fins, est émouvant, principalement grâce au charisme inégalé de l’acteur/réalisateur. On acceptera volontiers ce road-trip existentialiste et lunatique.
Tournée est un film imparfait, parfois répétitif, mais tellement réjouissant et rassurant pour l’avenir de notre cher cinéma, qui commençait sérieusement à Tournée en rond.
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