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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Passons à la suite !

Passons à la suite !

L’étude de la sonate nous a montré combien l’école viennoise (Haydn, Beethoven, Mozart, Schubert) avait dominé magistralement et définitivement cette forme musicale. Mais pour ce qui est de la "suite", le maître incontesté reste Jean Sébastien Bach qui a porté cet art à sa perfection, à tel point que des pièces de ses six merveilleuses "suites pour violoncelle seul" ont été reprises pour le cinéma et résonnent agréablement dans nos mémoires.

Dans un article précédent, l’art de la sonate (forme moderne de la "suite") a été étudié avec exemples illustres à la clé. Nous allons cette fois parler de la "suite de danses" (dite aussi la "suite"). La suite est l’ancêtre de la sonate et c’est Jean Sébastien Bach qui l’a fixée pour toujours avec génie. Mais le mieux est encore d’écouter. Voici deux exemples en introduction :

Suite pour orchestre n°3 en ré majeur BWV 1068

Bach a composé quatre suites pour orchestre, aussi surnommées "Ouvertures" en raison de l’importance du premier mouvement.

Suite n°1 pour violoncelle seul, BWV 1007, Prelude

De nombreuses autres pièces musicales en écoute intégrale seront indiquées en seconde partie d’article. Mais, avant toute chose, quelques explications historiques et techniques s’imposent...

I - Qu’est-ce qu’une suite ?

Il s’agit d’une forme musicale qui remonte à l’époque baroque XVIe au XVIIIe siècle. Elle est construite comme une suite de danses dans une même tonalité. Ces danses sont : l’ Allemande, au tempo modéré (d’origine allemande), la Courante, au tempo vif (d’origine française), la Sarabande, au tempo lent (d’origine espagnole) et enfin, la Gigue, au tempo vif (d’origine anglaise). On le voit, c’est très international !

Comme on l’a dit, la suite est l’ancêtre de la sonate. On retouve donc des parties qui annoncent les mouvements de la sonate :

  • L’Allemande, pièce au contrepoint très structuré / ancêtre de l’allegro de Sonate.
  • La Sarabande / ancêtre du mouvement lent de la sonate.
  • La Gigue / ancêtre du mouvement vif conclusif de la sonate.
  • Enfin, entre la sarabande et la gigue viennent s’intercaler d’autres danses : menuet, la gavotte, la chaconne et la passacaille. Chez Bach, des "galanteries" (une pièce "double" : menuet, gavotte ou bourrée), invariablement une première partie dans la tonalité principale, et une deuxième dans la tonalité relative. / Cette pièce est l’ancêtre du troisième mouvement de la sonate (scherzo-trio)
  • En ouverture, un prélude qui, lui, n’est issu d’aucune forme de danse, vient se placer au début de la suite pour lui servir d’introduction.
II - La diversité du génie de Bach :

Jean-Sébastien Bach compose des suites pour violon solo, violoncelle solo, clavier et orchestre, luth. Commençons par les suites pour luth qui ont été reprises à la guitare : Voici la très célèbre Bourrée extraite de la suite BWV 996. Le groupe de rock progressif Jethro Tull en a fait une adaptation très personnelle.

Parmi les suites pour orchestre, outre la pièce déjà citée en introduction, en voici une très mélodieuse et appréciée : Suite pour orchestre n°2, en si mineur BWV 1067

a ) Les suites pour violoncelles, on peut relever par exemple :
  • Suite n°1 pour violoncelle seul, BWV 1007,
Prelude (Pour rappel : déjà citée en introduction de cet article)
  • Suite n°2 pour violoncelle , BWV 1008, ré mineur :
Prelude
Allemande
(ici à la guitare pour changer un peu)
Courante (idem)
  • Suite n°3 pour violoncelle, BWV 1009, do majeur :
Prelude
  • Suite n°4 pour viooncelle, BWV 1010, mi bémol majeur :
Bourrée

Bach a composé aussi trois groupes de six suites pour le clavecin : Les Suites anglaises, les Suites françaises et des Partitas pour clavier appelées aussi Suites allemandes.

b ) Les suites anglaises : quelques exemples :
  • Suite anglaise N° 1 en la majeur, BWV 806 :
Prelude
Allemande
  • Suite anglaise N° 2 en la mineur, BWV 807 :
Prelude, par Glenn Gould
  • Suite anglaise N° 3 en sol mineur, BWV 808 :
Gavolle et muselle (à la guitare)
Allemande
Gavotte
  • Suite anglaise N° 4 en fa majeur, BWV 809 :
Sarabande, par Glenn Gould
  • Suite anglaise N° 5 en mi mineur, BWV 810 :
Prelude, par Glenn Gould

c ) Les partitas pour clavier dites aussi suites allemandes : quelques-unes :
  • Partita N° 1 en si bémol majeur, BWV 82 :
Prelude
  • Partita N° 2 en ut mineur, BWV 826 :
Extrait par Glenn Gould
  • Partita N° 5 en sol majeur, BWV 829 :
Prelude, par Glenn Gould
  • Partita N° 6 en mi mineur, BWV 830 :
Toccatta, par Bruno Fontaine

Il est impossible de faire le tour des suites de Bach en un simple article et, par "galanterie" pour nos voisins anglais et allemands, les suites françaises ont été juste évoquées. Terminons avec cet extrait de suite pour luth (suite BWV 996 / Gigue). J’espère que ces deux articles sur la sonate et sur la suite vous auront permis de compléter votre discothèque et de profiter de grands moments de plaisir d’écoute !


Annexe : Petit lexique des danses constitutives des suites :

Chaconne  : danse à 3 temps originaire du Mexique et proche de la passacaille. Elle a été employée par Lully et Gluck pour leurs opéras.

Courante  : Danse qui fut à deux temps avant de passer à 3 temps sous Louis XIV. François Couperin utilisait beaucoup cette forme de danse.

Gavotte : Danse qui doit son nom aux habitants de Gap, les Gavots. C’est une danse binaire et joyeuse.

Gigue  : Danse binaire ou ternaire née en Angleterre ou en Irlande.

Menuet  : Danse lente à 3 temps, introduite à la cour du roi Soleil par Lully qui l’utilisa pour ses opéras. Adopté par les compositeurs viennois, le menuet prendra la forme aboutie de "scherzo" chez Beethoven.

Sarabande  : Danse à 3 temps, de structure binaire avec accentuation du troisième temps ; Elle est d’origine espagnole. Elle est généralement lente et grave.


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (14 votes)




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27 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 11:10

    Je n’ai pas pas parlé de François Couperin, le grand compositeur français de suites de danses qu’il appelait des "ordres". Pour me rattraper, voici deux liens sur ce compositeur :

    Wikipedia
    Un site de musicologie







    • Darius 26 décembre 2008 23:56

      si vous parlez de Couperin, alors il faut aussi parler de Rameau ..


    • La Taverne des Poètes 27 décembre 2008 00:34

      Cette pièce musicale de Couperin (tiré du Concert de nations), je l’aime bien.


    • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 13:22

      Sur cette vidéo, j’interprète "Suite pour violoncelle n°1 Prélude" à la...guitare ! L’adaptation est de Valérie Duchateau qui joue infiniment mieux que moi. Normal, c’est une maestra, elle ! Quelques fautes de ci de là. Tempo pas toujours respecté ! Mais c’est pour montrer la difficulté smiley

      Ma petite video sur You Tube


      • Le péripate Le péripate 26 décembre 2008 22:34

         Plan de coupe tourné en séquence.... un nouveau concept ?


      • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 15:00

        Un contemporain plus âgé de Bach, Marin Marais, a aussi composé des suites pour viole de gambe. Ce compositeur a été incarné à l’écran par Depardieu dans le film "Tous les matins du monde". Comme on sait, Marin Marais doit tout à Sainte-Colombe, violiste lui aussi.



        • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 15:10

          Exemple de pièce pour suite en mi mineur de Marin Marais : Sarabande.
          Imaginez que vous n’avez jamai sentendu du Bach...


        • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 15:14

          Superbe. Tiens, je vais aussi me créer petit à petit une playlist de concertos.


        • spartacus1 spartacus1 26 décembre 2008 15:41

          Merci La Taverne.

          Quoique aimant la musique, je n’ai qu’une très faible culture musicale, alors ton article m’est utile pour combler des lacunes.


          • Fergus fergus 26 décembre 2008 16:23

            Merci pour cet article. Cela dit, il est d’autres grands noms baroques de la suite, et notamment Telemann (ex : Tafelmusik) et Haendel (ex : Water music ou Fireworks music) pour ne citer que les plus connus.

            Quant aux "ordres de Couperin", ils ne sont pas du tout de même nature, les pièces qui les composent n’ayant pas été écrites pour composer un ensemble cohérent. En réalité, ce sont des oeuvres indépendantes les uns des autres et qui sont smplement regroupées dans un recueil d’édition. La même remarque peut être faite avec les pièces de Rameau, en tous points semblables à celles de Couperin, et qui sont, elles, regroupées dans des "livres". 


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 17:35

              Fergus, je concède volontiers que mon article n’est pas exhaustif et qu’il est un parti pris pour Bach. Haendel, dont la musique était assez simpliste, plus populaire, plus commerciale (le Clayderman de l’époque ?) (1) a néanmoins composé, par exemple, cette oeuvre très mélancolique : suite pour orchestre n°3 en ré majeur.

              (1) Regardez là ! on en dit du mal aussi...


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 17:49

              Ecoutez ici le New York philarmonique et dites-moi franchement si, à l’écoute, on ne trouve pas que c’est abuser d’employer tout un orchestre philarmonique pour une musique si simple et si plate (à part certains passages...). C’est un peu de du gâchis non ? Remarquez, depuis on a fait certaines musiques de films...Bon, d’accord, j’exagère quelque peu.


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 17:54

              Quant à cette oeuvre, elle est tellement populaire qu’elle a été copiée au XXème siècle. Ecoutez bien les premières mesures : l’air ne vous dit pas quelque chose ?


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 22:54

              Merci Léon. Je suis conduit à reconsidérer Haendel sous un regard plus favorable.
              Mais ici je reconnais un canon en ré majeur de Pachebel ! N’est-ce pas ? C’est quoi ce bazar ? Léon, vous qui vous y connaissez mieux, vous pouvez m’éclairer ?


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 22:56

              Merci Léon. Je suis conduit à reconsidérer Haendel sous un regard plus favorable.
              Mais ici je reconnais un canon en ré majeur de Pachebel ! N’est-ce pas ? C’est quoi ce bazar ? Léon, vous qui vous y connaissez mieux, vous pouvez m’éclairer ?




            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 23:05

              Vous auriez dû plutôt relever la faute à Pachelbel. Vous faiblissez, Renève...


            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 17:38

              Dites donc, chaconne dur avec le calembour. M’étonne pas qu’un certain auteur, agacé, ait rédigé votre éloge funêbre avec anticipation ! :->



            • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 20:39

              Haddock, je vous charriais... Mais, malheureux ! vous avez nommé l’homme en bleu ! Faut pas, à cause des représailles. D.W n’était pas excessivement courtois et sociable dans les forums. Et chacun a compris que ce n’est pas le style d’écriture qui est en cause. D’ailleurs, ce n’était pas une critique de ma part mais une remarque acerbe (1 ) genre second degré macabre à votre endroit. On sait que D.W prise fort peu les calembours et les calembourdeurs...

              Clayderman ? Bon, à chacun ses idoles. Mais on peut bien s’en moquer smiley C’est pas toujours Sarkozy qui doit prendre dans la figure.

              (1) "à Serbe ! ou à Croate ?" Voilà, je l’ai fait avant vous. Ouf !


            • Fergus fergus 26 décembre 2008 18:52

              Désolé, La Taverne, mais je ne peux absolument pas laisser dire que la musique de Haendel était "simpliste" au point de pouvoir comparer ce géant au nain "Clayderman". Lequel Clayderman est à la musique classique ce qu’est Bernard Tapie à Raimu.

               

              Et si vous voulez vous faire une idée approfondie de la musique de Haendel, je vous invite à écouter,(entre autres et hors les opéras) ses superbes concertos pour orgue, ses concertos grossos ou bien encore ses oratorios avec, au premier rang, Le Messie, Israël en Egype ou Saül.


              • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 20:32

                J’avoue que j’ai fait un peu dans la provoc et que j’y suis allé fort. Clayderman !!! smiley Pauvre Haendel...
                Mais l’idée reste la mienne, en atténué, bien sûr. De plus, je n’aime pas le côté religieux de la musique de Haendel. Enfin, je considère Bach comme un génie absolument indépassable dans le genre ici traité - mais pas seulement- et dont qu’on n’a pas fini d’explorer. Voyez le nombre des oeuvres ! J’ai dû me limiter à quelques exemples...Il faudrait une vie entière pour l’étudier ! Et aussi, une musique de Bach se réécoute plusieurs fois de suite et l’on découvre ou l’on ressent à chaque écoute quelque chose de plus. Bref, le bonhomme m’impressionne. Haendel, non. smiley





              • Hieronymus Hieronymus 26 décembre 2008 22:30

                merci pour cet article que j’ai beaucoup apprecie

                "unser heiliger Vater Johann Sebastian Bach" sans lequel rien ne serait ..
                il faut souligner l’incroyable inventivite musicale de Bach, la beaute merveilleuse des themes de ses compositions, on a tendance (parce qu’il etait allemand) a voir en JS Bach avant tout un intellectuel au style qq. peu didactique, et a apprecier sa musique plus pour la force de sa construction que pour son genie melodique..
                certes, il etait un praticien hors pair, mais avant tout un compositeur porte par une inspiration melodique d’essence quasi divine, il faut ecouter ses Concertos (et pas que les Brandebourgeois) sa musique est encore plus belle a entendre que celle de tous les baroques italiens, n’aurait il compose que le dixieme de son repertoire connu qu’il serait deja considere comme un compositeur remarquable, il n’y a pas d’equivalent au genie musical de Bach !
                mon morceau prefere : la partita en mi majeur Bwv 1006


                • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 23:01

                  Non, mon vieux, je bataille avec la technique ! Les commentaires qui ne passent pas, les liens qui ne fonctionnent pas. Alors, après les erreurs arrivent forcément ! Je rappelle : aucun des liens vers les sonates ne fonctionnait dans mon article sur les sonates alors que sur mon PC ils marchaient parfaitement. Au moment de rédiger l’article, de nombreuses lenteurs insupportables et des phrases corrigées qui se remettent à l’état initial et qu’il faut re corriger. Il faut avoir l’oeil à tout avec toutes ces lenteurs et ces problèmes.

                  Tiens ! essayez donc d’écrire un article et vous verrez comme cela devient techniquement difficile. Cela donne envie d’abandonner. Ou ça énerve et on commet des bévues. A moins, je n’en ai pas commises dans l’article, c’est ce qui compte.


                • La Taverne des Poètes 26 décembre 2008 23:10

                  Tiens je ne rêve pas. après avoir bataillé pour la rédaction de l’article, on doit se taper les commentaires qui disparaissent, réapparaissent, re disparaissent. Encore ça c’est quand on a la chance de les voir publiés après de laborieuses tentatives.


                • janequin 26 décembre 2008 23:20

                  En tous cas, un grand merci, La Taverne, pour ce site que je découvre, et où j’ai déjà pu entendre des interprétations diverses de pièces d’orgue que je joue volontiers... quelques chorals de l’Orgelbüchlein et autres chorals de Leipzig.


                  • Fergus fergus 27 décembre 2008 10:42

                    Au point que cette musique sacrée de Bach tiendra la part principale lors des 200 concerts de la prochaine édition de la Folle Journée de Nantes (où je me rendrai comme tous les ans) consacrée cette année précisément à... Jean-Sébastien Bach.

                    Deux choses encore : a) on ne peut évoquer Bach sans parler de Vivaldi auquel il a beaucoup emprunté et dont il a transcrit certains concertos ; b) j’ai oublié de citer hier le talentueux Fasch hier parmi les musiciensbaroques ayant composé des suites.

                    Bach est un géant, et l’un de mes compositeurs préférés, mais Haendel et Telemann sont loin d’être des seconds couteaux de la musique baroque.


                    • firmin 27 décembre 2008 10:49

                      Merci poète Breton.

                      Sans Bach point de Jazz...

                      Voici un des plus grands clarinettistes

                      http://fr.youtube.com/watch?v=M9Gmmu2ligI

                      Pour les clarinettistes, regardez la position du bec et oui même comme ça le son est prodigieux !

                      Et enfin du kleizmer

                      http://fr.youtube.com/watch?v=GWiNiLE_ck8


                      • Fergus fergus 27 décembre 2008 11:13

                        Début de mon commentaire de 10 h 42 resté en rade dans mon PC :

                        Que vous n’aimiez pas, La Taverne, « le côté religieux de la musique de Haendel » peut se concevoir, mais c’est pour le moins étrange car Haendel a, proportionnellement, moins écrit de musique sacrée que... Bach, auteur de messes, d’oratorios, de motets, de deux formidables passions (Saint-Jean et Saint-Mathieu) et de très nombreuses cantates (ma préférée : la BWV 63) que j’ai toutes écoutées dans la version de Karl Richter.

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