Pauline Lafont, ou la stimulation de l’homo erectus
Irrégulièrement, j’ai proposé des articles sur des femmes très belles. Mais certaines ne le sont que par morceaux (choisis). Et pour cause…
Autrefois, je commis céans un article sur Monroe, Marilyn, https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/marilyn-monroe-jusqu-au-cou-215145 . Ce n’est pas un hasard si certains furent tentés de lui comparer Pauline Lafont (1963-1988). Si vous aviez posé le visage de cette actrice sur un corps ordinaire, vous auriez trouvé qu’elle avait un joli minois et une fraîche blondeur (authentique, au moins, celle-là), mais rien de plus. À peine un petit éclair déluré dans le regard, rien de transcendant, au propre comme au visagé – au figuré. Mais son anatomie, alors là, c’est du brutal… Très tôt, Pauline, dûment cornaquée par sa mère Bernadette Lafont, apparut dans Lui pour exhiber ses formes généreuses aux regards concupiscents des acheteurs mâles.
Pauline Lafont, c’est la femme sous forme de tentation primaire, immédiate, maximale, animale. Une jeune personne pulpeuse, à consommer vite et sans modération et qui, dans ses films (à part Papy fait de la résistance où elle est assez sage) se prête assez volontiers à ce rôle simple et peu féministe. Même quand elle est vêtue, c’est comme si elle ne l’était pas. On a beaucoup de difficultés à la regarder dans les yeux, qui sont moins beaux et moins chaleureux que son décolleté. Elle devrait être peinte dans les « Tentation de Saint Antoine » (par exemple celle de Dalí), où les femmes sont représentées avec de gros seins qu’elles vous offrent voluptueusement ; on trouve même cela dans un petit extrait de South Park fort bien mis en musique par un jeune compositeur, https://youtu.be/H6KTgzY9AlM.
Que serait devenue Pauline Lafont si elle avait vécu plus longtemps ? Évidemment, ses traits et ses formes se seraient avachis ; peut-être, approchant la soixantaine, aurait-elle encore de beaux restes, mais seulement des restes – telle est la loi de la nature. N’est-ce pas ce que Brassens soulignait dans « Marquise » :
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
C’est également ce que traduisent ces tableaux qu’on appelle des « vanités », où l’on voit quelqu’un, homme ou femme, méditer devant un crâne de mort. C’est vrai que la femme, porteuse et transmetteuse de vie, dégage un certain parfum d’immortalité et, en tous cas, nous y fait aspirer. Pourtant, dit le Créateur à l’humain après la Chute, « tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, puisque c'est d'elle que tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière » (Genèse 3.19). Ça casse le moral…
À 25 ans, en août 1988, la désirable Pauline Lafont disparaît. Toutes les élucubrations imaginables se déchaînent autour de cet événement. Lorsqu’un berger la retrouve trois mois plus tard en contrebas d’un ravin où elle avait chuté lors d’une randonnée, elle a cessé d’être bien en chair, elle n’est plus qu’un squelette. Quel tragique et symbolique contraste !...
La fin de l’ultra-brève existence de Pauline Lafont (onze années de moins que Marilyn, record battu) est un symbole illustrant violemment le fait que nos appétits vitaux, quels qu’ils soient, s’éteindront soudainement ou très lentement jusqu’à n’être plus que décrépitude et mort. Évidemment, pour les croyants, la perspective est tout autre. « Semé périssable, on se réveille impérissable », écrit l’apôtre Paul au sujet de la résurrection des morts (1 Corinthiens 15.42). Il est évidemment impossible de démontrer ce qui est une espérance et un article de foi devant lequel nous sommes tous désarmés et tremblants, nous demandant comment cela sera possible (mais pourquoi pas un recyclage de cellules organiques savamment ordonné ?) tout en nous disant que, décidément, l’être humain n’est vraiment pas fait pour mourir.
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