Pierre Dac est l’un d’eux.
Il est célèbre avec son compère Francis Blanche pour ses délires radiophoniques, et son humour décalé, mais Pierre Dac est d’abord un philosophe méconnu s’il faut en croire Lucien Jerphagnon.
Ce professeur émérite des universités, disciple et ancien assistant de Vladimir Jankelevitch, lauréat de l’Académie Française, historien de la philosophie, à qui l’on doit une grosse vingtaine d’ouvrages, souvent couronnés par l’Académie Française, voit en effet en Pierre Dac un authentique philosophe.
Il le classe avec Plotin et Jankélévitch, comme l’un de ses maîtres à penser.
Il lui a d’ailleurs dédié son « petit livre des citations latines » (paru chez Tallandier en 2004)
De son vrai nom André Isaac, Pierre Dac est né le 15 août 1893 à Châlon en Champagne, et nous a quittés le 9 février 1975.
Wikipédia le considère comme humoriste, comédien et résistant célèbre. lien
Pourtant il a été beaucoup plus que çà : Homme sandwich, vendeur de savons à la sauvette, humaniste de comptoir, écrivain, journaliste, chansonnier et bien sur philosophe.
Cette figure importante de la résistance française, après avoir été arrêté en Espagne, parvient à rejoindre Londres en 1941.
Il parodie des chansons de l’époque, dans lesquelles il prend le gouvernement de Vichy comme tête de turc sur Radio Londres, dans la célèbre émission « les français parlent au français ».
il a aussi lancé un journal peut-être oublié de beaucoup aujourd’hui : « l’Os à Moelle » lequel a eu 108 numéros publiés. lien
Ce que l’on sait moins, c’est que le fameux « schmilblick » que l’on attribue par erreur à Guy Lux, tourné en dérision par Coluche, est l’œuvre de Pierre Dac.
Il l’avait défini ainsi : « qui ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout ».
Mais l’œuvre laissée par Pierre Dac est considérable.
Il est l’auteur de feuilletons radiophoniques qui sont devenus célèbres : « malheur aux barbus », « signé Furax », « Bon baisers de partout », « les kangourous n’ont pas d’arêtes ».
Son livre de « pensées » n’a rien à envier à celles de Pascal.
Sa prestation la plus remarquée sur scène fut le sketch du « Sâr Rabindranath Duval » qu’il partageait avec son incontournable complice, Francis Blanche.
Il y jouait le rôle d’un devin, et tout le monde se souvient des répliques devenues cultes, et des fous rires, accompagnés d’improbables improvisations.
Francis Blanche : « Pouvez vous me dire…pouvez vous me dire… ? Euh ! Qu’est ce que vous pouvez me dire ? »
Pierre Dac : « je peux vous dire que vous ne savez plus votre texte ».
Pour ceux qui ne l’ont jamais vu, sur cette vidéo, ce sketch mémorable.
Mais ce qui est aussi hilarant, ce sont ses petites annonces, (publiées au Cherche Midi / 2000) construites sur le principe du chiasme :
« Monsieur à qui on ne l’a fait pas, cherche dame à qui on ne l’a pas fait ».
En voici quelques autres, avec la complicité de Paul Préboist. vidéo
Mais c’est effectivement en philosophie que Pierre Dac est le plus exemplaire.
Voici, pour le prouver, quelques-unes de ses pensées :
« Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant »
« Si tout ceux qui croient avoir raison n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin ».
« Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie ».
« Il faut une infinie patience pour attendre ce qui n’arrive jamais »
« En politique, parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir »
La conclusion revient à Pierre Desproges, digne héritier de Pierre Dac et qui aimait à dire :
« J’essaie de vivre en contradiction avec les idées que je ne défends pas ».
Il remplace pour cette fois mon vieil ami africain !