Prelude, de Kurt Cobb
Les romans qui parlent du peak oil se situent souvent dans un avenir relativement lointain. Ou bien la civilisation s'est écroulée et les héros battent la campagne au milieu des ruines, ou bien elle est sur le point de le faire et les mêmes héros se débattent dans un cauchemar politique et économique digne du Congo – Kinsasha de la grande époque.
Rien de tel dans Prélude.
L'action se passe aux Etats-Unis, de nos jours, et la seule chose qui suggère que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, ce sont les prix du pétrole qui n'arrêtent pas de grimper.
Ne nous trompons pas. Prélude est bien un roman didactique Kurt Cobb est un blogueur connu et reconnu dans le petit monde de l'énergie. Son but n'est pas de raconter une bonne histoire, enfin pas seulement, mais d'illustrer une idée ou une situation. L'intrigue, les personnages, ne sont que des instruments mais cela ne signifie pas qu'ils sont secondaire. C'est tout l'art de l'écrivain didactique que de les mettre au service du message qu'il veut faire passer sans que cela se voit trop. Bien fait cela peut donner La Case de l'Oncle Tom ou les Chroniques de Narnia. Mal fait, cela peut aboutir aux pondéreux pensums d'Ayn Rand.
Prélude n'atteint pas ces sommets, mais il ne s'enfonce pas non plus dans les abysses. C'est un honnête thriller, qui, pour l'essentiel, atteint son objectif : nous faire réfléchir à la fin prochaine du pétrole.
Cassie est consultante pour un cabinet spécialisé dans l'énergie. Sa vie tourne autour de son travail et d'un amant – Paul – qu'elle voit quand elle a un trou dans son emploi du temps. Son principal objectif est de devenir une partner au sein de son entreprise et tout semble indiquer qu'elle y parviendra. N'a-t-elle pas le soutien d'Evan Grant, un des dirigeants de la firme ?
Un grain de sable vient cependant faire dérailler cette belle mécanique, en la personne de Victor Chernov, un ancien trader russe qui s'est aperçu que les réserves de pétrole n'étaient pas éternelles et s'est retiré des affaires pour cultiver son jardin – littéralement.
Au début sceptique, Cassie finit par se convertir, d'autant plus qu'elle découvre qu'un des dirigeants de son entreprise, Lawrence Hillard, détient un rapport secret détaillant les réserves réelles du royaume d'Ammar, le premier producteur mondial. Il va sans dire que celles-ci sont très inférieures à ce qu'annoncent les statistiques officielles.
Cassie se procure le rapport en piratant l'ordinateur d'Hillard mais laisse une trace de son passage derrière elle, pas de quoi l'identifier, mais assez pour que les Ammari sache que que quelqu'un d'autre a leur rapport.
Et ils vont tout faire pour le récupérer.
Il est de mauvais goût de révéler la fin d'un thriller, je ne le ferai donc pas. Je me contenterai de dire qu'elle est à la fois non-conventionnelle et très réaliste.
Ceux qui connaissent le monde du pétrole reconnaîtront en Ammar le royaume d'Arabie Saoudite, et en EAI, la firme pour laquelle travaille Cassie, Cambridge Energy Research Associates, un des leaders mondiaux en matière d'énergie, et il n'est sans doute pas innocent qu'Hillard se révèle être à la fin au service des Ammari.
Il faut cependant aller au delà de ces analogies un peu faciles pour apprécier pleinement ce roman, sans prétentions littéraires, mais qui se révèle une excellente introduction aux problèmes de déplétion pétrolière en même temps qu'un excellent divertissement.
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