Prix littéraires 2013 : Yann Moix, Frédéric Verger et Pierre Lemaitre en tête des favoris

Aujourd'hui, les auteurs qui font l'objet du plus grand nombre de nominations par les jurys des grands prix sont un figure médiatique et contesté - Moix - un premier roman - celui de Frédéric Verger - et un auteur de policiers qui s'essaye pour la première fois au roman - Pierre Lemaitre. Seraient-ils tous trop risqué pour le Goncourt ?

Yann Moix : un choix trop clivant ?

Yann Moix et Frédéric Verger sont tous les deux sélectionnés par les jurys du Goncourt, du Médicis, du Renaudot et du Décembre. Mais, s'il semble assuré de gagner un prix, le Goncourt est loin d'être gagné pour Yann Moix. Le moins que l'on puisse dire c'est que ni l'homme public (adepte des déclarations fracassantes et contestables), ni l'écrivain ne font l'unanimité. Soutenu par l'inénarrable François Busnel qui, une fois de plus, ne fait pas dans la dentelle (« un des plus grands premiers romans du vingtième siècle »), Télérama le considère comme un "mauvais écrivain" et Les Inrocks comme un "arnaqueur". Cela dit, si Cinéma apparait - et de loin - comme son plus mauvais livre, son dernier roman Naissance a jusqu'à maintenant fait l'objet d'excellentes critiques. Le Figaro le qualifie de "roman époustouflant" tandis que Le Point évoque rien moins que Bataille, Gide, Alain-Fournier. De leur côté, Les Echos notent qu'on "sort épuisé, satisfait de l'avoir terminé… et un peu ballonné".

Frédéric Verger et Pierre Lemaitre en embuscade

Alors pourquoi ne pas imaginer que le Goncourt prenne un peu plus de risque qu'il ne l'avait fait pour Michel Houellebcq ou Philippe Djian (pour peu que la comparaison entre ces écrivains ait un sens) ? Si tel n'était pas le cas, et en admettant que l'Académie française ne lui grille pas la politesse - ce qui parait improbable pour un premier roman -, le Prix Goncourt pourrait aller à Frédéric Verger. Mêlant la guerre et l'amitié, l'Europe centrale et l'opérette, Arden est considéré comme "une des révélations de la rentrée". Professeur de français dans un lycée de la banlieue parisienne et inconnu des médias, Frédéric Verger est l'antithèse médiatique et littéraire de Yann Moix. Autre possibilité : Pierre Lemaitre. Son roman Au revoir là-haut - le primer qui ne soit pas un policier - fait l'unanimité. Malgré quelques longueurs, le récit est jugé "efficace" et parfaitement documenté tandis que les critiques soulignent l'adéquation d'une écriture sèche et un sujet douloureux (la désillusion qui suivit l'armistice de 18). L'alternative idéale pour un Goncourt qui sortirait envers et contre tout de choix plus convenus ?

Franck Gintrand

- Yann Moix, Naissance (Grasset) : la critique des Echos

- Frédéric Verger, Arden (Gallimard) : la critique de L'Humniaté

- Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut (Albin Michel) : la critique de culturebox