Quand Frédéric Taddeï fait de la résistance
Sur la Culture... dans la télé de mon salon
Bon, d’accord, c’est tard, surtout la deuxième partie, cette programmation ayant la particularité de mettre en sandwich, du lundi au jeudi, le journal de Marie Drucker (dont j’ai déjà fait l’éloge dans un précédent billet), avec une mise en bouche précédant l’édition du Soir 3 (désormais à 23 heures tapantes) pour reprendre ensuite du service... non-stop jusqu’au dessert cette fois. Mais c’est bien connu, à la télé, plus c’est tard, meilleur c’est.
Bien sûr, l’objectif ambitieux et affiché du trublion Taddeï de faire une "télévision nouvelle" est loin d’être atteint, mais on peut déjà le féliciter pour la volonté immédiatement perceptible de se positionner à contre-courant du concept dominant et usant, il faut bien le dire, de l’émission de "culture - divertissement - promotion - strass - et - paillettes", cette soupe de la pensée unique, de débats sans débat, de chroniques médiocres et redondantes, de "magnéto Serge", de pseudo-entretiens escamotés par des ego surdimensionnés...
Non, sur le plateau de "Ce soir ou jamais", façon bar de nuit branché résolument design avec mobilier italien lumineux, éclairage chiadé et vaisselle baroque, le ton est donné dès la première note d’un générique très jazzy et dès la première image hyper léchée d’un réalisateur motivé. Ici, chez l’ami Taddeï, on est en direct d’abord, on est souriant, on est entouré de jeunes gens assis, debout, allongés (non, pas encore !), un verre à la main, et on cause culture, société, actualité, vraiment, sincèrement et sans faire semblant : élections américaines, condamnation à mort de Sadam Hussein, interdiction de fumer dans les lieux publics... En vrac, voilà les sujets abordés un mardi 7 novembre 2006, dans le cadre du libre débat auquel étaient conviés des gens comme Romain Bouteille, Sanseverino, Plantu, Jacques Testard, pour vous donner une petite idée de la chose.
Artistes, auteurs, romanciers, essayistes, cinéastes, chanteurs, acteurs, créateurs, et même blogueurs (l’inégalable Vinvin a eu son quart d’heure de gloire dernièrement), connus et méconnus du grand public, vous avez compris, ce que Taddeï affectionne, c’est le mélange des genres, le brassage des horizons, le mixage des univers qui, combinés au caractère inédit ou rare à la télévision de certains personnages, propulse l’échange des idées et des opinions jusqu’à dynamiter le débat parfois. Si bien d’ailleurs que malgré tous les aspects novateurs de l’entreprise, quelle jolie trouvaille notamment que ce piano et ce saxo qui ponctuent les différentes parties de l’émission, sonnant la fin des discussions, on ne peut s’empêcher, par le côté spontané et décousu, à défaut des empoignades et de la fumée de cigarettes, de penser à Droit de réponse... un peu.
Ah j’oubliais ! Selon les chiffres de Médiamétrie, "Ce soir ou jamais" représente 6% des parts de marché, sur ce créneau horaire, réunissant chaque soir entre 300 000 et 400 000 téléspectateurs (sources imedias.biz et l’internaute.com). C’est plutôt bon signe ? Un gage de qualité, non ? En fait, et plus sérieusement, l’émission remplit péniblement les objectifs d’audience fixés par la chaîne, le contraire aurait été surprenant, des mauvais résultats expliqués en partie par un zapping massif à l’issue du journal de Marie Drucker... Alors, en trois mots, Frédéric, courage ! Invente ! Résiste !
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