Quand la Joconde était cachée dans le Sud-Ouest de la France
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L205xH308/La_Joconde-31240.jpg)
La Joconde. Il y a ceux qui l’admirent et ceux qui l’aiment ! Il y a ceux qui disent : on l’a tellement vu, ce tableau le plus célèbre du monde !
Ce portrait de Mona Lisa fut réalisé à Florence entre 1503 et 1506. Léonard de Vinci était déjà obsédé par la recherche de la perfection lorsqu’il la peignit sur un mince support en bois de peuplier, demeuré très fragile et qui a nécessité sa conservation dans une vitrine. La Joconde est une réalisation exemplaire, avec des effets subtils de la lumière sur les chairs et la finesse du paysage situé à l’arrière-plan du tableau. Son visage est très réaliste grâce au modelé obtenu.
Léonard de Vinci a surtout inventé l’idée de peindre un visage avec un sourire. Avant lui cela ne se faisait pas. Selon l’historien de l’art Daniel Arasse, aujourd’hui disparu, « La Joconde, c’est la grâce d’un sourire. Or le sourire, c’est éphémère, ça ne dure qu’un instant... ».
« A ce jour, on ne sait toujours pas si Léonard de Vinci a représenté avec fidélité un modèle existant, s’il a idéalisé un portrait de femme de son entourage ou s’il a entièrement imaginé un type de femme universelle ». (Vincent Pomarède, conservateur au département des peintures du musée du Louvre)
Ce tableau aurait été acquis par François Ier, soit auprès de Léonard de Vinci, durant son séjour en France, soit à sa mort, auprès de ses héritiers.
Sans retracer toute l’histoire de ce tableau, évoquons le moment-clé qui déclencha une véritable passion pour cette œuvre. C’est le 21 août 1911 qu’il fut dérobé par un ouvrier italien qui travaillait au Louvre pour le compte d’une miroiterie afin de placer des tableaux sous verre ! Il y eut un déchaînement médiatique et des rebondissements avant qu’on ne le retrouve à Florence en décembre 1913. La Joconde retrouva sa place au Louvre le 31 décembre 1913.
Mais c’est en 1940 qu’on fit voyager ce tableau pour une autre raison. André Chamson futur académicien a décidé d’évacuer de nombreux chefs-d’œuvre des musées nationaux, alors que les Allemands avançaient sur Paris. C’est ainsi que des milliers de peintures furent dirigées vers l’Ouest et le Sud-Ouest de la France. Les Allemands organisaient alors en Europe un pillage systématique des œuvres des musées et des collections privées dont, au premier chef, celles des Juifs.
A Paris, les occupants utilisèrent le musée du Jeu de Paume comme dépôt central. C’est à partir de là que les œuvres furent orientées vers le Reich, notamment à destination de dignitaires du régime nazi. Hermann Goering, maréchal du Reich, y vint en personne sélectionner des tableaux pour sa collection personnelle.
C’est donc avant ces opérations que le tableau La Joconde arriva, après avoir voyagé dans un gros camion de la Comédie-Française, ayant plutôt vocation à transporter les décors, dans un très important lot de 3 000 peintures, en 1940, à l’ancienne abbaye cistercienne de Loc-Dieu, près de Villefranche-de-Rouergue (fondée en 1123 à Martiel). Avec La Joconde, il y avait d’autres trésors comme La Dentellière de Vermeer (1669-1670) et Les Noces de Cana de Véronèse (1562-1563). Une telle quantité de tableaux nécessitait bien évidemment un vaste lieu de stockage, mais l’abbaye de Loc-Dieu, si elle répondait bien à ce critère, n’offrait pas des conditions de conservation idéales en raison de l’humidité qui pouvait menacer leur intégrité. Il fut donc décidé de cacher ces trésors ailleurs. C’est ainsi que du 28 septembre 1940 au 11 octobre, les œuvres furent partiellement dirigées vers le musée Ingre de Montauban. La Joconde fut entreposée un bureau de ce musée montalbanais où il resta jusqu’en 1942. Pendant le transport de l’abbaye aveyronnaise jusqu’à Montauban. On eut tout de même à déplorer un petit accident ! Le tableau Les Noces de Cana tomba dans un fossé du côté de Caylus (Tarn-et-Garonne) !
Après l’année 1942, les œuvres furent à nouveau dispersées avant que les Allemands n’envahissent la zone libre en novembre. On choisit alors de les mettre à l’abri dans des lieux jugés plus sûrs, en Dordogne et dans le Lot en particulier. Mona Lisa fut ainsi cachée momentanément sous un lit du château de Montal-en-Quercy (Lot).
Par la suite, La Joconde effectua d’autres grands voyages, mais ceux-là n’étaient pas clandestins ! Elle les fit comme une grande célébrité mondiale ! Elle effectua au XXe siècle deux voyages, en 1963 aux Etats-Unis et en 1974 au Japon, qui furent des succès sans précédent. Les journalistes rapportèrent que l’oeuvre fut « mieux accueillie par les foules qu’une star du cinéma ». Comme le vol de 1911, ces deux voyages participèrent d’ailleurs beaucoup à sa notoriété. Les publics japonais et américains lui vouent depuis un véritable culte. Ils furent des milliers de visiteurs à défiler devant elle !
Depuis que le tableau de La Joconde a regagné sa place au Louvre, il fait l’objet d’une attention considérable. Chaque année, il a droit à une inspection spéciale. On le sort de sa cage en verre qui le protège des éventuels chocs et où on contrôle strictement le taux d’humidité de l’atmosphère. On établit alors des constats et des mesures (mesure notamment la flèche du panneau de bois sur lequel La Joconde est peinte, examen aux rayons X, etc.)
(source La Dépêche - 11/02/08)
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