Quantum of Solace de Marc Forster
Un film décevant malgré une mise en scène spectaculaire.
La salle était pleine hier soir pour assister à la sortie très attendue du 22e épisode de la série fameuse des James Bond, film haletant et spectaculaire d’un style un peu différent des précédents (mais je ne les ai pas tous vus), et qui fait suite à Casino Royale où l’on voyait mourir Vesper (Eva Green) la compagne de Daniel Craig, dont la motivation principale va être désormais de rechercher les vrais coupables. Cet opus nous présente donc un héros en proie, pour la première fois, à des sentiments personnels qui vont le mettre en porte-à-faux avec sa haute direction et faire de lui un fauve solitaire froidement déterminé à satisfaire sa vengeance. Faisant fi des aventures amoureuses, le James Bond d’aujourd’hui travaille pour lui et voit les dangers se multiplier et le cerner de toutes parts : de la CIA comme du MI6 britannique, son propre service qui lui reproche avec véhémence de se laisser aveugler par ses ressentiments. Ce thème donne lieu à des séries de poursuites plus spectaculaires les unes que les autres avec des effets spéciaux époustouflants, que ce soit en bateau, en avion ou en voiture, elles sont la grande réussite de ce film.
Le principal ennemi de Bond va être un méchant à l’apparence ordinaire, psychopathe de surcroît, homme d’affaires impitoyable et puissamment riche, admirablement campé par Mathieu Amalric, qui tente de mettre la main sur des ressources quasi inépuisables de la matière première qui, bientôt, sera plus précieuse que l’or : l’eau. S’ensuivent des actions qui vont les opposer et nous balader à une vitesse hallucinante aux quatre coins de la planète pour finir, après de multiples rebondissements, dans un désert où l’homme riche nous apparaîtra soudain plus vulnérable que son justicier, l’un ayant peut-être son compte en banque, mais l’autre son incorruptible force de caractère.
Daniel Craig se révèle une fois encore très convaincant, froid, robuste, violent, dont le regard d’un bleu d’acier n’est pas sans rappeler celui de Poutine. Mais oui ! Et je ne crois pas être la seule de cet avis...
Dire que ce film ne m’a pas déçue serait faux. Car le scénario m’a semblé assez plat, alignant les unes à la suite des autres des séquences d’action, des slaloms en hors-bord, voire des explosions pyrotechniques impressionnantes, mais sans causes apparentes, tant la psychologie des personnages est reléguée au second plan. Nous sommes totalement immergés dans un monde de brutes et cernés par des comploteurs machiavéliques proches de la trilogie vengeresse de Jason Bourne que, personnellement, je préfère.
Alors James Bond dans tout cela ? Il est bien là, mais changé et assez différent du héros incarné autrefois avec panache par Sean Connery, l’invulnérable. Le héros de ce dernier opus ne l’est plus ; il semble avoir pris du plomb dans l’aile et, malgré sa forme physique impressionnante, être en proie à des sentiments confus et victime d’une blessure intérieure secrète qui, certes, l’humanise. A ses côtés, une femme ravissante, Camille (Olga Kurylenko), son double féminin, elle aussi assoiffée de vengeance et chaste amie d’une réalité passagèrement partagée. Tous deux sont aux prises avec des personnages inquiétants qui cherchent à asservir les nations sous le faux prétexte de préserver l’environnement, au point de préparer des coups d’Etat (ici en Bolivie) pour parvenir à leurs fins et satisfaire leurs appétits mercantiles. Cependant, malgré ses qualités indéniables, ce long métrage n’est pas parvenu à me séduire autant que Casino Royale. Une bande sonore trop agressive, une accélération de l’action trop hachée et brouillonne finissent par dissoudre toute annexe psychologique, faisant de ce film un spectacle purement visuel, qui m’est resté extérieur.
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